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Meeting du 25 juin : intervention de Raphaëlle Mizony

Ci-dessous le texte de l’intervention de Raphaëlle Mizony au meeting parisien du NPA-Révolutionnaires du 25 juin 2024

 

 
Bonsoir à tous et à toutes, tout d’abord je voulais commencer par dire que la jeunesse, elle emmerde toujours le Front national !

On l’a bien vu dans les manifestations contre l’extrême droite ces dernières semaines : il y avait principalement des jeunes. Et nous, on comprend ces jeunes qui ont peur de voir le RN au pouvoir, qui craignent que Bardella ne devienne Premier ministre. Nous non plus, on n’a pas envie de voir toutes les politiques réactionnaires promises par le RN se mettre en place.

Car oui, il n’a pas fallu longtemps pour que le vernis social du RN craquelle. Bardella a déjà rétropédalé sur nombre de ses mesures sociales. Ça y est, il a arrêté de faire de la démagogie sociale !

Et c’est une vraie stratégie pour plaire aux patrons du Medef. La semaine dernière, tous les grands partis étaient auditionnés par le Medef pour les élections, et le RN a tout fait pour donner des gages au patronat, notamment sur l’âge du départ à la retraite.

Par contre son programme raciste, lui, reste intact. Il a annoncé que les binationaux seraient privés d’accès à certains postes « stratégiques » dans la défense ou la sécurité. L’extrême droite ressuscite le vieux mythe des « ennemis de l’intérieur » et jette le soupçon sur une partie de la population accusée d’être des agents de l’étranger.

Il y a encore quelques années, c’était les Juifs qui constituaient cette cinquième colonne imaginaire pour l’extrême droite, mais au RN de 2024, on camoufle son antisémitisme derrière une bonne dose de racisme envers les immigrés et leurs descendants. Ils prévoient déjà une « loi d’urgence » sur l’immigration et l’interdiction du droit du sol.

Et là c’est la surenchère de tous les côtés, on a Darmanin qui lui assure que cette mesure existe déjà car pour les postes sensibles genre renseignement intérieur, la binationalité serait une « faiblesse ».

Côté Macron, il a annoncé vouloir s’attaquer aux mineurs étrangers non accompagnés, sous-entendant qu’ils étaient responsables de la montée d’une insécurité que seules les chaînes d’extrême droite et leurs commentateurs semblent remarquer. D’après lui, il faut répondre au « sentiment de dépossession » des Français. Mais dépossession de quoi ? C’est le patronat qui nous dépossède chaque jour des richesses que nous produisons, pas les immigrés !

Avec ça, on comprend bien que le gouvernement de Macron n’est absolument pas un barrage à l’extrême droite, c’est même plutôt un toboggan qu’il sert à Bardella et Le Pen. Macron, c’est le premier responsable de la montée de l’extrême droite. Et ça depuis plusieurs années maintenant. Il n’y a qu’à se rappeler de la loi asile et immigration, ou encore de Darmanin qui trouvait que Marine Le Pen était trop molle.

D’ailleurs à propos de l’immigration, c’est Macron qui affirme que le programme du Nouveau Front populaire est un programme « immigrationniste ». Alors, sans parler du fait que le Nouveau Front populaire veut tout juste supprimer la loi asile et immigration, Macron reprend encore une fois le vocabulaire de l’extrême droite.

On a bien compris que personne ne voulait ouvrir les frontières et ça même la gauche le dit. Et c’est ça qui banalise les idées racistes, c’est à cause de toutes ces lois anti sociales et racistes que les flics se permettent de réprimer de plus en plus les jeunes dans les quartiers populaires.

La police ne fait pas que réprimer d’ailleurs, elle tue aussi, on pense à Adama, à Nahel l’été dernier ou encore Wanys plus récemment et combien d’autres avant eux ? Cette police raciste est là pour contrôler les classes populaires, elle sert à prévenir et à réprimer leurs révoltes et ça, elle peut même le faire en toute impunité. À cette police qui envahit nos facs et nos piquets de grève au moindre coup de fil d’un patron, Macron et son ministre de l’Intérieur Darmanin lui donnent carte blanche, bien évidemment avec l’approbation du RN.
Résultats des courses : le nombre de victimes de la police est en hausse depuis 2017, vous savez c’est depuis la loi votée par la gauche de Hollande qui a rendu l’emploi d’arme à feu moins strict pour les « refus d’obtempérer ».

Oui, le racisme est en vérité imposé d’en haut, il provient de 40 ans de politiques réactionnaires et anti-immigrés qu’elles soient de droite comme de gauche.

D’ailleurs ce racisme ambiant qu’on nous impose et que le RN continuera de renforcer, il ne sert qu’à diviser notre classe sociale. C’est pour ça qu’il ne faut pas qu’on se laisse faire et qu’on doit en retour porter haut et fort nos revendications communistes et internationalistes.

Se battre contre les idées racistes, c’est défendre le fait que les travailleurs n’ont pas de patrie, que « personne n’est illégal ». Et pour imposer une réelle égalité, seule la mobilisation de la classe ouvrière unie et de sa jeunesse pourra y parvenir.

La société capitaliste maintient le racisme dans le but de diviser les travailleurs et les travailleuses. Mais ce n’est pas le seul ressort réactionnaire à disposition de la bourgeoisie pour entretenir les divisions. Le système patriarcal qui opprime les femmes et les personnes LGBT continue de fragmenter la classe ouvrière.

Et sur ça, la majorité présidentielle ne fait que reprendre à son compte les discours les plus réactionnaires de l’extrême droite. Macron a blâmé le programme du Nouveau Front populaire qui propose le changement de mention du sexe à l’état civil de manière libre et gratuite. Il a déclaré, je cite, que c’était complètement « ubuesque d’aller changer de sexe en mairie ».
Disons-le, c’est transphobe et accompagné d’un mépris qu’il a littéralement copié à l’extrême droite comme un mauvais élève en manque d’inspiration.

Pourtant, c’est bien lui qui en 2022 disait vouloir une simplification du changement de genre. Il déclarait même que « la vie des personnes en transition ne doit pas être rendue plus complexe par des procédures administratives si elles sont inutiles ». En début d’année, il avait aussi jugé transphobe un projet de loi du groupe Les Républicains. Peut-être que choisir finalement de reprendre la même politique anti-trans de Bardella est sa manière à lui de faire « barrage » à l’extrême droite ?

En fait c’est de la démagogie, il court derrière l’extrême droite pour récolter des électeurs du RN. Macron suit le souffle du vent réactionnaire et l’alimente en espérant tirer son épingle du jeu, mais pas sûr que la copie ait plus de succès que l’original.

En effet, du côté de l’extrême droite, ils n’ont pas attendu le déclic réac de Macron pour pouvoir propager leur haine envers la communauté LGBT. D’ailleurs, ils ont aujourd’hui trouvé deux parfaites représentantes de cette haine : Marguerite Stern et Dora Moutot. Après avoir surfé sur la vague du féminisme, elles ont récemment sorti un livre complètement transphobe éditée par la maison d’édition Magnus. Cette maison d’édition est connue pour avoir édité plein d’autres auteurs de la fachosphère.

Ce livre raconte notamment que les femmes trans seraient des hommes qui se déguiseraient en femmes dans le but d’agresser des « vraies » femmes. C’est un ramassis de trucs ignobles.

En affirmant faire une enquête sur « les dérives de l’idéologie transgenre », ces deux influenceuses ont reçu des tribunes plus que chaleureuses dans les médias d’extrême droite. Ça va de CNews, à Valeurs actuelles en passant par le Livre noir.

Dans ce livre, elles partent du principe que le genre est avant tout une identité biologique quasiment réduite au sexe, et qu’on ne peut rien y faire. Et si tu n’es pas d’accord avec elles, elles te traitent de « woke », la dernière expression à la mode chez les réacs qui permet de discréditer un discours qui les dérange sans avoir à trop se creuser la cervelle.

En réalité, le genre dans cette société capitaliste qui exploite et qui opprime, est un produit de notre histoire et une construction sociale qui assigne certains rôles aux femmes. L’opposition entre hommes et femmes que l’extrême droite considère comme naturelle et qui est agitée dans tous les sens, permet de maintenir un système patriarcal qui exerce une domination des hommes sur les femmes et sur les personnes LGBT.

Alors, dans le cadre du mois des fiertés, le NPA-Révolutionnaires sera présent dans les prides pour se battre contre l’extrême droite. On sera présent pour dire que mettre fin aux oppressions dont sont victimes les personnes LGBT, passera par la lutte contre le capitalisme qui profite de ces oppressions et qui les reproduit.

D’ailleurs la cerise sur le gâteau avec ces deux-là, Moutot et Stern, c’est qu’elles se revendiquent féministes, et qu’elles sont même devenues la caution féministe de l’extrême droite. Alors comme ça on peut être d’extrême droite et féministe ? En tout cas ça arrange Bardella, vu qu’il a récemment fait appel aux femmes en disant que son programme est fait… pour nous. Fallait oser ! Va falloir arrêter de nous faire croire que le RN va servir la cause des femmes, il ne l’a jamais fait et ne le fera jamais.

L’extrême droite se bat contre l’accessibilité à l’IVG, elle se bat contre l’égalité salariale entre les hommes et les femmes. On ne l’entend jamais dans nos luttes, si ce n’est pour les discréditer. Elle a très vite renoncé à toucher à la réforme des retraites de Macron.

Pourtant, cette réforme sera beaucoup plus subie par les femmes qui sont contraintes d’accepter des postes à faible rémunération, faute de mieux. Elles seront obligées de travailler plus longtemps car elles occupent la majorité des temps partiels et parce qu’elles ont des carrières hachées.

En plus de s’attaquer aux femmes, l’extrême droite s’attaque aux femmes les plus précaires, aux femmes de notre classe.

L’extrême droite est un poison qui flatte dans la société capitaliste tous les vieux relents de sexisme et de racisme, hérités des siècles passés… et dont on souhaite, nous au NPA-Révolutionnaires, se débarrasser une bonne fois pour toute !

Si des avancées sont possibles dans le système capitaliste ou que certaines options électorales semblent moins pires que d’autres, ces avancées sont toujours susceptibles d’être menacées. On l’a vu avec la remise en cause du droit à l’avortement aux États-Unis depuis deux ans. Et elles seront toujours susceptibles d’être menacées tant que nous vivrons dans un monde dirigé par la bourgeoisie, pour ses profits, qui n’hésite pas à diviser en appuyant sur le sexisme et le racisme.

Pour toutes ces raisons, nous nous revendiquons d’un féminisme de classe. Parce que ce sera seulement par le renversement de toute cette société capitaliste que nous pourrons mettre fin à l’exploitation et à toutes les oppressions !