Nos vies valent plus que leurs profits
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Valdunes : la colère ouvrière gronde

En ce vendredi 1er septembre, la fumée noire d’un feu de palette est visible dans tous le Valenciennois. Sur cette terre de métallurgistes, de nombreux ouvriers se sont donné rendez-vous à l’appel de la CGT devant l’usine Valdunes de Trith-Saint-Léger qui fabrique des roues et des essieux pour trains. Les ouvriers de Valdunes sont nombreux et en habit de travail. Ils viennent du site de Trith-Saint-Léger qui usine les pièces, mais aussi de l’usine proche de Dunkerque qui forge le métal. Ils sont rejoints par plusieurs dizaines d’ouvriers des entreprises des alentours comme PSA, Alstom, Toyota et d’autres.

Les raisons de la colère

Les 350 ouvriers des deux usines de Valdunes sont inquiets de voir leur usine fermer après que le principal actionnaire chinois a annoncé se retirer à la fin de l’année. Le groupe de métallurgie chinois MA Steel, au chiffre d’affaires qui se compte en milliards, a racheté Valdunes en 2014, avec l’objectif d’acquérir les brevets et le savoir-faire avant de se désengager aujourd’hui. La colère est mille fois légitime contre ces grands groupes capitalistes qui jouent avec la vie des travailleurs pour maximiser leur profit. D’autant que l’État français a arrosé de subventions MA Steel avec l’argent public sans jamais exiger quoi que ce soit. Depuis 2018, l’entreprise a touché 2,6 millions d’euros de CICE, la mal nommée aide pour l’emploi, alors que dans le même temps elle supprimait 150 postes. En 2022 l’État a encore versé 1,4 million d’euros de crédit d’impôt recherche, sans qu’il n’y ait aucun investissement ni recherche sur le site.

Le non-sens écologique

La menace de fermeture de l’usine paraît d’autant plus aberrante que le réchauffement climatique devrait imposer la production massive de transport collectif, notamment ferroviaire, dans les prochaines années. Et que l’usine Valdunes se situe au cœur d’un bassin industriel connecté avec le rail, que ce soit pour la fabrication de rames et engins moteurs (Bombardier, Alstom), pour le transport de marchandises (Toyota, Inorec) ou le transport de voyageurs (SNCF). Toutes ces entreprises ont des besoins directs ou indirects en roues et essieux qu’ils devront aller chercher beaucoup plus loin au nom de l’intérêt de quelques actionnaires.

L’impasse du projet industriel

Devant l’usine où quelque 300 ouvriers sont rassemblés, Sophie Binet, la secrétaire nationale de la CGT prend la parole. Pour la dirigeante CGT, il faut mettre en avant un bon projet industriel en prouvant que Valdunes est une entreprise rentable et concurrentielle et ainsi trouver un bon repreneur. L’arme ultime dégainée en cas d’échec, c’est la nationalisation de l’entreprise par l’État. Mais ces deux solutions sont des impasses. Les travailleurs savent bien que la valse des repreneurs est avant tout un prétexte pour les patrons qui viennent se servir, prennent les subventions et partent après avoir pillé tout ce dont ils avaient besoin. C’est l’ADN même des capitalistes, qu’ils soient français, allemands, italiens ou chinois de maximiser leur profit en supprimant des emplois. Quant à la nationalisation, les ouvriers du Valenciennois n’ont pas oublié les grands plans de restructuration de la métallurgie des années 70 et 80, quand l’État avait lui-même supprimé des milliers d’emplois au nom de la compétitivité.

Pas de fermeture d’usine, pas un licenciement !

Que ce soit face à MA Steel, à un nouveau repreneur ou à l’État, les travailleurs devront imposer qu’aucun emploi ne soit supprimé dans les deux usines de Valdunes. En faisant payer ceux qui se sont gavés sur le travail des ouvriers pendant des années, à commencer par l’actionnaire chinois multimilliardaire mais aussi toutes les boites qui ont profité du travail des ouvriers de Valdunes comme la SNCF ou Alstom. Dans cet objectif, les travailleurs ne pourront compter que sur leur propre force et en aucun cas sur les belles promesses d’un ministre ou d’autres politiciens. À Valdunes les ouvriers ont déjà commencé à entrer dans l’action en mai par une grève reconductible. Celle-ci avait fait peur à l’entreprise qui, craignant de ne pas pouvoir honorer ses dernières commandes, avait lâché une prime de 1000 euros par mois. Depuis lundi, plusieurs dizaines d’ouvriers sont de nouveau en grève reconductible. Ils ont pu se réunir à 70 en assemblée générale pour discuter de la suite de leur mouvement et proposent un rassemblement mercredi à Paris. Ils savent qu’il reste encore des machines qui valent plusieurs millions d’euros à l’intérieur de l’usine. Leur force pourrait être décuplée s’ils trouvent les moyens de s’adresser aux dizaines de milliers d’ouvriers de la métallurgie dans la région.

C’est en tout cas cette perspective d’un mouvement général de la classe ouvrière contre les fermetures d’usines et les licenciements qui pourrait stopper les plans du patronat.

Correspondant