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Brèves

L’actualité en bref

Ekrem İmamoğlu, maire d’Istanbul et principale figure d’opposition au président turc Recep Tayyip Erdoğan, a été interpellé à son domicile. Il est accusé de « soutien à une organisation terroriste », selon le ministre de la Justice mais également de « corruption et d’extorsion ». Il est en outre désigné comme le chef d’une « organisation criminelle à but lucratif ». Plusieurs dizaines de ses collaborateurs, d’élus et de membres de son parti, le Parti républicain du peuple, sont également sous le coup de mandats d’arrêt. Cerise sur le gâteau, İmamoğlu s’est vu retirer son diplôme universitaire, ce qui lui interdit de se présenter à la prochaine élection présidentielle prévue en 2028. Erdoğan, dont la popularité est en berne du fait de la situation économique, fait le ménage à l’avance pour être sûr d’être réélu dans trois ans.

Le gouvernement travailliste de Keir Starmer vient d’annoncer des coupes importantes dans les aides pour les personnes en situation de handicap. Les mesures annoncées visent à économiser 5 milliards de livres (un peu moins de 6 milliards d’euros) afin de contribuer au financement de la politique de réarmement « face à la menace russe ». La suppression de cette allocation – destinée aux handicapés et supposée couvrir les coûts liés à leur état – va toucher 3,6 millions de personnes. Une députée travailliste, opposée à cette mesure, a accusé le gouvernement d’« équilibrer les comptes sur le dos des personnes malades et handicapées ». Bien vu. Que ce soit la droite au gouvernement, comme ici avec Bayrou, ou la gauche comme outre-Manche, ces politiciens ont la même démarche : faire payer aux plus modestes la politique de réarmement et les cadeaux aux industriels qui vont avec.

La direction statistique des ministères sociaux (Drees) vient de publier une étude sur le temps d’attente moyen passé aux urgences par des patients. Et, sans surprise, il ne cesse d’augmenter faute de moyens adéquats. En 2013 cette attente était de 2 heures 15 et elle est passée à 3 heures dix ans plus tard. Le calcul a été réalisé à partir de l’étude d’une journée ordinaire dans les 719 services d’urgences en Métropole rapportée à une journée ordinaire en 2013. Vu la politique actuelle du gouvernement dans le domaine de la santé, la situation va sans doute empirer dans les années qui viennent.

La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a dénoncé « la méthode » du Premier ministre qui a déclaré qu’il était hors de question de revenir à la retraite à 62 ans. Et elle réclame « des nouvelles règles et des nouveaux sujets » de discussions entre les partenaires sociaux. Sinon son organisation quittera « le conclave », comme l’a déjà fait FO dès le départ et vient de le faire la CGT. Mais de là à travailler à une mobilisation générale de la classe ouvrière contre la réforme des retraites il y a un pas de géant qu’aucune des confédérations syndicales ne veut franchir. Pourtant il n’y a pas d’autre voie pour abolir cette réforme.

Le ministre de l’Intérieur (mais aussi chargé des cultes) Bruno Retailleau a fait savoir qu’il avait refusé l’invitation de la grande mosquée de Paris de participer à la cérémonie qui marque chez les musulmans la rupture du jeûne du ramadan. Son prédécesseur, Gérald Darmanin, y avait pris part il y a tout juste un an. Selon son entourage il a jugé la dimension religieuse de cet événement « contraire au principe de laïcité » qu’il serait tenu de respecter. Un laïc pur et dur donc… qui en décembre dernier a participé, sans état d’âme, à la messe présidée par le pape lors de sa visite éclair en Corse. Et là, comme par enchantement, il avait oublié sa laïcité républicaine et intransigeante. Il y a des coups de pied aux culs bénis qui se perdent.

Le gouvernement s’apprête à diffuser un Manuel de survie destiné officiellement à aider la population à réagir en cas de guerre ou de catastrophe. Cette brochure d’une trentaine de pages contient des conseils du genre « préparer un kit de survie », « stocker des conserves et de l’eau potable »… et même « ne pas oublier de fermer des portes et les fenêtres en cas d’alerte nucléaire ». Cet opuscule se termine par un chapitre titré « engagez-vous » qui, sans aller jusqu’à inviter à revêtir le treillis de combat, suggère de se « préparer collectivement ». Le seul conseil judicieux serait tout de même d’éviter la guerre et pour cela de renverser le système capitaliste qui en est la cause fondamentale. Mais cette réflexion est hors de portée de la compréhension de ces propagandistes qui nous prennent pour des imbéciles.

Depuis mars 2022, le cargo russe Vladimir Latyschev est bloqué dans le port de Saint-Malo en raison de la guerre d’Ukraine avec sept marins à bord. Cet énorme navire de 140 mètres de long transportait de la magnésie pour l’usine d’engrais chimique Timac. L’entretien du bateau, la nourriture de l’équipage, le chauffage, l’électricité et le fonctionnement des dispositifs de sécurité coûtent environ 150 000 euros par mois. Ces frais étaient pris jusqu’à une période récente par l’armateur russe qui les réglait par des transferts bancaires, mais, à la suite du blocage des fonds russes, les banques françaises ne veulent plus procéder à ces transferts. L’absence ou l’insuffisance d’entretien risque aussi de représenter un danger pour son environnement voire pour les autres navires. Face à l’incapacité des autorités administratives, on peut toutefois se réjouir de constater que la solidarité des travailleurs de la mer n’est pas un vain mot. Les marins russes ne font l’objet d’aucune discrimination ni réaction hostile sur le port où se côtoient des marins de nombreuses nationalités, bien au contraire. Diverses actions de solidarité ont été envisagées au cas où leur situation se dégraderait.

Le 19 mars à 6 heures du matin, des CRS sont venus déloger les quelques dizaines d’étudiants qui occupaient depuis deux jours un bâtiment de la fac contre les coupes budgétaires. Ils sont revenus une deuxième fois dans la journée pour empêcher une autre tentative d’occupation. La présidence de Rennes 2, qui tente depuis le début de diviser les étudiants pour étouffer la mobilisation, à coup de communiqués hypocrites et de fermeture administrative du campus, a franchi un cap en appelant la police, qui plus est deux fois en une journée, mais aussi en fermant une nouvelle fois le campus de Villejean « au moins jusqu’à vendredi 21 mars inclus », pour empêcher les étudiants mobilisés de convaincre les autres de les rejoindre ! Pas étonnant quand on sait que les élus de la fac s’apprêtent à voter pour la suppression de l’enseignement à distance, qui concerne environ 1 800 restrictions personnes à Rennes 2. Ici comme ailleurs, on verse des larmes de crocodile tout en appliquant les restrictions budgétaires ! La liste des villes où les étudiants se font réprimer s’allonge, mais aussi les raisons de se révolter.

Par 136 voix contre 27, les parlementaires ont adopté une loi visant à restreindre les droits des LGBT+. Le gouvernement a utilisé une procédure exceptionnelle pour que la loi soit adoptée le jour même où elle avait été mise en discussion. Elle interdit notamment tout rassemblement visant à promouvoir l’homosexualité et le changement de sexe auprès des mineurs. Les participants à la marche des Fiertés, prévue le 28 juin prochain à Budapest, s’exposent donc à une amende pouvant aller jusqu’à 500 euros. La police a été autorisée à utiliser la reconnaissance faciale pour identifier les contrevenants. L’opposition parlementaire a perturbé le vote en allumant des fumigènes dans l’hémicycle, dénonçant une tentative de déshumaniser la communauté LGBT+. Déjà en 2021, une première loi avait facilité la répression des personnes homosexuelles. Le Premier ministre, Viktor Orbán, remet ça dans un contexte pré-électoral où il espère renforcer son implantation auprès de l’électorat conservateur.