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Palestine

Alors que Joe Biden avait menacé, il y a une semaine, de limiter l’aide militaire qu’il apporte à l’État hébreu en cas d’opération d’envergure sur Rafah, Washington vient de demander au Congrès d’approuver une nouvelle livraison de munitions pour tanks et de véhicules tactiques. Selon le Wall Street Journal, qui a d’abord révélé l’information, cette livraison inclut 700 millions de dollars de munitions pour tanks et 500 millions pour des véhicules militaires tactiques. Biden peut bien à l’occasion émettre quelques réserves sur la guerre menée par l’État d’Israël, à ce niveau-là, ce n’est même plus du double langage, mais du foutage de gueule.

Dans un rapport qu’elle vient de publier, Human Rights Watch (HRW), l’ONG internationale de défense des droits humains, rapporte que les forces israéliennes ont mené « au moins huit frappes contre des convois humanitaires et des locaux de travailleurs humanitaires » à Gaza depuis octobre 2023, alors même que l’itinéraire de ces convois et les emplacements de ces bâtiments avaient été communiqués à l’armée israélienne par les organisations concernées. Les autorités israéliennes « n’ont averti aucune des organisations humanitaires avant les frappes, qui ont tué ou blessé au moins 31 travailleurs humanitaires et autres personnes qui les accompagnaient », estime l’ONG, qui rappelle également que, selon l’ONU, au moins 254 travailleurs humanitaires, dont 188 membres du personnel de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre. « D’un côté, Israël bloque l’accès aux provisions humanitaires vitales à Gaza, et de l’autre, ses forces attaquent les convois qui tentent de livrer une partie de la petite quantité autorisée », fustige Belkis Wille, directrice adjointe de la division Crises et conflits à HRW. Ce qui résume assez bien la situation humanitaire catastrophique que vivent les Gazaouis. Ces frappes n’étaient pas des erreurs mais bel et bien des actes délibérés.

Selon un rapport du département d’État américain il est « vraisemblable » qu’Israël ait violé le droit humanitaire international à Gaza. Le rapport indique qu’il est « raisonnable d’estimer » que les forces israéliennes aient utilisé des armes d’une manière incompatible avec le droit humanitaire international et donc avec la loi américaine. Conclusion : Washington… va continuer à livrer des armes à l’État sioniste. Explication : l’administration américaine n’a pas pu parvenir à ce stade à des « conclusions définitives faute d’informations suffisantes ». Une sinistre plaisanterie. Car il suffit qu’Israël refuse de participer à une commission d’enquête sur ses exactions pour se tirer d’affaire. Ou plutôt pour donner prétexte à Biden à continuer de livrer ses armes.

L’Espagne, l’Irlande et la Slovénie prévoient de reconnaître l’État palestinien de façon simultanée le 21 mai, a assuré le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell. « Il s’agit évidemment d’un acte symbolique », a-t-il insisté. « On reconnaît, au-delà d’un État lui-même, la volonté de cet État d’exister », a-t-il ajouté. Fin mars, en marge d’un sommet européen à Bruxelles, le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, avait publié une déclaration commune avec ses homologues irlandais, maltais et slovène dans laquelle tous se disaient « prêts à reconnaître la Palestine ». Il est évident qu’une telle reconnaissance serait interprétée comme un appui bienvenu à la cause palestinienne. Mais il ne faut pas en exagérer la portée. À l’heure actuelle, au sein de l’Union européenne, sur 27 membres, sept reconnaissent l’État de Palestine (République tchèque, Hongrie, Pologne, Bulgarie, Roumanie, Chypre et la Suède). Il en va de même à l’ONU où, sur 193 États membres, 137 ont à ce jour reconnu un État palestinien et demandé son adhésion pleine et entière à l’organisation internationale. Mais la création d’un tel État se heurte toujours à l’opposition farouche d’Israël et de son principal mentor, l’impérialisme américain, qui peuvent compter sur la complicité plus ou moins active des autres pays impérialistes comme l’Allemagne, la France ou le Royaume-Uni. De ce point de vue la création d’un État palestinien n’est pas pour demain.

L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé fermer ses bureaux de Jérusalem-Est occupée après que des extrémistes israéliens ont mis le feu à une partie de l’enceinte. C’est le second incendie criminel en quelques jours. Dans une vidéo filmée de l’extérieur de l’enceinte onusienne, on voit des manifestants clamer « Brûlez les Nations unies ! ». Ces bureaux abritent une station-service pour les véhicules de l’agence onusienne ainsi qu’une école. Le responsable de l’agence a rappelé qu’il « est de la responsabilité de l’État d’Israël, en tant que puissance occupante, de faire en sorte que le personnel et les installations des Nations unies soient protégés en permanence ». Ce qui n’est pas le cas puisque les faits se sont déroulés sous les yeux de la police israélienne qui a laissé faire. Un nouvel épisode de la tentative d’Israël de faire disparaître l’Unrwa et de priver de son aide et de ses services des millions de Palestiniens qui vivent dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, mais aussi en Jordanie, en Syrie et au Liban.

Il y a deux semaines, les États-Unis annonçaient qu’ils avaient l’intention d’imposer des sanctions au bataillon Netzah Yehuda, de l’armée israélienne, composé de soldats ultra-orthodoxes et de nationalistes religieux. Ces soldats, qualifiés de « voyous », étaient accusés de plusieurs meurtres dont celui d’un homme de 80 ans ayant la double nationalité américano-palestinienne. Comme on pouvait s’y attendre, la réaction officielle d’Israël a été de rejeter les sanctions, ce qui, selon Netanyahou, constituerait « le comble de l’absurdité et une atteinte à la morale ». L’armée israélienne a de plus déclaré que les soldats de Netzah Yehuda « participaient actuellement à l’effort de guerre dans la bande de Gaza… menant professionnellement et courageusement des opérations en accord avec le code d’éthique des Forces de défense d’Israël et avec un engagement total envers le droit international ». Un code d’éthique et un respect du droit international qui ont déjà fait près de 40 000 victimes. Quant à l’administration Biden elle ne parle plus de sanctions.

Joe Biden a fait savoir qu’il « ne livrerait pas » certaines armes à Israël dont les États-Unis sont le premier soutien militaire, en particulier des « obus d’artillerie », en cas d’offensive majeure contre Rafah. L’offensive ayant déjà commencé on ne voit pas très bien quelle sera la ligne rouge. En plus, il s’agit simplement de livraisons d’obus. Les autres armes de guerre (avions, bombes, armes légères, etc.) continueront d’affluer dans l’État sioniste. Car à Gaza, si c’est l’armée israélienne qui assassine, elle le fait avec des munitions fournies essentiellement par Washington.