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Solidarité avec la Palestine en Allemagne, malgré la répression

En Allemagne, le soutien à Israël fait officiellement partie de la « raison d’État ». La ministre des Affaires étrangères Baerbock et le chancelier Scholz se sont empressés de se rendre à Tel-Aviv les 13 et 17 octobre pour assurer tout leur soutien à Netanyahou, alors que la réaction meurtrière de l’armée israélienne à l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre était déjà bien engagée.

Politiciens, politiciennes et grands médias en Allemagne mènent une campagne anti-palestinienne qui dénonce toute solidarité avec le peuple palestinien en la présentant comme un soutien au Hamas ou tout simplement comme antisémite. À Berlin, la ministre régionale de l’Éducation est même allée jusqu’à interdire le port du keffieh dans des écoles !

République fédérale oblige, la situation légale concernant les manifestations pro-palestiniennes est un peu différente selon les régions. En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, par exemple, davantage de manifs étaient admises qu’à Berlin, où toute manifestation de solidarité avec les Palestiniens a été systématiquement interdite entre le 8 et le 20 octobre, même quand c’étaient des juifs (antisionistes) qui y appelaient, ou même si les organisateurs s’étaient distancés explicitement du Hamas. La formulation standard de la police pour interdire toutes ces manifs était qu’il y aurait un « danger imminent, que le rassemblement donne lieu à des exclamations incitant à la haine, à l’antisémitisme, à une glorification de la violence, à la propagation d’une disposition à la violence et donc à des intimidations et des actes de violence ». Et les tribunaux ont confirmé ces interdictions.

Cela n’a pas empêché les rassemblements spontanés. D’autant plus qu’à Berlin il y a, depuis les années 1980, l’une des communautés palestiniennes les plus nombreuses d’Europe, du fait qu’à l’époque où la guerre civile, au Liban, était particulièrement meurtrière pour les habitants des camps de réfugiés palestiniens, il était assez facile et bon marché de prendre l’avion de Beyrouth à Berlin-Est et, ensuite, de traverser la frontière pour s’installer à Berlin-Ouest.

C’est surtout à Neukölln, le quartier berlinois qui compte la plus grande communauté arabe, que des rassemblements ont eu lieu, régulièrement réprimés par la police. Mais déjà le dimanche 15 et le mercredi 18, il y a eu des rassemblements d’un millier de manifestants que la police n’a pas réussi à empêcher.

Le samedi 21, pour la première fois, une manif était officiellement tolérée ; elle a réuni entre 3 500 et 5 000 personnes. Depuis il y a eu, chaque samedi, des manifestations encore plus importantes : le samedi 28 octobre la police a annoncé 11 000 manifestants, et pour samedi dernier 4 novembre elle n’a parlé que de « plus de 8 500 », mais tous ceux qui ont participé aux deux manifs ont pu constater que la dernière était bien plus importante que la précédente !

À Düsseldorf, capitale de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, les chiffres officiels étaient de 7 000 pour le samedi 21 octobre et de 17 000 pour le 4 novembre.

Les manifestants sont à chaque fois pour une grande majorité des membres des communautés arabes, mais l’extrême-gauche au sens large y est également bien représentée. Comme tous les slogans « anti-Israël » restent interdits, on y entend surtout « Free, free Palestine ! », « Viva, viva, Palestina ! » et, ces derniers jours, « Stop the genocide ! »

Tony Robert

 

(Article paru dans Révolutionnaires, numéro 7, novembre 2023)