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Bardella l’annonce : tout pour les patrons, le racisme en plus

Audition de Bardella devant le Medef

Se voyant déjà futur Premier ministre, si toutefois son parti remporte la majorité absolue aux élections anticipées décidées par Macron, Jordan Badella s’est empressé, dès mardi 11 juin, de jeter par-dessus bord la seule des promesses du Rassemblement national qui paraissait sociale : celle de l’abrogation de la loi faisant passer l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. « Nous verrons », a-t-il dit, expliquant que, vu « la situation économique compliquée » et « dans le cadre de la cohabitation », il faudra « faire des choix ». « On ne va pas promettre le grand soir », renchérissait Franck Allisio, député RN sortant des Bouches du Rhône et candidat à sa propre succession.

Voilà, de quoi rassurer dans les rangs du patronat ceux qui auraient encore quelques réticences à confier la gestion de l’État et de son budget à ces outsiders du monde politicien qu’ils n’ont « pas encore essayés. » Ils ne sont d’ailleurs pas tous des outsiders : cet Allisio, par exemple, a été un responsable des jeunes de l’UMP (ancêtre des LR) avant d’entrer au cabinet d’un des ministres de Sarkozy, puis de devenir collaborateur parlementaire de la députée sarkozyste Kosciusko Morizet. Et le RN a dernière lui des grands patrons, à commencer par Vincent Bolloré dont les médias qu’il possède, comme CNews, font la campagne électorale du RN en prônant le regroupement de toutes les droites.

Contre les revendications ouvrières et les grèves

Pas besoin de les avoir essayés, comme on l’entend parfois dire, pour savoir qu’ils seront non seulement « comme les autres », mais même pires ! Concernant les droits des travailleurs, l’extrême droite est claire : sur CNews, justement, Marion Maréchal – qui vient de quitter l’écurie Zemmour pour celle de sa tata Marine –, déclarait qu’il fallait retirer leurs subventions aux syndicats et surtout réduire le droit de grève, en premier lieu dans les services publics comme la SNCF ou le métro, et même carrément l’interdire dans la fonction publique, comme c’était le cas dans un lointain passé, rappelle-t-elle en proposant d’y revenir.

Sur les salaires, le programme du RN se résume à proposer qu’on allège les cotisations sociales payées par les patrons pour les inciter (pas les obliger !) à mettre un peu plus sur la fiche de paye sans que cela leur coûte un sou. Tant pis si la conséquence, c’est encore moins de sécurité sociale et de retraite. Il ajoute qu’on pourrait défiscaliser les heures supplémentaires : en clair, pour boucler vos fins de mois, vous n’avez qu’à bossez 45 heures voire plus (s’il y a du boulot !).

Tout pour les riches, et ségrégation sociale

Pour les riches, l’extrême droite s’est opposée, tout comme Macron, au rétablissement de l’impôt sur la fortune. Pour les autres, elle est contre tout blocage des prix des produits de première nécessité ou la gratuité d’un minimum de mètres cube d’eau assurés aux familles.

Pour les logements, le RN se propose d’assouplir la loi qui impose officiellement aux communes d’avoir 20 à 25 % de logements sociaux : elle n’était déjà pas respectée et, de toute façon, il a été devancé par Gabriel Attal lui-même qui a inclus dans ce quota un lot de « logements intermédiaires », c’est-à-dire des logements pas du tout « sociaux ». À cette sélection sociale, le RN se propose d’ajouter une clause de « priorité nationale » pour leur attribution.

À quoi il faut ajouter une Éducation nationale qui devrait, selon le RN, être plus sélective dès le premier âge, excluant de fait les enfants des quartiers populaires, les renvoyant dès la cinquième « vers l’apprentissage et la voie professionnelle dès 14 ans ». Un renforcement, pourrait-on dire de ce tri social qu’est déjà le « choc des savoirs » qu’Attal met en place, qui révolte à juste titre les jeunes et que le RN ne remet pas en cause.

Au nom de la « sécurité », contre les grévistes, les manifestations, les jeunes des quartiers populaires, le RN veut le renforcement de la police et son immunité totale, y compris lors des bavures les plus flagrantes, comme on en a vues ces dernières années. Tout pour les patrons, la répression des grèves et manifestations : la politique de la droite en pire ; le racisme en prime.

Olivier Belin