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Vers un salaire minimum en Italie ?

L’Italie fait partie des six pays de l’Union européenne (sur 27) où il n’existe pas de salaire minimum légal.

En juillet, l’opposition a déposé un projet de loi pour l’introduction d’un salaire minimum de 9 euros brut (environ 7,5 euros net) de l’heure. Elle s’est livrée, lors du débat parlementaire, à une virulente bataille verbale contre la droite, hostile au salaire minimum, bien que le Parti démocrate et le Mouvement 5 étoiles, à l’origine de cette proposition, n’aient jamais proposé de loi dans ce sens quand eux-mêmes étaient au gouvernement.

Invitée, en mars dernier, au congrès de la CGIL (Confédération générale italienne du travail), Meloni avait défendu son opposition au salaire minimum, en disant qu’elle préférait faire confiance à la négociation entre les « partenaires sociaux », lors du renouvellement des conventions collectives (qui n’existent pas dans toutes les branches et ne sont pas toujours appliquées lorsqu’elles existent). Finalement, elle a demandé à tous les partis de réfléchir à une proposition commune, et que la discussion reprenne en septembre.

Des statistiques qui cachent mal les disparités

Selon les statistiques 2,6 millions des salariés italiens (21 % du total) ont un salaire inférieur à 9 euros brut de l’heure. Si, dans les grandes entreprises, les minimums des grilles de salaires sont la plupart du temps plus élevés, ce n’est pas le cas dans de nombreux autres secteurs. Le pire étant le sort des travailleurs immigrés, employés en été à la récolte des tomates pour 3 ou 4 euros de l’heure.

Mais, en réalité, même ceux qui gagnent plus de 9 euros de l’heure doivent souvent vivre avec un revenu de misère, du fait des contrats précaires ou à temps partiel imposé, C’est particulièrement vrai dans la restauration, l’aide à domicile, l’agriculture ou la logistique. Sans parler du travail au noir ou des faux « auto-entrepreneurs » employés en sous-traitance.

Une loi d’initiative populaire ?

De leur côté, les organisations de la gauche « radicale » : Potere al Popolo et l’Unione Popolare, soutenues par Sinistra Anticapitalista1, ont lancé une campagne de signatures pour déposer une loi d’initiative populaire, comme le permet la Constitution italienne : « une loi qui impose un salaire minium à 10 euros ».

« Pourquoi 10 euros, et non 8, 9 ou 11 ? », demandent-elles ? Elles expliquent qu’il s’agit de 80 % du salaire médian en Italie, ce qui constituerait « un pourcentage digne, qui, selon les études scientifiques, n’aura pas d’effet négatif sur l’emploi ».

Toujours selon ces organisations : « Un salaire minimum de 10 euros est le minimum de la dignité. »

Il n’y a aucune raison pour que les travailleurs, qui produisent toutes les richesses dans cette société, doivent se contenter « du minimum de la dignité ». Mais, même si les 50 000 signatures nécessaires seront probablement dépassées, il n’y a aucune chance pour que cela aboutisse réellement au vote d’une telle loi. Puisqu’en pratique, la majorité parlementaire, de droite et d’extrême droite actuellement, n’a aucune obligation de se prononcer sur cette proposition (la loi prévoyant qu’elle peut déposer un « amendement suppressif ») et aucune raison de voter pour. « Donner la parole au peuple » oui, mais ce sont les parlementaires qui auront le dernier mot.

Ce n’est pas au Palazzo Montecitorio2 que les travailleurs auront satisfaction, mais par leur lutte. Eux seuls ont le pouvoir d’imposer l’augmentation des salaires et leur garantie contre la hausse des prix par l’échelle mobile, qu’ils avaient obtenue après les grèves de l’« automne chaud » de 1969.

Thierry Flamand

 

 


 

 

1 Section italienne de la IVe Internationale (ex-Secrétariat unifié)

2 Siège de la Chambre des députés.