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Après la tuerie d’Arras, quelles réponses dans l’Éducation nationale ?

Trois ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty, la tuerie commise à Arras par un ancien élève vendredi dernier au lycée Gambetta d’Arras provoque effroi et indignation, particulièrement chez les travailleurs et travailleuses de l’Éducation nationale. Alors que le gouvernement, la droite et l’extrême-droite développent une rhétorique raciste et xénophobe pour justifier de nouvelles mesures sécuritaire et anti-immigrés, il est important de discuter de comment faire face à la situation.

Le mythe d’une école « sanctuaire »

Dans son discours, le gouvernement parle de l’école comme d’un « sanctuaire républicain » qui serait coupé du reste de la société. Il s’agit bien évidemment d’un mythe. Dans un monde capitaliste de plus en plus violent, avec la multiplication des guerres aux quatre coins du globe, et l’explosion des inégalités, les répercussions sur les conditions de travail du personnel et d’études des élèves sont évidentes pour tout le monde. Les dernières réformes – que ce soit Parcoursup, la réforme du lycée, la réduction de la carte de l’éducation prioritaire – ont renforcé le rôle de tri social de l’école dans la société capitaliste. Les réductions budgétaires ont abouti à des milliers de suppressions de postes dans tous les domaines ; les locaux sont dégradés, notamment dans les quartiers les plus populaires. Loin d’être un « sanctuaire », l’école concentre en un même lieu toutes les violences de la société capitaliste.

Refuser les mesures sécuritaires

Comme au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty, le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, l’a martelé : les élèves qui perturberaient l’hommage doivent être sanctionnés « le plus sévèrement possible », et faire l’objet d’un signalement systématique au procureur ! À l’opposé de toute pratique éducative, qui voudrait traiter ces questions par la discussion. Ce qui préoccupe le ministre, ce n’est absolument pas l’éducation, mais de légitimer de nouvelles mesures sécuritaires.

Ainsi, Darmanin a annoncé le renforcement de la « sécurité » des établissements, notamment par le déploiement d’effectifs de la force « Sentinelle ». Certains députés ont préconisé l’installation systématique de portiques devant les établissements. Bien évidemment, il n’est jamais question d’embaucher du personnel supplémentaire de vie scolaire, de pourvoir les postes d’infirmière et d’assistante sociale…

Ces mesures sécuritaires ne régleront certainement pas le problème. Tout d’abord, il faut rappeler que ces actes, ignobles et qui ne devraient jamais avoir lieu, restent isolés. Ce à quoi est confronté quotidiennement le personnel, ce sont des classes surchargées et des élèves qui accumulent de plus en plus de problèmes…

Remettre en avant les questions revendicatives

Alors que le gouvernement tente de surfer sur l’émotion légitime suscitée par cette nouvelle tuerie, nous devons chercher à remettre en avant les questions revendicatives. Comme il y a trois ans, Attal a d’abord tenté d’imposer la reprise immédiate des cours pour empêcher le personnel d’échanger, pour imposer ses modalités d’hommage et pour développer sa politique réactionnaire. Mais il y a trois ans, cet « hommage volé » à Samuel Paty avait définitivement discrédité le ministre Blanquer. Attal a donc préféré reculer et accorder deux heures de concertation… seulement dans les collèges et lycées.

Ces échanges entre personnel doivent être l’occasion de remettre en avant les problèmes de moyens et de souligner que l’augmentation de la violence n’est que le résultat de la politique gouvernementale. Dans de nombreux établissements, les vies scolaires sont en sous-effectifs, les postes d’infirmières et d’assistantes sociales ne sont pas pourvus, alors qu’elles sont les premières sur le pont pour traiter ces questions. Contre les solutions sécuritaires qui prônent le déploiement de policiers, il faut réclamer du personnel d’éducation en plus dans les établissements. Alors que le caractère sélectif de l’école s’est accru ces dernières années, il faut exiger l’abrogation des mesures de sélection, à commencer par Parcoursup.

Et plus généralement, dans un système de plus en plus inégalitaire et violent, où les travailleurs et travailleuses se voient de plus en plus dépossédés des moyens de décider de leur vie, nous devons rappeler que c’est avant tout en luttant contre cette société que nous pourrons en finir avec cette violence.

Ce lundi 16 octobre, dans plusieurs établissements sur le territoire, le personnel a refusé de reprendre les cours normalement, en se mettant en grève ou en exerçant son droit de retrait. Contre les injonctions du ministre à bâcler en deux heures un hommage à leur collègue assassiné, les travailleurs de l’Éducation ont remis en avant les revendications essentielles en termes de moyens humains et matériels.

Aurélien Perenna