La grève de six semaines de l’automobile s’est terminée le week-end du 25 octobre avec l’annonce d’un accord conclu pour un nouveau contrat avec Ford. Quelques jours plus tard, le syndicat des travailleurs de l’automobile, l’UAW, a annoncé des accords avec les deux autres entreprises des Big Three, General Motors et Stellantis.
Les nouveaux contrats de l’UAW prévoient une augmentation de salaire immédiate de 11 % pour tous les travailleurs de production qui touchent déjà le salaire le plus élevé, de 32 dollars de l’heure. Ceux qui gagnent moins recevront des augmentations proportionnellement plus importantes. L’ancien contrat comportait deux barèmes différents (deux « niveaux »), l’un pour les travailleurs embauchés avant 2007 et l’autre, inférieur, pour ceux qui ont été embauchés après. Tous les travailleurs de la production ayant au moins quatre ans d’ancienneté gagneront le même salaire horaire à l’expiration des conventions collectives en 2028. D’ici-là, le syndicat estime que le salaire le plus haut, ajustements en fonction de l’inflation compris, sera de 42 dollars de l’heure. Malgré tout, cela ne compense pas les pertes dues aux importantes concessions sur les salaires acceptées par l’UAW en 2007.
Dès que les accords de principe ont été annoncés, l’UAW a demandé à tous les grévistes de reprendre travail et de les valider par leur vote.
Stellantis a accepté de rouvrir une usine fermée au printemps et a réembauché les travailleurs licenciés. Mais, avec le passage à l’électrique, les travailleurs de l’automobile sont inquiets pour leurs emplois. Les constructeurs ont convenu de placer certaines des nouvelles usines de batteries et de production électriques dans le cadre de la convention collective, mais pas toutes : les Big Three veulent profiter de cette transition pour imposer des salaires et des avantages sociaux bien inférieurs aux normes syndicales, en implantant des usines dans des régions où les travailleurs sont peu syndiqués. Des entreprises non syndiquées1 comme Toyota produisent 60 % des véhicules neufs vendus aux États-Unis.
Bien que la façon dont l’UAW a organisé la grève, du haut vers le bas (« top-down ») n’a rien de nouveau, la rhétorique remarquée de la lutte des classes du président du syndicat nouvellement élu, Shawn Fain, a plus aux travailleurs des entreprises américaines. Cette grève a été observée de partout, y compris en Europe. La tactique du syndicat ne permettait pas aux travailleurs de base d’avoir leur mot à dire. La rupture de Shawn Fain avec le discours habituel a été appréciée par les travailleurs. Mais, pour relever les défis lancés par une industrie en transition, il leur restera à conquérir le contrôle sur leurs propres luttes.
Article de nos camarades américains du groupe Speak Out Now, 6 novembre 2023, paru dans le numéro 7 de Révolutionnaires
1 Aux États-Unis, le droit d’implanter un syndicat dans une entreprise n’est pas automatique : il faut auparavant un vote majoritaire des travailleurs de l’entreprise.