En poche
Les Exportés, de Sonia Devillers
J’ai Lu, 7,60 euros
Ou comment la Roumanie « communiste » de Ceaucescu a « vendu » dans les années 1960 ses ressortissants juifs qui voulaient quitter le pays… contre du matériel agricole, des porcs, etc. Une plongée dans l’histoire familiale de l’autrice, journaliste (matinale de France Inter), dans ce que cela signifiait qu’être juif à cette époque en Roumanie.
L’étrange disparition d’Esme Lennox, de Maggie O’Farrell
10-18, 8,60 euros
De nos jours en Écosse, une jeune femme découvre l’existence d’une grand-tante, enfermée dans un asile psychiatrique depuis soixante-et-un ans, qui a disparu pour toute la famille.
Grand format
Le portrait de mariage, de Maggie Farrell
Belfond, 2023, 23,50 euros
La romancière britannique, d’origine irlandaise, romance ici le destin tragique de Lucrèce de Médicis (1544-1561) donnée en mariage à l’âge de 15 ans à Alphonse, duc de Ferrare et décédée un an plus tard. De tuberculose ou empoisonnée comme un poème de Browning l’a suggéré. Maggie O’Farrell fait de Lucrèce un personnage rebelle, qui ne veut pas se marier avec un inconnu, prise au piège de sa condition de femme, reproductrice, qui doit engendrer au plus vite un héritier pour de sombres raisons de succession. Un roman historique à forte dimension féministe.
À lire de la même autrice : Hamnet
10-18, 8,90 euros
Sur le fils de Shakespeare, qui lui inspira sa tragédie Hamlet. Il y est question de la rencontre entre Shakespeare et Anne Hathaway, qui va devenir sa femme, mais aussi de la vie dans l’Angleterre rurale du XVIe siècle et d’une grande épidémie de peste.
Les romans de Maggie O’Farrell ont tous une langue belle et parfois poétique et des descriptions très justes des relations humaines et de la psychologie.
Triste Tigre, de Neige Sinno
POL, 20 euros
Ce témoignage-essai a fait beaucoup parler et a reçu plusieurs prix littéraires (le Femina et le Goncourt des lycéens), mérités.
L’autrice y raconte l’inceste dont elle a été victime pendant huit longues années, de la part de son beau-père. Elle s’interroge sur la façon de relater l’indicible, sur les traces laissées, sur elle comme sur d’autres et sur la personnalité de son beau-père. La dénonciation de la famille comme lieu des emprises et des violences, mais aussi de notre société patriarcale, y est très claire. Un ouvrage difficile mais nécessaire.
Faire bientôt éclater la terre, de Karl Marlantes
Calmann Levy [Note : paru début 2024 au Livre de poche, 12,90 €]
Ce pavé de huit-cent-cinquante pages nous emmène au début du XXe siècle de Finlande aux États-Unis. Ilmari, Matti et leur sœur Aino fuient la misère et l’oppression russe qui règnent dans leur pays, la Finlande, et émigrent près de la Columbia River, entre les États de l’Oregon et de Washington, dans une colonie de bûcherons. Ils y découvrent une vie très dure, d’exploitation féroce, mais aussi la solidarité et les luttes. Aino, devenue marxiste en Finlande, va tenter d’organiser les travailleurs de la colonie, rejoignant les IWW (syndicat révolutionnaire, s’opposant au syndicalisme corporatiste d’alors). La quête d’une vie meilleure les anime, chacun à sa façon, au milieu de la violence du jeune capitalisme américain.
Liliane Laffargue