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Après Gaza et la Cisjordanie, Netanyahou étend sa guerre au Liban

Les bombardements israéliens entamés samedi 22 septembre sur le Sud-Liban, dans la banlieue sud de Beyrouth et dans la plaine de la Bekaa ont déjà fait en moins de trois jours 500 morts, dont 35 enfants, et plus de 1 600 blessés. C’est une nouvelle phase de la guerre que lance Israël, sur le pays voisin cette fois.

Une escalade militaire préparée de longue date

En janvier l’armée israélienne avait frappé un immeuble à Beyrouth hébergeant un bureau du Hamas, faisant plusieurs morts. En avril, c’était le consulat iranien de Damas qui était visé. Puis, à nouveau à Beyrouth en juillet, l’assassinat du chef militaire du Hezbollah et celui en Iran, à Téhéran même, d’un chef politique du Hamas qui était venu assister à la cérémonie d’investiture du nouveau président. Malgré les discours tonitruants du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, la réponse à ces attaques est restée fort limitée coté Hezbollah, et purement symbolique côté Iran.

La nouvelle guerre qui commence au Liban a été précédée, début septembre, de plusieurs bombardements sur le Sud-Liban, visant des installations militaires du Hezbollah et détruisant les habitations alentours. Quelques jours avant le début de l’offensive, ce sont de toute évidence les services secrets israéliens qui ont organisé les explosions des bippers qu’utilisaient pour communiquer les milices du Hezbollah, faisant 40 morts et plus de 3 000 blessés. La justification de cette offensive par le gouvernement israélien est de protéger la population israélienne des tirs de missiles du Hezbollah. Mais c’est Netanyahou lui-même qui a tout fait pour provoquer des réactions du Hezbollah, en réalité très limitées.

Les grandes puissances inquiètes et complices

On ne peut que souligner l’hypocrisie des grandes puissances qui s’inquiètent de cette nouvelle escalade qui risque de déstabiliser la région. Une région d’autant plus importante pour elles qu’elle est riche en pétrole. « Aucun pays n’a à gagner à une nouvelle escalade au Moyen-Orient » ont tenu à déclarer lundi les responsables des pays du G7 (les sept pays les plus riches de la planète : États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France, Japon, Canada et Italie).

Quant à Biden, il affirme « travailler à une désescalade au Liban », tout comme il s’efforce depuis le début de prêcher une certaine modération à Netanyahou. Mais dans le même temps les États-Unis qui restent les principaux fournisseurs d’armes à Israël, assurent une partie de la logistique de son armée et ont ramené aux larges des côtes leurs navires de guerre pour protéger Israël de toute éventuelle réaction, notamment de la part de l’Iran.

Il en est de même du soutien inconditionnel de la France à Israël depuis le début de la guerre à Gaza. L’appel de Macron à la « retenue », son message larmoyant de solidarité au peuple du Liban – « dans ce chagrin La France se tient à vos coté » – et l’envoi d’urgence de son émissaire Jean-Yves Le Drian à Beyrouth pour tenter de conseiller les dirigeants libanais, n’ont qu’une finalité : les intérêts de la France au Liban, ancien pays de l’empire français, jadis qualifiée de « Suisse du Moyen-Orient » par la petite poignée d’hommes d’affaire et de banquiers y jouant un rôle, patrie où s’est réfugié l’ancien PDG de Renault Carlos Ghosn, mais pays aujourd’hui en pleine crise, avec des millions de pauvres et près de deux millions de réfugiés syriens.

Un pays depuis longtemps à la merci des opérations militaires israéliennes

Ce n’est pas la première guerre d’Israël au Liban. Le Hezbollah lui-même est né en juin 1982 à la suite de l’invasion du Liban jusqu’à Beyrouth pour en déloger les camps de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), celle qui dirige aujourd’hui l’Autorité palestinienne de Cisjordanie. C’était après la défaite dans la guerre civile libanaise du camp dit « palestino-progressiste », qui liait les quartiers libanais pauvres de Beyrouth aux réfugiés palestiniens, contre l’extrême droite chrétienne libanaise. Et c’est sous l’égide de l’armée israélienne que des milices d’extrême droite libanaises avaient massacré en septembre 1982 les camps palestiniens de Sabra et Chatila. Depuis, l’armée israélienne s’est toujours arrogé le droit de contrôler militairement la région Sud du Liban. Une seconde guerre d’Israël au Liban en 2006 fit plus de 1 000 morts et d’un million de déplacés. Quoi d’étonnant à ce que ce Hezbollah, bien que parti religieux réactionnaire, ait pu acquérir du crédit parmi les populations des régions les plus pauvres du Liban, parce qu’il semble les protéger ?

Mais on le voit rien qu’au passé de ces deux guerres du Liban, ce n’est pas tant au Hezbollah, parti dont les notables ont acquis depuis des places dans les gouvernements du Liban, qu’Israël, dans sa soif d’expansion, fait la guerre, mais aux populations pauvres du pays.

Olivier Belin