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À lire sur la Palestine et Israël : essais et reportages

Israël, l’agonie d’une démocratie, de Charles Enderlin

Ancien correspondant de France 2 en Israël de 1981 à 2015, Charles Enderlin publie ce libelle pour alerter et éclairer les lecteurs sur la trajectoire prise par la vie politique israélienne. En revenant sur les dernières années de gouvernement Netanyahou, il montre comment ce dernier s’est systématiquement entouré de personnel politique d’extrême droite, religieux ou non.

La description, à la fois chronologique et très précise, permet en une cinquantaine de pages de saisir la rapidité et la profondeur de l’évolution raciste et antidémocratique dans laquelle les dirigeants actuels plongent la société israélienne. Les réactions et déclarations gouvernementales suite à l’attaque du Hamas illustrent malheureusement parfaitement son propos.

Seuil (Libelle), 2023, 51 p., 4,90 €

 

 


 

 

L’échec d’une utopie : une histoire des gauches en Israël, de Thomas Vescovi

Préfacé par Michel Warschawski, ce livre revient de manière historique sur le mouvement sioniste et sur son illusoire ancrage à gauche, pour se poser plusieurs questions. Peut-on vraiment être sioniste et de gauche ? Existe-t-il encore une gauche en Israël, dans le cadre de ce qu’il caractérise comme une « fascisation » de la société et de l’État israélien ? Il analyse de façon très fine l’échiquier politique de la gauche israélienne, montrant les échanges incessants entre les courants anti-sionistes et sionistes, la dérive d’une partie de ces derniers vers la droite, le rôle de plus en plus important joué par les ONG de défense des Palestiniens comme B’Tselem, Breaking the Silence ou Yesh Din, les contradictions qui traversent les mouvements pacifistes comme La paix maintenant ou le Bloc de la paix, l’émergence d’un groupe comme BDS (Boycott, désinvestissement, sanction), les associations spontanées entre femmes israéliennes et palestiniennes, les mouvements de résistance chez les soldats ou chez les lycéens, etc. Un excellent livre paru sur la question israélo-palestinienne récemment.

La Découverte (Cahiers libres), 2021, 372 p., 22 €

 

 


 

 

Les Dix Légendes structurantes d’Israël, d’Ilan Pappe

Ilan Pappe est le chef de file des « Nouveaux historiens » israéliens qui, au cours des dernières décennies, ont mis en pièce la version sioniste de l’histoire du judaïsme et de la Palestine. Il continue sur cette lancée en démontant dix idées reçues sur la question, à savoir : la Palestine était une terre sans peuple, les Juifs un peuple sans terre, sionisme = judaïsme, les Palestiniens ont volontairement quitté leur patrie en 1948, la guerre des Six Jours a été imposée à Israël, Israël est la seule démocratie du Moyen-Orient, l’échec du processus de paix est dû aux Palestiniens, le Hamas n’est qu’une organisation terroriste, la solution à deux États est la seule voie possible. Un petit livre très didactique, à la lecture facile et qui permet de remettre les choses en perspective.

Les Nuits rouges, 2021, 215 p., 11 €

 

 


 

 

L’État d’Israël contre les Juifs, de Sylvain Cypel

Ancien journaliste de Courrier international puis du Monde, Sylvain Cipel a vécu en Israël et milité dans les années 1970 au Matzpen, organisation d’extrême gauche israélienne. Il publie ce livre pour dénoncer l’évolution actuelle de l’État israélien et en montrer les dangers pour la population juive elle-même. Depuis 2018 et le vote de la loi proclamant Israël comme l’État-nation du peuple juif, Israël revendique pleinement sa politique de ségrégation vis-à-vis de la population palestinienne. Les Juifs israéliens que le pouvoir qualifie de « déviants » parce qu’ils critiquent la colonisation, sont considérés comme des ennemis intérieurs et surveillés.

Pour Sylvain Cypel, cette politique mène Israël dans une impasse et constitue un danger pour l’ensemble des Juifs. Citant Frantz Fanon qui écrivait « quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous », il conclut que les Juifs devraient comprendre que quand on dit du mal des musulmans, on parle aussi d’eux…

La Découverte (Cahiers libres), 2020, 320 p., 20 €

 

 


 

 

Israël, chronique d’une catastrophe annoncée… et peut-être évitable, de Michel Warschawski

Militant d’extrême gauche et ancien membre du Matzpen, dans son dernier livre datant de 2018, Warschawski exprime son inquiétude sur l’évolution de la société israélienne, suite au vote sur la loi d’État-nation du peuple juif et au déclin du mouvement pour la paix. L’anecdote initiale donne le ton. Face à la question qui lui est posée de définir sa position face à l’État d’Israël, voici ce qu’il répond : « Supposons qu’un matin, en Israël, on se réveille et qu’on découvre qu’il n’y a plus un seul Arabe. Nous n’avons cette fois rien fait de mal, ils sont tout simplement partis, préférant peut-être reconstruire leur vie sous des cieux plus cléments… La grande majorité des Juifs-Israéliens, y compris la gauche, aura un soupir de soulagement : le problème a disparu, sans qu’on ait eu à nous salir les mains. Seule une infime minorité aura un sentiment de perte, une forte douleur liée à ce qu’ils vivraient comme une amputation. Je suis de cette minorité, et tu peux l’appeler les Israéliens antisionistes. » Une définition à la hauteur du courage et de la détermination avec lesquels il a toujours mené son combat pour un État rassemblant à égalité Juifs et Palestiniens.

Syllepse, 2018, 102 p., 8 €

 

 


 

 

Palestine, fragments, luttes et analyses, 2019-2020

Dans cette revue proposée par l’union syndicale Solidaires, on peut trouver une chronologie très claire de la question israélo-palestinienne, de la fin du 19e siècle à nos jours, des cartes, mais surtout la description de nombreux aspects de la vie quotidienne des Palestiniens aujourd’hui, selon qu’ils habitent à Gaza, à Hébron, Jérusalem, en Cisjordanie ou dans le Golan. À travers les différents statuts imposés aux Palestiniens sur ces territoires, la question de l’apartheid imposé par le pouvoir israélien devient plus concrète. La brochure aborde la question des prisonniers politiques, des différents partis et organisations présents, qu’il s’agisse du Fatah ou du Hamas mais aussi des mouvements pour la paix réunissant parfois Palestiniens et Israéliens. Elle donne de nombreux éléments sur le mouvement syndical, entravé aussi bien par le Hamas, Israël ou l’Autorité palestinienne. Bibliographie, filmographie et sitographie sont disponibles en fin de volume.

Publié par l’Union syndicale Solidaires, no 14, hiver 2019-2020, 296 p., 8 €

Consultable en ligne.

 

 


 

 

Comment le peuple juif fut inventé, de Schlomo Sand

Shlomo Sand s’attache à démonter les mythes que les historiographies religieuses ont empilés au cours des âges pour affirmer l’existence d’un peuple juif unique, dispersé à travers le monde, et qui a finalement retrouvé en Israël la « Terre promise » dont il aurait été chassé il y a vingt siècles par les Romains. Ce mythe a servi de justification « théorique » à l’établissement d’un État ethnico-religieux en Palestine, dont le qualificatif d’État « juif » permet de justifier l’oppression des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza mais aussi la mise à l’écart comme citoyens de seconde zone d’un tiers de la population israélienne, minorité arabe en tête.

Fayard, 2008, 446 p., 23 €

 

 


 

 

Boire la mer à Gaza, d’Amina Hass

Le livre, qui est paru en 2001, est un recueil d’articles écrits par la journaliste israélienne Amina Hass, et publiés dans le journal Haaretz entre 1993 et 1996. L’autrice a vécu des années aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie. Elle défend sans réserve la cause palestinienne et vient à nouveau de prendre des positions courageuses. Le titre de l’ouvrage signifierait « Va au diable ! »… Gaza étant l’enfer ! Oui, dure réalité quotidienne des familles palestiniennes de cette bande de terre passée sous autorité israélienne à l’issue de la guerre de 1967, après avoir été sous autorité égyptienne. Tensions montantes avec la première intifada de 1987 et les années qui ont immédiatement précédé et suivi les accords d’Oslo de 1994. Rage, désespoir et pourtant humour d’une population parquée dans cette enclave après avoir été chassée de ces villages désormais hors les murs de Gaza, annexés par Israël et devenus des kibboutz aux noms hébreux (ces mêmes kibboutz, pour beaucoup, qui ont été la cible des attaques du Hamas le 7 octobre dernier).

Amina Hass fait l’histoire de celles et ceux d’en bas, de leur misère et des injustices subies (mais combattues aussi !), de la part d’un pouvoir israélien militaire et bureaucratique. Elle montre combien la population de Gaza, essentiellement ouvrière, est tributaire pour son pain quotidien du bon vouloir des autorités israéliennes : autorisations ou non à franchir les barrages de sortie et entrée du territoire pour aller bosser en Israël, exactions par l’impôt, déficit dramatique des infrastructures vitales d’eau, d’électricité ou de tout à l’égout, maintenues obsolètes sauf dans les quelques « colonies » israéliennes entretenues. Car Gaza est un pays de réfugiés mais aussi de colons ! Sont également soulignées les énormes défaillances de la prétendue « Autorité palestinienne » à défendre les aspirations populaires (défaillances de l’OLP et du Fatah d’Arafat et de Mahmoud Abbas), partis nationalistes déjà largement discrédités avant d’assumer un pouvoir croupion suite aux accords d’Oslo. Qui n’en ont pas moins éveillé les espoirs d’une nouvelle liberté. Amina Hass a fréquenté et connu à l’époque ces dirigeants politiques palestiniens de toutes obédiences (dont déjà le Hamas), qui tous ont pratiqué contre les classes populaires la politique du fait accompli. Elle en offre aussi un tableau critique. Sa sympathie va à la population palestinienne, dont elle a largement partagé la vie. Sans réserves. Le livre est malheureusement épuisé, mais pas impossible de se le faire prêter !

La Fabrique, 2001, 578 p.

 

 


 

 

Palestine une nation occupée, bande dessinée de Joe Sacco
Rackam, 2010, 320 p., 29 €

Gaza 1956, bande dessinée de Joe Sacco
Futuropolis, 2010, 424 p., 32 €

Ces deux bandes dessinées de Joe Sacco, journaliste et dessinateur, sont remarquables sur la forme et le fond. Palestine est un reportage dans les camps de réfugiés et dans les territoires occupés au début des années 1990. Gaza 1956 revient sur un des massacres perpétrés par l’armée israélienne, celui du camp de Khan Younis. En toile de fond, y apparaissent les responsabilités des politiques impérialistes dans la situation et la manière dont Israël leur sert d’appui local dans la région.

 

 


 

 

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Notre dossier Palestine (novembre 2023)