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Palestine

Dans un rapport très documenté – qui s’appuie sur des recherches de terrain, des images satellites et des déclarations de hauts responsables israéliens – Amnesty International a accusé l’État d’Israël de « commettre un génocide » contre les Palestiniens dans l’enclave. L’ONG de défense des droits humains met en avant les trois actes constitutifs, selon elle, d’un génocide. Le premier est le meurtre d’un groupe ethnique donné, le second la disparition de plusieurs générations sous les bombes et le troisième l’imposition à la population de conditions de vie entraînant une mort lente, du fait notamment de la famine et du manque de soins. Agnès Callamard, la secrétaire générale de l’organisation, a déclaré lors d’une conférence de presse à La Haye : « Mois après mois, Israël a traité les Palestiniens de Gaza comme un groupe de sous-humains, indigne du respect des droits humains et de la dignité, démontrant son intention de les détruire physiquement. » Pendant ce temps, les pays riches, dont la France, continuent de soutenir la politique de l’État d’Israël.

Un Palestinien a été blessé et plusieurs bâtiments incendiés dans deux localités du nord de la Cisjordanie lors d’attaques de colons israéliens. Les violences ont eu lieu à Huwara, au sud de Naplouse, où une maison et deux voitures ont été incendiées, ainsi qu’à Beit Fourik, à l’est de la ville, où un entrepôt et deux voitures ont été brûlées. Les colons entendaient ainsi « se venger » contre le fait que l’armée avait démantelé des baraquements provisoires qu’ils avaient érigés près de Beit Fourik. Huit colons ont été arrêtés, suspectés notamment d’avoir attaqué les forces de l’ordre et causé des dommages matériels, selon un communiqué commun de la police et du Shin Bet, le service de renseignement intérieur. Cela dit, ils ne risquent pas grand-chose. Car non seulement la justice est généralement clémente à leur égard mais, il y a quelques semaines, le gouvernement israélien a annoncé qu’à l’avenir la détention administrative – qui permet de détenir sans jugement une personne soupçonnée de crimes ou de délits graves – ne s’appliquerait plus aux colons juifs mais uniquement aux Arabes. Un pas de plus dans la voie de l’apartheid.

Un drone israélien a tué Mahmoud Almadhoun, très connu à Gaza et dans les pays arabes pour avoir créé « la soupe populaire » qui, depuis février dernier, distribuait des milliers de repas chaque jour aux habitants du nord de l’enclave palestinienne. Il a été abattu alors qu’il sortait de l’hôpital de Kamal Aswan où il se rendait chaque jour dans le cadre de son action humanitaire. Interviewé dans les colonnes du quotidien américain le Washington Post, en avril dernier, ce chef de 33 ans expliquait son travail et affirmait souhaiter nourrir ses voisins le plus longtemps possible. Pour l’instant, Israël n’a pas réagi à son assassinat ciblé, mais il est probable que la propagande sioniste le présentera comme un « terroriste » qui cachait sans doute des bombes dans ses marmites.

Les puissances occidentales se sont réjouies du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, entré en vigueur le 27. Le ministre français des Affaires étrangères se félicite même d’un « succès de la diplomatie française ». Mais cet accord, précédé par des bombardements d’une violence inédite dans le centre de Beyrouth, est loin d’être un pas vers la paix. Pour Netanyahou, qui estime avoir suffisamment affaibli l’ennemi, c’est surtout une manière de reconcentrer les opérations sur Gaza et la Cisjordanie. Et dès les jours suivants, Israël a violé son propre accord, en menant de nouvelles frappes au Liban ! Pour l’arrêt du massacre, le minimum serait un cessez-le-feu inconditionnel et immédiat, la fin de la colonisation et le retrait des troupes israéliennes du Liban !

Plus d’un an de massacres génocidaires contre la population de Gaza, avec plus de 42 000 morts. Deux mois de bombardements au Liban, qui ont fait au moins 2 800 morts. Et malgré l’annonce d’un cessez-le-feu, l’armée israélienne continue à frapper. En Cisjordanie, la politique de colonisation de l’État d’Israël s’accélère. Pour dire notre opposition à la politique guerrière de Netanyahou, il faut amplifier la mobilisation. Soyons nombreuses et nombreux aux manifestations du 7 décembre.

À peine la France avait-elle déclaré que, bien entendu, elle respecterait et appliquerait les poursuites engagées contre Benyamin Netanyahou par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, disait le contraire en affirmant que le Premier ministre israélien pourrait bénéficier d’une « immunité diplomatique ». Pourquoi ce changement de pied en quelques heures ? C’est le quotidien israélien Haaretz, généralement bien informé, qui fournit l’explication. C’est Israël qui a exigé ce revirement de Paris avant d’autoriser Macron à apposer sa signature, au côté de celle de Biden, en bas de la déclaration annonçant le cessez-le-feu au Liban. Une décision que Macron considère, sans rire, comme une grande victoire de la diplomatie française. Cela valait bien de faire une fleur au boucher de Jérusalem.

Le cabinet israélien, Netanyahou en tête, a approuvé une proposition du ministre des Communications, Shlomo Karhi, qui oblige tout organisme financé par le gouvernement à s’abstenir de communiquer avec le quotidien de centre gauche Haaretz (Le Pays) ou de placer des publicités dans le journal. De plus, il est désormais interdit aux officiels de lui accorder des interviews. Le Premier ministre et sa clique d’extrême droite veulent se venger d’un des rares médias du pays qui refuse de relayer la propagande gouvernementale et n’hésite pas à dénoncer les crimes commis par l’armée israélienne à Gaza, en Cisjordanie, au Liban ou ailleurs. Un de ses journalistes les plus connus, Gideon Levy, est l’homme le plus détesté de la droite israélienne pour son soutien aux Palestiniens. Le quotidien a réagi à cette décision en publiant un communiqué qui affirme : « Haaretz ne reculera pas et ne se transformera pas en un pamphlet gouvernemental qui publie des messages approuvés par le gouvernement et son chef. »