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Quand la Macronie prétend s’attaquer au harcèlement…

Suite à la révélation par BFM d’un courrier au ton menaçant envoyé par le rectorat de Versailles aux parents de Nicolas, un adolescent qui s’est suicidé, début septembre, à Poissy, dans les Yvelines, le gouvernement fait mine d’agir sur la question du harcèlement scolaire. Mais les annonces mercredi 27 septembre s’inscrivent sans surprise dans la droite ligne de sa politique : réactionnaires sur la forme, et sur le fond, un vaste écran de fumée, qui ne changera sans doute rien au quotidien des jeunes victimes de harcèlement.

Avant même les annonces gouvernementales, la manière d’intervenir concrètement sur le harcèlement dans certains établissements scolaires a donné le ton au mois de septembre : dans un collège d’Alfortville, suite à l’intervention de la police, un élève a quitté sa classe menottes aux poignets ; quelques jours plus tard, en Vendée, deux lycéens ont été interpellés par la police au sein même de leur lycée. Véran, porte-parole du gouvernement, a commenté les faits en déclarant : « C’est comme ça qu’on s’en sortira face au fléau du harcèlement, c’est comme ça qu’on protégera aussi nos enfants, en envoyant ces messages très forts. » Quel que soit le sujet, la matraque policière est la seule réponse envisagée par ce gouvernement. De même, il annonce la judiciarisation systématique des affaires de harcèlement scolaire : la saisine du procureur sera automatique en cas de signalement pour harcèlement et en cas de plainte déposée. Mais, d’une part, la justice ne peut être la réponse à tout, des médiations ou d’autres dispositions pourraient permettre de gérer ces questions autrement, selon les situations concrètes. D’autre part, les mesures annoncées sont, d’après les juges des enfants eux-mêmes, inapplicables. Se voir confisquer son téléphone portable ? Il sera très facile de s’en procurer un autre. Se voir banni des réseaux sociaux ? Idem. C’est bien plutôt sur le fond, sur la question du rapport aux autres qu’il faudrait travailler, mais cela le gouvernement n’en a pas véritablement l’intention. Mettre en place des cours d’empathie, comme vient de le proclamer Attal, nouveau ministre de l’Éducation, pour apprendre à ressentir ce que vit l’autre ? C’est un très bel effet d’annonce. Mais voilà qui colle bien mal avec la conception de la société véhiculée par la Macronie, où les « premiers de cordée » dominent, où les pauvres doivent effectuer 15 heures de travaux obligatoires par semaine pour toucher le RSA, et où l’on trouve normal de laisser des exilés se noyer en Méditerranée. « Mort aux faibles ! » Cette logique propre aux harceleurs est aussi celle du gouvernement, et plus généralement, de la société capitaliste.

C’est bien pour cela que le gouvernement ne met aucun moyen supplémentaire dans la lutte contre le harcèlement scolaire, de même qu’il ne met pas en œuvre les moyens nécessaires pour que l’Éducation nationale puisse fonctionner correctement. Ainsi, l’embauche de personnel supplémentaire dédié à la lutte contre le harcèlement n’est pas envisagée. Au personnel existant de se débrouiller, alors que règne déjà le sous-effectif : bien souvent, dans les établissements, il n’y a pas d’infirmières, pas de médecin scolaire, pas d’assistante sociale, ou alors, ils sont présents pour un nombre d’heures dérisoire dans chaque établissement. Quant aux professeurs, conseillers principaux d’éducation (CPE) ou surveillants, ils et elles ne sont pas formés sur ces questions et ont déjà trop d’élèves à gérer pour pouvoir se montrer suffisamment attentifs à ces questions. Comment repérer des situations de harcèlement à plus de 30 élèves par classe ? Si on est informé d’une question de harcèlement, comment passer le relais à une personne compétente pour prendre en charge le problème, s’il n’y a pas de personnel de la santé ou du travail social ? Comment apprendre à faire un cours sur l’empathie si l’on est pas formé ? Tout cela, le gouvernement n’en a cure. Tout ce qui compte pour lui, c’est de faire ses effets d’annonce et de se faire mousser sur la question. Ensuite, lorsque les choses ne s’amélioreront pas sur le terrain, il pourra rejeter la faute sur le personnel de l’éducation !

Lydie Grimal