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Quand les étudiants galèrent pour se loger

À Bidart (64) et à La Roche-sur-Yon (85), pour la rentrée scolaire, des étudiants se retrouvent logés dans un camping. Il ne s’agit pas de vacances qui se sont prolongées mais bien d’un indicateur flagrant, s’il en fallait encore, des difficultés pour les étudiants à se loger dignement.

Crous abandonné : les entreprises de l’immobilier privé se frottent les mains

Comme chaque année, les étudiants à la recherche d’un logement pour leurs études vont au-devant de plus en plus de problèmes. À commencer par le manque d’offre : en 2023, on dénombrait un logement en cité universitaire pour 17 étudiants. Seulement 6 % des étudiants sont logés par les Centre régionaux des œuvres universitaires et scolaires, les Crous ; proportion qui ne dépasse même pas 25 % dans le cas des étudiants boursiers, alors que les logements sont censés leur être attribués par ordre de priorité en fonction de leur échelon.

Malheureusement, les difficultés de logement pour les étudiants ne s’arrêtent pas là. Les problèmes d’insalubrité sont monnaie courante dans les logements Crous, par manque de personnel et de moyens mis en place. Les témoignages d’étudiants ayant eu affaire à des punaises de lit, à de la moisissure, et même à des rats se multiplient. Ces questions sont souvent traitées tardivement par le bailleur, ce qui entraîne des frais supplémentaires pour les étudiants qui cherchent à s’en débarrasser par eux-mêmes. La plupart des résidences ont été construites à la va-vite et sont de plus vétustes ou ont été mal rénovées et, quand elles le sont, le prix du loyer prend facilement une centaine d’euros.

Cet été, des étudiants logés par le Crous avaient carrément été informés que leur logement serait réquisitionné pour les JO de 2024. Cette décision a heureusement été suspendue par le tribunal administratif de Paris devant la portée scandaleuse d’une telle mesure.

Dans cette histoire, ce sont, sans grande surprise, des promoteurs privés, comme le groupe de Patrice Pichet, 71e fortune de France, qui tirent leur épingle du jeu et en profitent pour construire des logements, qui seront également gérés par des grands groupes comme Nexity et dont le loyer sera bien plus cher pour un service d’une qualité similaire (jusqu’à 700 euros pour un studio sur le plateau de Saclay). Pour pouvoir s’y loger, nombre d’étudiants en viennent à sauter des repas : 20 % d’entre eux vivent déjà sous le seuil de pauvreté et le logement pèse lourd dans leur budget, tandis que les APL (aides au logement) ne sont pas revalorisées à hauteur de l’inflation.

Une situation pourtant prévisible

Alors que le nombre d’étudiant augmente et qu’ils sont de plus en plus amenés à entamer des études loin de chez leurs parents par les hasards de ParcourSup, Macron, lors de son précédent mandat, n’a pas tenu ses engagements en matière de logement étudiant. Il annonçait en 2017 60 000 nouveaux logements, or à peine plus de la moitié ont effectivement été construits cinq ans plus tard.

Le manque d’offre en logements s’est aussi aggravé avec l’interdiction de la location de passoires thermiques en janvier. Eh oui, au lieu de rénover, les propriétaires préfèrent sortir les biens du marché ! Cette situation de pénurie repousse les étudiants toujours plus loin de leurs lieux d’études, augmentant ainsi souvent le temps de transport, jusqu’à parfois plusieurs heures par jour. Malgré tout cela, Sylvie Retailleau, ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, a dit sans sourciller lors de sa conférence de presse du 8 septembre : « Nous avons bien progressé sur chacun des axes qui permettent d’améliorer [les] conditions de la vie étudiante. » Un logement décent pour tous serait la moindre des choses avant d’oser se livrer à de telles affirmations ! Mais, pour cela, il faudrait s’attaquer au problème des trop nombreux logements vacants et aux prix exorbitants du parc privé ! Impensable pour le gouvernement !

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 6, octobre 2023)