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Éducation nationale : (Pas) tout travail mérite salaire

Au sein de l’Éducation nationale, la majorité du personnel a perçu son salaire vendredi 29 septembre, soit quelques jours avant le début du mois suivant, comme il est coutume. Toutefois, au sein de l’académie d’Orléans-Tours, alors que les factures tombent et que l’inflation bat son plein, de nombreux et nombreuses AED (assistants et assistantes d’éducation) et AESH (accompagnants et accompagnantes des élèves en situation de handicap) n’ont toujours pas reçu leur paie à ce jour, le jeudi 5 octobre.

Les AED et les AESH représentent l’échelon le plus bas dans l’Éducation nationale aussi bien sur le plan de la rémunération, 10,25 euros de l’heure alors que le Smic est à 11,52 euros, que pour le statut. Le statut d’AED est précaire, et ne donne accès à aucune évolution de carrière. Aussi, étant des contractuels à l’année, ces salariés sont dans un sursis permanent, n’ayant jamais de garantie de renouvellement, un moyen pratique à la disposition des chefs d’établissement pour calmer ou punir toutes les ardeurs.

À cela s’ajoute donc en début d’année scolaire une attaque supplémentaire contre elles et eux, l’absence de salaire qui concerne au moins une cinquantaine de personnes dans le Loir-et-Cher. Face à cette injustice et au mépris du rectorat pour comprendre leurs difficultés, certaines équipes de la vie scolaire ont débrayé et se sont mises en grève, afin de manifester leur mécontentement et l’urgence criante de recevoir leurs salaires.

Payer ? Pourquoi faire ?

Face à cette contestation, la seule réponse de l’académie a été qu’un acompte de 75 % serait mis en place dans les jours à venir, soit une semaine après le versement prévu. Néanmoins, cette promesse de 75 % n’est en rien une proposition satisfaisante. Alors qu’un grand nombre d’AED n’occupent pas de poste à temps plein, il devient vite périlleux de tenter de survivre tout un mois avec 75 % de 75 % du Smic, soit un peu moins de 800 euros. En ce contexte d’inflation et d’augmentation de la pauvreté, cette « petite erreur » du rectorat a des conséquences sociales et humaines graves. Aucune justification technique ou administrative ne peut excuser cette violence. Aussi pour le personnel de la vie scolaire, avec la casse du service public, c’est l’humiliation permanente.

Chaud à la vie sco !

Les équipes de la vie scolaire ont l’habitude des luttes sociales, elles se retrouvent souvent en première ligne des luttes de l’éducation, du fait de leur précarité. Là encore, il n’aura pas tardé avant que des débrayages et des grèves se déclenchent dans plusieurs établissements du département avec le soutien de la CGT Educ’Action. Ces premières actions sont l’embryon d’une coordination à construire afin de revendiquer une amélioration générale du statut.

Ces mobilisations ont donné lieu à une répression de la part des chefs et cheffes d’établissement voyant d’un mauvais œil une quelconque contestation dans leurs rangs. Sous forme de menaces, d’intimidation ou de sanctions de fait, les cheffes et chefs d’établissement tentent de faire taire la colère des AED/AESH qui pourrait rapidement déborder le seul cadre de ce retard de salaire.

C’est la faute au capitalisme !

Encore une fois, le vrai responsable de cette situation, c’est le capitalisme ! Les services administratifs sont débordés de manière chronique, car le gouvernement refuse les embauches pourtant nécessaires à leur bon fonctionnement. L’absence de salaire est l’une des conséquences de ces sous-effectifs. Ce système en crise ne l’est que parce qu’il permet à l’État d’économiser pour subventionner le patronat.

Il est urgent pour toutes et tous que la paie complète soit versée dans les plus brefs délais et que les surcoûts bancaires occasionnés soient pris en charge par l’État, seul responsable, en guise de compensation. Enfin, cet événement est également le témoin de la précarité et de la non-considération des AED et des AESH par le ministère de l’Éducation nationale. Il faut alors inscrire à la liste des revendications des augmentations de salaire et la création d’un véritable statut qui offre une sécurité aux travailleurs et travailleuses ! Il en reste pour l’instant l’ironie d’une institution qui vante aujourd’hui la bienveillance avec autant de mépris pour ses salariés.

Radu Varl