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Italie : non au décret scélérat

Adopté par la Chambre des députés italienne le 18 septembre 2024, le projet de décret « sécurité » DDL 1660, qui ne comporte pas moins de 38 articles, concernant les domaines les plus variés (allant de la lutte contre le terrorisme à l’interdiction du cannabis light), peut sembler un véritable inventaire à la Prévert. On le désigne d’ailleurs sur le nom de « paquet sécurité ». Les partis d’extrême droite au gouvernement – Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni et la Lega de Salvini – se sont livrés à une véritable surenchère dans leurs propositions d’amendements liberticides.

En réalité, de nombreux articles ont pour but de permettre une répression accrue des manifestations susceptibles de « troubler l’ordre public ».

Sont directement visés, les mouvements de défense de l’environnement qui s’opposent au train à grande vitesse reliant Turin et Lyon (anti-TAV) ou au projet de construction d’un pont reliant la Sicile à l’Italie continentale. Les actions « ayant pour but d’empêcher la réalisation d’un ouvrage public ou d’une infrastructure stratégique », de même que le blocage d’une voie routière ou ferrée, y compris pacifiquement, lors de manifestations, sont passibles d’une peine de six mois à deux ans de prison (ce que la presse italienne qualifie de « règles anti-Gandhi »). La peine prononcée étant augmentée d’un tiers en cas de « violence ou menaces à l’encontre des représentants de la force publique ».

Un article prévoit que « quiconque à l’intérieur une prison participe à une révolte au moyen d’actes de violence, de menaces, ou de résistance à l’exécution des ordres impartis » est passible d’un emprisonnement de un à cinq ans ». La même chose s’applique aux centres de rétention des migrants.

D’autres dispositions concernent l’aggravation des peines contre les squatters et les organisateurs d’« invasion de terrains ou édifices » qui encourent un à trois ans de prison, et même jusqu’à quatre ans si les faits sont commis par plus de cinq personnes.

Racisme d’État

Bien sûr la démagogie raciste n’est pas en reste, qui vise à assimiler migrants et insécurité.

Pour pouvoir acheter une carte SIM, les étrangers extra-communautaires devront présenter une autorisation de séjour. Les commerces qui ne respecteraient pas cette règle sont menacés d’une fermeture de cinq à trente jours.

Un amendement défendu par Salvini a été cependant retiré qui voulait que, dans les lieux de réunion et de prière fréquentés par les migrants, on ait obligation de parler italien ! (Va pour la messe en latin, mais pas le culte musulman en arabe).

Des réactions, hors du Parlement

À juste titre, le porte-parole de l’ONG Antigone dénonce ce décret comme « une intimidation et une forme de dissuasion de manifester ». Pour l’association Magistratura Democratica, le gouvernement « envoie un message clair : Qui proteste, qui est marginal, qui ne pratique pas la gymnastique de l’obéissance, risquera demain bien plus qu’hier ».

De son côté, le réseau Liberi di lottare (Libres de lutter) constitué par des syndicats de base, centres sociaux et associations locales, appelle à se mobiliser pour imposer le rejet du décret.

Thierry Flamand