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Palestine

Quelques jours après que l’Égypte a bloqué une marche internationale de solidarité avec les Gazaouis, la même chose vient de se produire en Libye. Partie de Tunis le 9 juin pour rejoindre Gaza, la caravane « Soumoud » a été stoppée dans l’ouest du pays, à l’entrée de la ville de Syrte et 13 de ses participants arrêtés par les hommes du maréchal Khalifa Haftar, qui contrôlent cette partie du territoire. Les organisateurs ont dit être victime d’un « siège systématique », empêchant tout accès à la nourriture, à l’eau, aux médicaments et une perturbation des communications. Ces exemples sont révélateurs de l’attitude du nombre de régimes arabes qui affirment (mollement) soutenir les Palestiniens mais qui, dans la pratique, s’alignent sur Israël et l’impérialisme.

Des centaines de personnes ont convergé cette semaine en Égypte pour participer à la Marche mondiale pour Gaza (Global March to Gaza), une initiative internationale visant à attirer l’attention sur la crise humanitaire qui sévit dans l’enclave palestinienne. Opération insupportable aux yeux du président Sissi qui réprime toute action en faveur des Palestiniens. Les autorités égyptiennes ont donc renvoyé chez eux plus de 200 militants de diverses nationalités, arrêtés à leur hôtel ou à l’aéroport. « Honte à vous, honte à vous, vous avez vendu Gaza pour des dollars » ont chanté des militants algériens expulsés sur le tarmac de l’aéroport du Caire. De son côté le ministre israélien de la Défense avait déclaré auparavant que la marche constituait une menace pour la sécurité d’Israël et de la région. Une parfaite synchronisation entre Le Caire et Jérusalem. Une de plus…

Le président de la République a annoncé qu’il annulait la conférence, prévue à l’ONU du 17 au 20 juin et coorganisée avec l’Arabie saoudite, qui devait aboutir à la reconnaissance de l’État de Palestine par Paris. Raison invoquée : la récente attaque d’Israël contre l’Iran qui modifierait le contexte politique. Piètre excuse. D’abord cette annulation était dans les tuyaux plusieurs jours avant même l’agression israélienne contre Téhéran. Ensuite, ces dernières semaines, Macron a temporisé sur la reconnaissance de l’État de Palestine, y mettant désormais de multiples conditions. Pourtant une telle reconnaissance n’aurait rien de révolutionnaire. 149 pays au monde l’ont déjà fait dont, récemment, l’Espagne, l’Irlande et la Norvège. Mais pour ce faire il faut être prêt à braver la colère d’Israël mais aussi la désapprobation des États-Unis. Un pas que le locataire de l’Élysée (comme ses prédécesseurs de droite et de gauche d’ailleurs) n’est pas prêt à franchir. Les Palestiniens attendront.

Non content d’apporter son soutien à Netanyahou dans sa nouvelle agression militaire contre l’Iran, Macron a envoyé une nouvelle fois ses flics tabasser des manifestants en solidarité avec la Palestine. Alors que la grande manifestation du samedi 14 juin s’ébranlait place de la République, les CRS ont chargé à coups de bouclier et de matraques celles et ceux qui se trouvaient encore sur la place. Déjà, des violences policières avaient eu lieu lors des rassemblements place de la République en soutien à la « flottille de la liberté ». En effet, Macron craint une chose : c’est que la mobilisation contre son soutien au gouvernement d’extrême droite de Netanyahou et sa guerre génocidaire s’approfondisse.

Le 16 juin va s’ouvrir au Bourget (Seine-Saint-Denis), près de Paris, le salon aéronautique qui se tient tous les deux ans. À cette occasion plusieurs ONG – dont Survie, Attac-Franc ou Stop Fuelling War – avaient assigné en justice l’organisateur de cette manifestation, le Salon international de l’aéronautique et de l’espace, pour interdire la venue d’entreprises fournissant l’armée israélienne en équipements militaires utilisés, entre autres, pour perpétrer les massacres de Gaza. Étaient notamment visées les entreprises israéliennes Aeronautics Group LTD, Ashot Ashkelon, Uvision Air, Israel Aerospace industries mais aussi l’italienne Leonardo SPA, la norvégienne Nammo, l’allemande Thyssenkrupp, etc. Leur recours a été finalement rejeté par le tribunal judiciaire de Bobigny qui a estimé, dans sa grande sagesse, que l’invitation d’entreprises israéliennes ou vendant des armes à Israël ne constituait pas une violation « du droit français réprimant les crimes internationaux ». On peut se demander à partir de combien de dizaines de milliers de morts civils le tribunal estime que le droit français est concerné.