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Smicards et futurs smicards de tous les pays, unissez-vous !

Le Smic, Gabriel Attal en parle beaucoup plus qu’il ne l’augmente. Au point de saturer le vocabulaire officiel, de la tribune de l’Assemblée nationale aux colonnes du Monde, du terme« smicard » – péjoratif dans la bouche de ces gens qui n’ont jamais connu les affres du salaire minimum.

À qui profite la « smicardisation » ?

12 % des salariés du privé touchaient le Smic en 2021, 14,5 % en 2022 et 17,3 % en 2023. Cette augmentation brutale est le résultat de trois ans d’inflation. Le montant du Smic, indexé sur les prix, a augmenté de 13,6 %, tandis que les salaires de l’ensemble des employés et des ouvriers n’ont augmenté que de 9 %.

Le Smic a donc rattrapé de nombreux bas salaires et concerne aujourd’hui 3,1 millions de travailleurs dans le privé, qui touchent moins de 1 400 euros par mois à temps plein. Pourtant, si le Smic est indexé sur les prix mesurés par l’Insee, cet indice est bien loin de prendre en compte la hausse des tarifs des postes incontournables qui constituent la totalité de la consommation des salariés les moins bien payés : loyer, téléphonie et internet, transports, alimentation, énergie… qui ont augmenté plus que de 13,6 % ces trois dernières années.

Non, les hausses du Smic n’ont pas maintenu son pouvoir d’achat, loin de là. L’augmentation du nombre de smicards est donc le symptôme d’un appauvrissement encore plus important d’une très grande partie des salariés. Elle montre que les années d’inflation que nous connaissons – et qui continue même si son rythme a baissé – ont permis de diminuer encore drastiquement la part des salaires dans l’économie. Un hold-up social, qui occasionne un immense transfert de richesses de la classe des travailleurs vers la classe capitaliste. Salaires en berne et profits record sont les deux faces d’une même pièce.

Le montant net des salaires n’est que la partie émergée de l’iceberg. Les bas salaires proches du Smic sont largement exonérés de cotisations patronales. Il s’agit d’un arsenal législatif destiné à bloquer les salaires, éventuellement compensés par des primes éphémères, également souvent exonérées de cotisations : la politique du patronat faite loi.

Le montant de ces exonérations est passé de 59 milliards d’euros en 2021 à 75 milliards en 2023. 75 milliards de plus offerts au patronat dans le seul but de l’encourager à faire ce qu’il désire le plus : maintenir les salaires au plus bas ! 75 milliards qui manqueront à l’assurance chômage, à la Sécu et aux caisses de retraite.

Ils prétendent désmicardiser ? On veut vivre et pas survivre !

Il y a de quoi s’inquiéter quand Attal prétend désmicardiser. En ne mettant qu’un seul chiffre en avant (17 % de salariés au Smic), en gommant toute la réalité sociale qui se cache derrière les courbes et les moyennes (car la vérité est que le Smic est synonyme de découvert le 10 de chaque mois), le gouvernement prépare les esprits à de nouvelles attaques. Au lendemain du discours de politique générale de son Premier ministre, un député macroniste lançait déjà l’idée de désindexer le Smic. Puisqu’il augmente plus vite que les autres salaires, il faut bien le ralentir !

Tout cela n’est qu’un écran de fumée pour masquer le problème essentiel de tous les travailleurs : vivre et pas seulement survivre ! Et tous les bons esprits qui dissertent sur le « tassement de l’échelle sociale » ou la « perte de motivation » à se retrouver au salaire minimum feraient bien de se méfier des idées que cela pourrait donner. Qu’on la tasse, « l’échelle sociale », mais en commençant par en haut ! Et qu’on garantisse de quoi vivre dignement à tous, bien sûr en commençant par en bas.

Vive le Smic à 2000 euros net par mois, sans aucune exonération de cotisation sociale ! Vive les smicards de tous les secteurs, postiers, ouvriers des ateliers SNCF et RATP, salariés de l’automobile, petits paysans, dont vous retrouverez les luttes dans nos colonnes, luttes qui seules sont à même de reprendre aux capitalistes ce qu’ils nous ont volé !

Raphaël Preston

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 10, février 2024)