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The Old Oak, film de Ken Loach

Dans ce film qui s’annonce comme le dernier de sa formidable filmographie, Ken Loach raconte l’histoire d’une ancienne communauté minière du comté de Durham, qui a subi des années de déclin industriel, et explore les tensions produites au sein de la communauté par l’arrivée de réfugiés syriens. TJ Ballantyne, le propriétaire de The Old Oak, dernier pub encore ouvert du village, se lie d’amitié avec Yara, une passionnée de photographie. Cette jeune femme est arrivée récemment avec plusieurs autres familles qui ont fui la dictature de Bachar el-Assad et la guerre. Elles sont arrivées dans le village car, en raison de la désindustrialisation, le prix des logements est très bas dans le comté. Mais la solidarité réciproque que TJ et Yara se témoignent, et qu’ils veulent bientôt étendre à toute la communauté, déplaît à certains habitants, qui ont depuis longtemps oublié la fraternité ouvrière… et qui s’opposent à leurs tentatives d’unir les pauvres, quelles que soient leurs origines. La population du village se retrouve alors en conflit, les uns voulant réagir à leur misère commune en mettant en place un réseau d’entraide, les autres se montrant de plus en plus hostiles.

Ce film extrêmement touchant nous confronte à la dureté de l’existence ouvrière, dont certains se remémorent avec amertume le temps des combats sociaux collectifs, des grèves ouvrières, un temps qui contraste avec une actualité de chômage de masse et de grande misère, le tout aggravé par la division. TJ Ballantyne se rappelle les grèves menées en 1984-1985 contre la politique de fermeture des mines de charbon menée par Thatcher, et de l’importance de l’entraide. D’autres opprimés, venant de l’autre bout du monde, sont déchirés par la destruction de leur pays, et ne veulent qu’une chose : cicatriser tant bien que mal de la barbarie vécue pour construire une autre vie, à l’abri des bombes et de la prison. C’est l’ascension de la démoralisation à l’espoir que dépeint ce film, ou plutôt l’affrontement entre l’espoir solidaire et le désespoir qui mène à la xénophobie et au racisme.

Une nouvelle fois, l’art de Ken Loach nous fait un bien fou, et nous rappelle que la solidarité ouvrière n’est pas un vain mot. Son film est un hymne au monde pour lequel on se bat : un monde sans misère, car sans frontière. Rien ne l’exprime mieux que les mots de Yara : « quand on mange ensemble, on se serre les coudes ! ».

Martin Eraud