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Prisonnier de Jérusalem, de Salah Hammouri

Libertalia, 2023, 144 p., 10 €

Sous-titré Un détenu politique en Palestine occupée, ce petit ouvrage est d’une actualité brûlante. Il donne la parole à Salah Hammouri, qui a passé plus de dix ans dans les prisons israéliennes avant d’être déporté vers la France en décembre 2022, en raison de sa double nationalité, franco-palestinienne. Le simple fait d’utiliser le mot « déportation » pour qualifier son bannissement de sa terre natale par les autorités de l’État israélien vaut à Salah de nombreuses actions des mouvements de l’extrême droite sioniste visant à l’empêcher de s’exprimer publiquement sur le sol français. Mais Salah n’est pas de ceux qui renoncent à se faire entendre. Les dix années passées dans les geôles de l’État colonial israélien, dont la plupart sous le régime de la « rétention administrative » (c’est-à-dire sans aucun procès), auraient pu largement le briser. Entre les épisodes de torture (privation de sommeil par exemple) et d’isolement dans des cellules sans ouverture, les périodes d’interrogatoire incessant, les grèves de la faim pour arracher quelques droits et l’absence de toute communication avec ses proches, Salah a su résister. C’est l’organisation collective qui a été décisive pour lui. Aux côtés des centaines d’autres détenus, des plus célèbres aux anonymes, qui pour certains ont déjà passé plus de 25 ans en prison, il a su poursuivre ses études universitaires et décrocher son diplôme d’avocat, perfectionner son français, sa langue maternelle, apprendre à fabriquer un oud avec des moyens de fortune et le cacher aux yeux des surveillants pendant plusieurs mois, dévorer des centaines de livres des grands auteurs de la littérature mondiale… Il faut savoir puiser tellement de force face à cet État colonial et son administration pénitentiaire qui ne rend pas les corps des détenus à leur famille si ceux-ci meurent avant l’expiration de la totalité de leur peine et congèle donc leur corps à la seule fin de faire durer l’attente jusqu’à l’insupportable. Il faut aussi savoir faire preuve d’humour cinglant vis-à-vis du représentant diplomatique français qui ne s’attend pas à subir une fouille à corps de la part des soldats israéliens lorsqu’il rend visite à Salah et qui se retrouve pourtant alors en caleçon comme tous les détenus palestiniens malgré ses protestations. Salah Hammouri est un combattant pacifique mais très déterminé. Ses armes sont les mots qu’il partage avec celles et ceux qui le lisent. Son combat pour la liberté du peuple palestinien inspire respect et affection. Lisez et faites lire Prisonnier de Jérusalem.

Marie Darouen