Les 5 et 6 octobre se tenait le « sommet de Grenade » regroupant les chefs d’État des 27 pays qui composent l’Union européenne et de près de 50 pays de la Communauté politique européenne. Il s’agissait pour le premier cadre de discuter de comment durcir – encore plus – les politiques racistes de l’Europe forteresse. La déclaration souligne notamment la nécessité de traiter l’immigration irrégulière « immédiatement et avec détermination » et d’« intensifier les renvois » de migrants irréguliers. Elle affirme aussi la détermination de l’UE à nouer « des partenariats globaux », comme celui qui a été signé en juillet dernier avec la Tunisie afin de s’attaquer aux migrants en provenance de ce pays. Celui-là même qui s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021, le « président » Saïed de Tunisie, responsable de l’arrestation de centaines de migrants en Tunisie, puis de leur déportation, selon les ONG, vers des zones inhospitalières sur les frontières avec l’Algérie et la Libye. Des témoignages de l’Agence France-Presse (AFP) et des vidéos envoyées à des ONG en Tunisie ont montré des femmes et enfants abandonnés en plein désert sans eau, ni nourriture ni abris. Des gardes-frontières libyens ont dit à l’AFP avoir secouru au moins 70 migrants qui erraient par des températures insupportables et sans aucune aide dans une zone frontalière entre les deux pays sur une seule journée. La Communauté politique européenne a, quant à elle, de nouveau servi à afficher un soutien à l’Ukraine de Zelensky en sa présence, sans pour autant élargir l’Union européenne à l’Ukraine. Renforcer la logique des impérialismes rivaux voilà à quoi servent ces « rencontres de brigands ». La « caverne de brigands », ces mots de Lénine pour qualifier la Société des nations, ancêtre de l’ONU, sont toujours d’actualité pour parler de ces sommets des représentants capitalistes d’Europe à Grenade.
Voilà pourquoi une délégation du NPA s’est rendue à Grenade au contre-sommet organisé par plus de 30 organisations syndicales, associatives et politiques. Nos camarades de Izar y interviennent et y jouent un rôle pivot. Des initiatives qui ont permis à l’échelle de l’Andalousie de regrouper 6000 personnes sur les manifestations à Grenade, de mener des actions d’occupations de facultés et des dizaines d’AG et de débats sur ces dix jours de contre-sommet. L’occasion de poser les jalons dans l’État espagnol pour regrouper ceux et celles qui s’opposent à toutes les politiques antisociales d’où qu’elles viennent. De gouvernements dits de « gauche » ou officiellement de droite. L’occasion aussi de tisser des liens entre communistes révolutionnaires. Liens précieux pour faire face au capitalisme et à l’urgence de la révolution.
Pedro Ciné
(Article paru dans Révolutionnaires numéro 6, octobre 2023)