Nos vies valent plus que leurs profits

Centre d’enfouissement de Bure : le retour à la terre, mais sans redevenir poussière !

Le 20 septembre s’est tenue une énième manifestation à Bure dans la Meuse contre le projet d’enfouissement de déchets nucléaires hautement radioactifs. Mené par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), ce projet, lancé au début des années 1990 et dont le coût est estimé à près de 40 milliards d’euros, n’a pas cessé d’être contesté : manifestations, occupations de bâtiments et de forêts, notamment pour résister à de nombreuses expropriations paysannes, pétitions signées par plusieurs dizaines de milliers de personnes ou recours judiciaires.

L’arrivée des premiers colis nucléaires censés être accueillis sous forme vitrifiée dans des alvéoles à 500 mètres sous terre est attendue au cours des décennies 2040-2050. Ces déchets, dits « ultimes », résultent essentiellement des traitements du combustible utilisé par les centrales et qui, aujourd’hui, ne peuvent être détruits. Les déchets attendus s’élèvent à 83 000 mètres cubes, sans compter leur augmentation exponentielle en cas de construction accélérée de nouveaux réacteurs comme le prévoit le gouvernement. Leur dangerosité diminuera certes avec le temps, mais certains ne se confondront avec l’écosystème ambiant qu’au bout de… 100 000 ans, au mieux ! Durant ces dizaines de milliers d’années, toutes les catastrophes restent possibles : inondations, corrosion, séismes, explosions… Ce mode de stockage, destiné à devenir irréversible, prive les générations futures du choix de la façon dont elles devront assumer ce fardeau. Le site est surveillé en permanence par 80 gendarmes : l’État et le nucléaire, c’est une vieille histoire d’amour en France.

Sortir du nucléaire et surtout en finir avec le capitalisme

L’accumulation des déchets est, avec les problèmes de sécurité des centrales aggravés par la gestion en fonction du profit typique du capitalisme, un des principaux inconvénients de l’énergie nucléaire. C’est simple : au vu des connaissances scientifiques actuelles, les déchets ultimes sont indestructibles et, pour la plupart, extrêmement dangereux. Il est donc nécessaire de stopper le plus rapidement possible de générer de l’énergie à partir des centrales nucléaires et de réserver le nucléaire aux quelques domaines où il est utile, comme la médecine ou la recherche scientifique.Pour cela, on ne peut se contenter de faire pression sur les industriels et les gouvernements actuels, déjà parce qu’une décision d’arrêt du nucléaire, comme en Allemagne, est toujours susceptible d’être remise en question, mais aussi parce que, si la société reste gérée en fonction du profit du capital privé, il n’y aura pas de « bonne manière » de produire l’énergie, ni le reste.

Envisager une solution aux problèmes posés par la filière nucléaire, c’est revendiquer dès aujourd’hui le contrôle ouvrier sur la production d’énergie dans la perspective d’une autre société gérée en fonction des intérêts généraux de la population et sous son contrôle, capable d’adopter démocratiquement, en toute connaissance de cause, les solutions les mieux adaptées à la sécurité collective comme aux besoins sociaux.

Marie Darouen et Michel Grandry