En 2024, 912 personnes sans domicile, vivant à la rue ou en centre d’hébergement, sont mortes, à un âge moyen de 48 ans, selon le collectif des Morts de la rue. C’est 16 % de plus que l’année précédente. Comment ne pas faire le lien avec la multiplication des expulsions locatives depuis que la loi Kasbarian de 2023 a accéléré les procédures et criminalisé les impayés de loyer ? En 2025, 140 000 procédures d’expulsion ont été engagées, en hausse de 11 % sur un an, et 24 556 ont été exécutées manu militari par la police, en hausse de 26 % ! Kasbarian, député macroniste, a ouvertement revendiqué à l’Assemblée début novembre « être du côté de la propriété privée ». Mais cette propriété des riches n’est que la privation pour le grand nombre ! En France, un quart des ménages concentre la propriété de 68 % des logements. 180 000 familles en possèdent plus de dix, totalisant 8,3 % des logements, soit quatorze fois plus que leur part dans la population. Cette propriété permet à quelques héritiers de s’enrichir sur le dos des classes populaires.
Le logement est un besoin vital, mais dans la société capitaliste il est livré à la spéculation et à la boulimie des rentiers. Entre le loyer, l’eau et l’énergie, les dépenses consacrées au logement n’ont cessé de croître. Elles représentent aujourd’hui 30 % du budget des ménages en moyenne, mais cette part est nettement supérieure pour les classes populaires. D’autant que la précarité et le racisme de nombreux bailleurs livrent un grand nombre de travailleurs, de travailleuses et de familles aux marchands de sommeil, qui profitent des difficultés d’accès au logement pour louer des taudis à prix d’or.
La politique de Macron et de ses prédécesseurs est directement responsable de cette situation. La construction de logements est à un niveau historiquement bas, à l’image du budget public qui y est consacré1. Le budget des HLM ne permettra de financer au mieux que 75 000 nouveaux logements par an dans les années qui viennent, contre 124 000 il y a dix ans, tout en ne rénovant que 60 % du parc d’ici 2050 (contre un objectif officiel de 100 % d’après la Stratégie nationale bas carbone).
Il est donc urgent de réquisitionner les logements vides, de plafonner réellement les loyers et de financer la construction et la rénovation des logements à hauteur des besoins.
7 décembre 2025, Maurice Spirz
1 L’effort public pour le logement est réduit à 1,5 % du PIB, contre 2 % en 2010.