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Brèves

L’actualité en bref

Lors d’une visite en Uruguay, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a annoncé avoir finalisé l’accord de libre échange avec le Mercosur, une entente tarifaire et douanière qui regroupe plusieurs pays d’Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Bolivie, Panama). Le chancelier allemand Olaf Scholz s’est aussitôt réjoui de l’aboutissement des négociations, bientôt rejoint par Madrid, alors que, de son côté, Macron faisait savoir son opposition totale. Il a d’ailleurs indiqué qu’il avait entamé des discussions avec plusieurs pays, dont la Pologne et l’Italie, pour tenter de former une minorité de blocage qui ferait capoter un texte qui, il faut le rappeler, est en discussion… depuis 25 ans. En fait dès qu’ils estiment que leurs intérêts vitaux sont en jeu, les États capitalistes européens pratiquent le chacun pour soi. L’Europe est unie… mais pas trop.

L’Unicef, l’agence onusienne pour l’enfance, a lancé un appel aux dons de 9,9 milliards de dollars (9.4 milliards d’euros) pour aider en 2025 des millions d’enfants victimes de conflits et de crises à travers le monde.  « L’ampleur des besoins humanitaires des enfants est à un niveau historique, avec plus d’enfants touchés chaque jour », a alerté la patronne de l’Unicef, Catherine Russell dans un communiqué. « Nous estimons que 213 millions d’enfants dans 146 pays et territoires auront besoin d’aide humanitaire au cours de l’année 2025 », a-t-elle ajouté. L’aide est principalement destinée à l’accès aux soins de santé primaire, à l’eau potable et à l’éducation, à la détection de la malnutrition, ou encore au soutien psychologique et à la prévention des violences basées sur le genre. Cet appel ne couvre qu’une petite partie seulement de ces besoins, et aiderait environ 109 millions d’enfants. Mais il n’est pas sûr qu’il soit entendu. Car, dans un passé récent, les grandes puissances, qui dépensent sans compter des centaines de milliards en armement de toutes sortes, se sont montrées réticentes à financer des aides, directes ou indirectes, aux populations en situation précaire, souvent de part leur faute. Car profits capitalistes riment rarement avec action humanitaire et solidaire.

Pendant la dernière décennie la fortune des milliardaires a plus que doublé au niveau mondial, constate la très sérieuse banque suisse UBS, affichant une croissance supérieure à celle des marchés boursiers. Entre 2015 et 2024 la fortune cumulée des milliardaires a augmenté de 121 % et leur nombre est passé de 1 757 à 2 682. En 2015, cette fortune globale cumulée s’élevait à 6 300 milliards de dollars (5 990 milliards d’euros) et, en 2024, elle est passée à 14 000 milliards de dollars (1 343 milliards d’euros). Dans le même temps près de la moitié de la population mondiale vit avec moins de 6,85 dollars (6,34 euros) par jour, et une personne sur quatre, soit près de 2 milliards d’hommes, de femmes et d’enfants, avec moins de 3,65 dollars  (3,46 euros). Des chiffres qui condamnent sans appel un système qui accumule une richesse insolente à un pôle et l’extrême pauvreté à l’autre.

L’Observatoire des expulsions de lieux de vie informels (collectif qui regroupe plusieurs associations dont la Fondation Abbé Pierre, Médecins du monde, l’Association nationale des gens du voyage citoyens etc.) note dans son sixième rapport annuel une hausse des opérations de délogement forcé des campements sauvages, bidonvilles et autres squats. Au total, 1 484 expulsions ont été recensées sur tout le territoire, du 1er novembre 2023 au 31 octobre 2024, une augmentation de 34 % par rapport à l‘année précédente. 68 % de ces expulsions se font « hors cadre légal » et, dans 94 % des cas, réalisées sans qu’un diagnostic préalable des vulnérabilités des habitants n’ait été réalisé, allant à l’encontre de l’instruction du 25 janvier 2018 encadrant la résorption des habitats informels. Elles ont été également accompagnées dans 87 % des cas par la destruction ou la confiscation des biens des habitants ainsi que des violences contre les personnes. Par ailleurs, l’Observatoire constate qu’afin de limiter les risques d’expulsions, ces personnes sont contraintes de s’invisibiliser en s’installant dans des environnements souvent nocifs pour leur santé : proximité de déchetteries et de sites industriels, bordures de routes, sols pollués, zones exposées aux intempéries, etc… Bref à l’enfer de la misère quotidienne s’ajoute, pour ces pauvres parmi les pauvres, le harcèlement policier. Plus que jamais il faut être solidaires avec eux et affirmer qu’un toit est un droit pour tous.

Une centaine d’agriculteurs de la Confédération paysanne ont manifesté devant le Grand Palais, à Paris, où se tenait une réunion européenne de grands acteurs du commerce des céréales. Selon les journalistes présents le rassemblement se déroulait dans le calme jusqu’à l’intervention des forces de l’ordre. La police a bloqué les paysans pendant plus d’une heure, donnant lieu à des bousculades et à des heurts. Cinq manifestants ont été interpellés et placés en garde de vue. La Confédération paysanne, syndicat agricole classé à gauche, a souligné la différence de traitement qu’elle subit de la part du ministre de l’Intérieur qui matraque et arrête ses membres mais laisse ceux de la FNSEA, principale organisation du monde agricole liée à l’agro-business, à la droite et au gouvernement, déverser des pneus et des tombereaux de fumier devant les préfectures, bloquer les routes, ou souder les grilles de l’Office français de la bio-diversité. Et cela ne donne lieu à aucune interpellation. On dit merci qui ?

Dans un rapport très documenté – qui s’appuie sur des recherches de terrain, des images satellites et des déclarations de hauts responsables israéliens – Amnesty International a accusé l’État d’Israël de « commettre un génocide » contre les Palestiniens dans l’enclave. L’ONG de défense des droits humains met en avant les trois actes constitutifs, selon elle, d’un génocide. Le premier est le meurtre d’un groupe ethnique donné, le second la disparition de plusieurs générations sous les bombes et le troisième l’imposition à la population de conditions de vie entraînant une mort lente, du fait notamment de la famine et du manque de soins. Agnès Callamard, la secrétaire générale de l’organisation, a déclaré lors d’une conférence de presse à La Haye : « Mois après mois, Israël a traité les Palestiniens de Gaza comme un groupe de sous-humains, indigne du respect des droits humains et de la dignité, démontrant son intention de les détruire physiquement. » Pendant ce temps, les pays riches, dont la France, continuent de soutenir la politique de l’État d’Israël.

Le Crédit commercial de France (CCF), propriété jusqu’en janvier dernier du groupe bancaire HSBC avant d’être revendu à My Money Group, contrôlé par le fonds de placement américain Cerberus, a annoncé un « plan stratégique 2025-2026 » qui va se traduire par 1 400 licenciements sur un effectif total de 3 900 salariés et la réduction d’un tiers du nombre de ses agences, qui passera de 235 à 151. Selon un communiqué de la direction de la banque « ce projet de transformation profonde » vise à « retrouver le chemin d’une croissance durable ». Pour maintenir à tout prix la rentabilité de leur établissement, les dirigeants du CCF se paient sur la bête, c’est-à-dire sur les travailleuses et les travailleurs. À elles et eux de taper du poing sur la table en se battant pour empêcher ces licenciements.

Henri Borland, survivant des enfants juifs de France déportés à Auschwitz, est décédé à l’âge de 97 ans. Le 15 juillet 1942 il avait été raflé avec son père, son frère Bernard et sa sœur Denise, 17 et 21 ans. Il sera le seul de sa famille à revenir du camp de la mort. Plus tard, devenu médecin, il racontera son expérience aux jeunes générations et les mettra en garde contre l’antisémitisme et le racisme. En 2005, il avait témoigné dans le documentaire de Patrick Rotman, Les Survivants, et, en 2011, il avait écrit un livre, Merci d’avoir survécu. La mémoire de ce terrifiant génocide, perpétré au nom du racisme, doit en effet être perpétuée.

À la fin du mois dernier, l’Ordre des médecins rendait publique une enquête sur les violences sexistes et sexuelles commises par des praticiens. Un rapport révélait une atmosphère inquiétante et délétère dans ce milieu. C’est maintenant au tour du Syndicat de la magistrature de dévoiler la prégnance des préjugés et des mêmes violences au sein de l’institution judiciaire qui est pourtant, en théorie, chargée de les sanctionner et de les combattre. Parmi les comportements rapportés par les victimes et les témoins, on trouve « des baisers forcés au tribunal, sur le lieu de stage ou dans un ascenseur, un maître de stage touchant la cuisse d’une auditrice, y compris pendant une audience, une personne en coinçant une autre contre un mur dans un couloir, ou encore des caresses non consenties sur les fesses ». Sans surprise, sur les 63 faits directement relatés par les victimes, 52 concernent des femmes (soit 82,5 %), et sur les 36 auteurs désignés dont le sexe a été précisé, 33 sont des hommes (soit 91,6 %). Par ailleurs, plus de 70 % des auteurs désignés avaient un lien hiérarchique ou d’autorité avec la victime, ce qui laisse supposer un climat d’impunité. Une image peu glorieuse donnée par la justice.