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Palestine

L’affaire n’est pas banale. L’armée israélienne a reconnu que le Premier ministre Benyamin Netanyahou s’était arrangé pour faire fuiter dans la presse internationale des documents attribués au Hamas mais qui avaient, auparavant, été falsifiés par ses soins. Le but était de convaincre l’opinion publique qu’il avait raison de refuser tout accord avec le mouvement islamiste. Ces documents, présentés comme « secrets » ont été mentionnés notamment par l’hebdomadaire Jewish Chronicle au Royaume-Uni et le quotidien Bild en Allemagne. Selon les médias israéliens, l’armée a lancé une enquête interne sur cette affaire. Venant de Netanyahou, cette attitude ne peut étonner, lui qui est habitué à mentir à chaque occasion. Mais que l’armée le mette en cause n’est sans doute pas étranger au fait que, depuis des mois, il est à couteaux tirés avec le ministre de la Défense, Yoav Gallant, ce dernier très proche de la ligne de Washington en faveur d’un cessez-le-feu.

L’État français persiste dans sa politique de criminalisation et de répression contre toutes celles et ceux qui soutiennent les Palestiniens. Instrumentalisant la tentative antisémite d’incendie d’une synagogue, le préfet de l’Hérault a interdit le week-end du 1er septembre deux manifestations de solidarité avec le peuple palestinien à Montpellier et Béziers. La semaine dernière, un enseignant de la Toulouse School of Economics a été suspendu avec ouverture d’une enquête pour « apologie du terrorisme »… pour avoir dénoncé le massacre en cours à Gaza devant sa classe. À Paris, la manifestation du 8 septembre a été interdite par la préfecture qui n’a autorisé qu’un rassemblement statique. Malgré ces intimidations, nous ne nous tairons pas et continuerons à manifester et dénoncer la complicité des grandes puissances, dont la France, dans le massacre en cours.

Un rapport du gouvernement, que Mediapart publie en exclusivité, révèle que la France a livré 30 millions d’euros d’armes à Israël en 2023. Le gouvernement refuse toujours de dire si certaines livraisons ont eu lieu après le début de la guerre à Gaza. Déjà en avril dernier, onze ONG avaient attaqué l’État devant le tribunal administratif en déposant trois référés. Elles réclamaient une suspension immédiate des licences d’exportations d’armement vers l’État hébreu, en raison du risque d’utilisation contre les civils à Gaza. Depuis lors c’est silence radio du côté gouvernemental qui n’a rien fait pour stopper ces livraisons et s’est donc rendu complice du massacre des Gazaouis.

Interrogé, lors d’une conférence de presse, par un journaliste qui lui demandait si, à son avis, Benyamin Netanyahou, faisait assez d’effort pour parvenir à un accord sur la libération des otages, le président Joe Biden a répondu laconiquement « non ». Ce qui a été interprété par une partie des médias comme un signe que Washington faisait monter la pression sur le Premier ministre israélien pour qu’il parvienne à un accord avec le Hamas. C’est prendre ses désirs pour la réalité. Si Biden voulait que Netanyahou cède, il lui suffirait d’arrêter du jour au lendemain les livraisons massives d’armes à l’état sioniste sans lesquelles la poursuite de la guerre de Gaza sera impossible. Mais pas question pour l’impérialisme américain d’affaiblir, même un peu, son principal allié au Moyen-Orient. Il préfère le titiller à l’aide de petites phrases sans conséquence…

La centrale syndicale, la Histadrout, surtout implantée dans le secteur public, avait lancé lundi une grève générale pour dénoncer « l’abandon des otages » par le gouvernement. Bien qu’un tribunal ait déclaré la grève « politique » et « illégale » et que les bureaucrates syndicaux l’aient arrêtée à la mi-journée, des centaines de milliers de travailleurs ont suivi le mouvement, rejoint par des associations pacifistes et l’Association médicale israélienne. La veille, des manifestations massives avaient déjà eu lieu à Tel Aviv, à Jérusalem et dans nombre d’autres villes suite à l’annonce de la mort de six nouveaux otages à Gaza. Nombre de manifestants – ainsi que les familles des otages – reprochent à Netanyahou de les avoir abandonnés et de refuser tout accord de cessez-le-feu avec le Hamas pour des raisons purement politiciennes, notamment la survie de son gouvernement et la crainte, s’il perd le pouvoir, de se retrouver devant les tribunaux et de devoir répondre devant la justice de délits multiples allant d’enrichissement illégal et de corruption à faux et usage de faux. Le fait qu’une fraction croissante de la population israélienne s’oppose à la guerre est un fait positif, même si seule une minorité des pacifistes fait le lien entre les massacres de Gaza et la politique d’apartheid et d’oppression des Palestiniens menée par l’État sioniste depuis des décennies.

Dans ce territoire palestinien la polio avait été éradiquée il y a 25 ans. Elle vient de faire sa réapparition. Un premier cas a été récemment confirmé chez un enfant de dix mois. « Des équipes du ministère de la Santé, de l’Unrwa (l’agence de l’ONU pour les réfugiés) et des ONG ont débuté samedi la campagne de vaccination contre la polio », a déclaré le docteur Moussa Abed, directeur des premiers soins au sein du ministère local de la Santé. L’ONU a envoyé 1,2 million de doses du vaccin anti-polio. Le développement de la maladie est lié aux conditions de vie et d’hygiène effroyables dans lesquelles vit la population gazaouie qui s’ajoutent aux massacres perpétrés par l’armée israélienne. Le dernier bilan fait état de 40 691 morts, 94 060 blessés et des milliers de disparus.

Haïm Korsia, le patron du judaïsme français, a accordé une interview à BFM TV dans laquelle il s’aligne complètement sur Netanyahou et le gouvernement israélien. Il se livre à une apologie des massacres à Gaza en affirmant que « tout le monde serait content qu’Israël finisse le boulot » et d’ajouter : « Je n’ai absolument pas à rougir de ce qu’Israël fait » puis, plus loin : « Je ne suis jamais mal à l’aise avec une politique qui consiste à défendre ses ressortissants. » La démarche de Korsia, grand rabbin de France et un des membres les plus en vue de la communauté juive, consiste en fait à laisser entendre que tous les Juifs (auxquels il ne demande pas leur avis) sont solidaires du génocide des Gazouis. Une attitude déplorable qui ne peut que contribuer au développement des sentiments et des actes antisémites qui se sont multipliés ces derniers mois.