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Quelle issue pour les populations de Palestine mais aussi d’Israël ?

D’un côté un État colonial, avec un gouvernement d’extrême droite, qui mène une guerre d’extermination. De l’autre, la lutte légitime du peuple palestinien pour son existence, mais avec à sa tête une organisation fondamentalement réactionnaire. Les perspectives semblent bouchées pour les peuples de la région.

La lutte du peuple palestinien rencontre un immense écho dans le monde, en particulier dans le monde arabe, et elle a déstabilisé plus d’une dictature dans cette région. Mais cette lutte n’a pas pour l’instant débouché sur une lutte indépendante de la classe ouvrière, ni en Palestine, ni dans les pays arabes, où tous les pauvres regardent avec espoir la lutte du peuple palestinien. Ni en Israël : aucune lutte commune des travailleurs israéliens et palestiniens, qui travaillent pourtant côte à côte pour les mêmes patrons et ont un ennemi commun, cet ordre impérialiste au service duquel sont les dirigeants de tous les États de la région.

Car c’est cet ordre qui est responsable de la situation. Et l’oppression nationale n’est d’ailleurs qu’un des aspects, un des outils de l’oppression sociale. Parler d’internationalisme, de lutte commune dépassant les frontières du petit Israël et de ces territoires palestiniens occupés par lui, alors que des centaines de milliers de Palestiniens vivent exilés dans les pays voisins et en Israël même, dépassant les frontières d’origine ou de religion, est indispensable pour poser les jalons d’une société où chacun pourra vivre sans se sentir menacé en tant qu’Arabe ou en tant que Juif. Beaucoup, même parmi ceux que révolte le sort du peuple palestinien, préfèrent se retrancher dans la défense d’un point de vue humanitaire : la paix ! Mais c’est seulement le combat commun des opprimés qui peut l’apporter.

En Israël, colère contre le gouvernement, mais de bien faibles voix demandant l’arrêt du massacre

Certains témoignages qui nous parviennent d’Israël reflètent une véritable colère contre le gouvernement de Netanyahou, sans doute parce qu’il n’a pas empêché les crimes du 7 octobre et se moque éperdument du sort des otages kidnappés par le Hamas. Contre le sort fait aux Gazaouis, ils étaient quelques centaines d’Israéliens à manifester dimanche 29 octobre devant le quartier général de l’armée pour réclamer un cessez-le-feu.

Quelques centaines, c’est peu dans un pays où, il y a à peine plus d’un mois, des centaines de milliers de personnes défilaient contre Netanyahou. Des voix s’élèvent, bien sûr, par exemple dans les colonnes du quotidien Haaretz. Mais, pour l’heure, le fracas des bombes les étouffe.

L’ampleur du massacre ainsi que les manifestations dans le monde exigeant que cela cesse, les manifestations de Juifs, en particulier de new-yorkais dont les liens avec Israël sont étroits, affirmant : « Pas en notre nom »… Peut-être tout cela aboutira-t-il à ce que les Israéliens ouvrent les yeux sur ce qui se fait, en leur nom justement. En espérant qu’il ne soit pas trop tard.

Il manque une politique de classe et internationaliste…

Côté palestinien, l’heure n’est plus à la contestation du Hamas comme dans les semaines qui ont précédé le 7 octobre. En Cisjordanie, le rejet de l’Autorité palestinienne et de son chef complètement discrédité, Mahmoud Abbas, risque fort d’aboutir à un Hamas grandi aux yeux des Palestiniens.

En Israël, au vu de l’horreur du massacre en cours, réclamer l’arrêt de la guerre peut – en tout cas c’est à espérer – finir par fédérer une partie de la population israélienne. Mais cela ne changera pas la politique qui a conduit à la situation actuelle.

Poser aujourd’hui les problèmes en termes de classe n’est guère évident, à un moment où les bombes rendent inaudible tout discours autre que belliciste. Le premier combat qui s’impose néanmoins est celui contre l’occupation. C’est en luttant contre celle-ci que les travailleurs palestiniens ont déjà acquis la solidarité de bien des travailleurs de toute la région, et au-delà. C’est aussi cette lutte qui, demain, peut entraîner l’adhésion d’une fraction de la population israélienne qui prendrait conscience de l’impossibilité de vivre « en paix » au sein d’une puissance d’occupation brutale. Une lutte commune contre la colonisation et ses conséquences unifierait les travailleurs de toute la région derrière un même objectif. Il faudra trouver la voie d’une lutte sur un terrain internationaliste, sur un terrain de classe pour débarrasser la planète de tous les fauteurs de guerres, ces gouvernants – au premier rang desquels les puissances impérialistes occidentales – qui voient dans l’expansion territoriale ou la soumission d’un autre peuple un moyen d’étendre le domaine d’exploitation de leur bourgeoisie, dans les oppositions religieuses racistes ou nationales un moyen de diviser entre eux les exploités et dans le nationalisme une façon de garantir leur fief. Il est donc essentiel que la voix des révolutionnaires, une voix de classe se fasse entendre.

… qui pourrait résonner avec les révoltes populaires partout dans le monde

Les travailleurs israéliens payent un lourd tribut à l’économie de guerre permanente par des prix élevés et des bas salaires. S’il y a bien moins d’ouvriers palestiniens travaillant en Israël qu’avant la deuxième intifada, il en reste 140 000 qui côtoient des travailleurs juifs israéliens, mais aussi arabes israéliens ou chrétiens israéliens, ainsi que des travailleurs venus de Thaïlande, du Népal, des Philippines1. Le climat qui prévaut actuellement en Israël n’est évidemment pas propice à des luttes communes des travailleurs israéliens et palestiniens. Mais, objectivement, les éléments sont là, et des luttes communes contre des exploiteurs communs seraient un point de départ pour le combat pour un avenir commun autre que celui préparé par l’impérialisme et ses représentants locaux.

La lutte du peuple palestinien a, dans le passé, suscité un immense espoir et, aujourd’hui, elle résonne avec la vague de soulèvements des classes populaires dans le monde entier : au Chili, au Liban, en Algérie, en Turquie, au Sri-Lanka, en Iran. Les mêmes conditions d’exploitation et d’oppressions exacerbées suscitent la colère des classes populaires partout dans le monde à commencer par la poudrière du Moyen -Orient et en Afrique du Nord, où la population est particulièrement attentive à la situation du peuple palestinien. Et les Palestiniens sont présents non seulement dans les pays arabes, mais de quelques dizaines de milliers à plusieurs centaines de milliers, ils sont au Pakistan, en Turquie, en Azerbaïdjan, dans les pays du Golfe, en Algérie, et aussi dans l’Union européenne, aux États-Unis, au Chili…

Les manifestations massives dans le monde entier montrent que la brutalité de l’intervention israélienne suscite partout l’indignation des classes populaires et un sentiment de solidarité avec les Palestiniens qui cherche à s’exprimer. C’est le moment où jamais d’offrir une réelle perspective de classe et internationaliste.

Pour l’heure, en ce qui nous concerne ici, il s’agit donc de tout faire pour que la mobilisation s’organise et s’amplifie. Aujourd’hui, il s’agit d’obtenir que s’arrête le massacre des Gazaouis. La mobilisation internationale peut y contribuer. Mais c’est l’occupation israélienne elle-même qui doit prendre fin.

Jean-Jacques Franquier

 

 


 

 

Cet article a été publié dans le numéro 7 de Révolutionnaires, dans le cadre d’un dossier sur la Palestine.

Sommaire du dossier sur la Palestine du numéro 7 de Révolutionnaires

 

 

 

 

1 Parmi ces derniers, nombreux sont ceux qui, avec le déclenchement de la guerre actuelle, ont préféré rentrer dans leur pays, laissant des milliers d’emplois vacants.