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Laurent Vinatier, 48 ans, a été condamné à trois ans de prison. Arrêté début juin, ce chercheur français, spécialiste de l’espace post-soviétique, travaillait en Russie pour le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels. Il est accusé de ne pas s’être enregistré en tant qu’« agent de l’étranger » alors qu’il collectait des « informations dans le domaine des activités militaires » selon les services russes de sécurité. Une affirmation probablement complètement bidon mais qui permet à Moscou de disposer de prisonniers-otages pour les échanger ensuite contre des Russes détenus à l’étranger.

Il y a quelques mois la décision des actionnaires de Stellantis (qui regroupe 14 marques automobiles dont Citroën, Peugeot, Alfa-Roméo, Maserati, Vauxhall…) de porter à 36 millions d’euros par an (soit environ six ans de Smic par jour) la rémunération de leur directeur général, Carlos Tavares, avait suscité quelques remous. D’autres remous sont prévisibles après sa déclaration reproduite sous forme d’une vidéo sur le site de l’Humanité, selon laquelle il ne serait « pas assez fortuné » pour payer le modeste impôt Barnier sur les ultra-riches. Explication : Tavares est… résident fiscal au Portugal, donc il ne déclare en France qu’une infime partie de ses revenus. Ce qui lui permet d’échapper largement à l’impôt hexagonal. Et il est loin d’être le seul dans ce cas parmi les grosses fortunes.

Le 25 octobre prochain marquera le 40e anniversaire de l’emprisonnement du militant libanais pro-palestinien Georges Ibrahim Abdallah, le plus ancien prisonnier politique d’Europe. Il avait été condamné à la prison à perpétuité pour complicité dans les assassinats à Paris, en 1982, d’un haut gradé militaire américain et d’un diplomate israélien sans doute affilié au Mossad. Une complicité qu’il a toujours niée. Il est libérable depuis un quart de siècle, mais les onze demandes présentées en ce sens depuis 2001 ont toutes été rejetées. Son maintien en détention correspond à un acharnement judiciaire, acharnement largement télécommandé par Israël qui ne veut pas le voir libéré.

Pour protester contre les déserts médicaux, Justine Guyot, la maire de la commune de Decize, au sud-est de Nevers, a choisi l’humour. Elle a pris un arrêté municipal dont l’article 1 stipule : « Il est formellement interdit à tout habitant de tomber malade, sous peine de ne recevoir aucune prise en charge médicale en raison de la fermeture répétée des services d’urgence. » Quant à l’article 2, il indique : « Il est recommandé à chacun d’adopter une hygiène de vie exemplaire incluant une consommation journalière de légumes verts, des bains de soleil modérés et une absence totale de stress, particulièrement celui généré par l’état du système de santé local. » L’initiative a été reprise par une vingtaine d’autres maires qui rappellent que la Nièvre ne compte que 68 médecins pour 100 000 habitants, contre une moyenne de 121 ailleurs en France. Il n’y a pas de dermatologue, un seul rhumatologue, un allergologue… et 20 % des patients n’ont pas de médecin traitant. La situation est telle qu’un « pont aérien » avait été mis en place en janvier 2023, afin d’amener depuis Dijon, une fois par semaine au moins, des médecins à l’hôpital de Nevers. Une illustration de l’état de délabrement du système de santé.

Face à la multiplication de cancers pédiatriques dans une même zone géographique, celle de la plaine céréalière d’Aunis, non loin de La Rochelle, des familles, regroupées dans l’association Avenir santé environnement, ont fait analyser les cheveux et les urines de 70 enfants, âgés de 3 à 17 ans. Tous présentent des traces de pesticides. Au total, 14 molécules différentes ont été identifiées dans leurs urines, et 45 dans leurs cheveux. Pour certains, jusqu’à six molécules différentes ont été retrouvées dans leurs urines, dix dans leurs cheveux. Plus encore, plusieurs de ces molécules correspondent à des produits à usage agricole interdits en France. Et face à cela que font les pouvoirs publics ? Rien. Pourtant l’alerte avait été lancée dès 2018 par le CHU de Poitiers sur les cas de cancers pédiatriques à Saint-Rogatien, une commune d’Aunis, et des études de l’Inserm avaient confirmé ces résultats. « Le nombre de cas de cancers d’enfants pour la seule commune de Saint-Rogatien est plus de quatre fois supérieur à la moyenne attendue », a tenu à rappeler sur France info Jean-Marie Piot, président de la Ligue locale contre le cancer. Face à ces enquêtes, l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine a déclaré ne pas souhaiter « commenter des études civiles non scientifiquement prouvées ». Bref elle s’en lave les mains…

Le Conseil économique, social et environnemental a publié le 8 octobre un rapport dénonçant de très nombreux dysfonctionnements dans le fonctionnement de la protection de l’enfance. Des juges finissent notamment par renoncer à prononcer des mesures de placement d’enfants pourtant victimes de violences, sachant d’avance qu’elles ne seront pas suivies d’effet par manque de moyens. Partout les travailleurs sociaux et les syndicats tirent la sonnette d’alarme : on ne fait plus en fonction des enfants mais des moyens… qui sont largement insuffisants ! Mais la seule chose que les pouvoirs publics augmentent, ce sont les suppressions de postes.

… d’après le bulletin du secteur social de Metz

Les responsables de l’entreprise d’aide à domicile O2 Moselle annoncent la fin du remboursement des frais kilométriques, sous couvert d’économies. Guillaume Richard, le patron du groupe, profite, lui, de 400 millions d’euros de bénéfices annuels. Mais ce sont les travailleuses, payées au Smic, qui doivent assumer ces « économies ». À la place, on leur propose de « gros » tickets restaurant, alors que 50 % de ces tickets sont payés par les salariées elles-mêmes. Les aides à domicile, qui parcourent des dizaines de kilomètres par jour pour se rendre d’un lieu de travail à un autre verraient ainsi leur labeur réduit à du bénévolat. Pour stopper une telle attaque et gagner une augmentation de salaire, elles ne pourront compter que sur leur mobilisation.

… d’après le bulletin du secteur social de Metz