Nos débats entre militants de différents pays ont porté tout particulièrement sur nos réflexions et mobilisations en solidarité avec la Palestine (presque un an de mobilisations depuis le 7 octobre 2023), et contre la montée de l’extrême droite. Une évidence : c’est à l’échelle internationale que des crimes sont perpétrés contre les travailleurs et les peuples, avec des armes fournies à l’État d’Israël par les grandes puissances – États-Unis, France, Allemagne, Espagne. C’est avec un arsenal similaire d’armes politiques que les bourgeoisies – concurrentes mais pas adversaires jusqu’à présent – combattent les travailleurs et les peuples, entre autres le racisme, la xénophobie, le nationalisme. Pour diviser et mieux exploiter. D’où la montée d’une extrême droite plus ou moins nostalgique des fascismes des années 1930, jusqu’au pouvoir ou pas selon les pays où militent les camarades qui ont témoigné (Argentine, État espagnol, Allemagne ou France). Les vidéos de ces débats sont sur notre site. Très intéressantes dans le détail des situations sociales et politiques variées, mais très intéressantes aussi pour les convergences mises à jour, qui doivent nous aider à trouver ensemble des réponses politiques et pratiques.
En soutien à la Palestine
De l’Allemagne aux États-Unis, en passant par la France et l’Espagne, et quelle que soit leur couleur politique, les gouvernements de ces États alliés de Netanyahou ont usé de niveaux de répression élevés pour interdire les manifestations et les réunions de soutien à la Palestine. Et tous ont utilisé la diffamation pour justifier leur répression, accusant les opposants au génocide d’être coupables d’antisémitisme ou d’« apologie du terrorisme ». En France, nous avons dû saisir la justice, et nous avons gagné, non pas pour manifester mais pour y être autorisés. Dans l’État espagnol, il y a eu des blessés lors d’expulsions d’étudiants des facs de Séville ou de Saint-Jacques-de-Compostelle. En Allemagne, incursions policières violentes dans des cortèges pour y kidnapper des manifestants (dont ceux du premier mai), interdiction de port de keffieh dans des écoles – la bourgeoisie du pays cherchant à se dédouaner pour son lourd passé de responsable de la Shoah… par le soutien au génocidaire Netanyahou ! Et une partie de l’extrême gauche a cédé à ces pressions. Aux États-Unis, évacuations musclées d’étudiants de leurs facs et de leurs campements, aussi. Cent quarante facs ont été concernées par le mouvement, dans quarante États, avec participation visible de groupes militants juifs antisionistes.
Ce mouvement à une échelle internationale a été l’occasion pour les révolutionnaires d’initiatives plus larges que d’ordinaire, un Zoom de 300 personnes aux USA, une assemblée de 500 personnes à la fac de Grenade, des assemblées étudiantes en France et Allemagne aussi, et des tentatives de regroupements de travailleurs « Soignants pour Gaza ». Le combat continue, évidemment, où nous intervenons pour que se dégage une perspective internationaliste, afin que ce ne soient pas seulement des humanitaires, ou des nationalistes, mais des organisations du mouvement ouvrier révolutionnaire auquel nous appartenons qui prennent en charge cette question palestinienne.
Contre l’extrême droite
Large débat aussi entre camarades d’Allemagne, d’Espagne, d’Argentine et de France sur les diverses et nouvelles formes que prend la montée de l’extrême droite : des succès électoraux spectaculaires, mais aussi des offensives politiques et culturelles contre les minorités de genre, contre les femmes, au nom de valeurs traditionnelles de la famille et de la patrie ! Et, surtout, une montée du racisme et du nationalisme, sous la bannière de la lutte contre l’immigration. L’histoire du parti AfD (Alternative pour l’Allemagne) comme celle de Vox dans l’État espagnol sont intéressantes. Ils sont tous deux nés dans la même moitié des années 2010 et ont fleuri grâce à l’épouvantail de l’immigration, qui masque aux yeux de classes populaires paupérisées et inquiètes les responsabilités du capital et de son système d’exploitation. La chasse aux migrants est menée par les gouvernements en place, de coalition ou de gauche ! Et des groupes sont encouragés aux violences physiques : en 2023, près de 2 400 attaques contre des demandeurs d’asile ont été commises en Allemagne, le plus haut niveau depuis 2016, et 180 attaques contre des foyers de réfugiés. Les appels à fronts électoraux de gauche, voire à des fronts républicains électoraux, sont des miroirs aux alouettes. Les révolutionnaires sont bien évidemment atterrés par l’emprise de l’extrême droite sur des travailleurs. La solution à cette question, nationale et internationale de fait, est liée à la nécessaire résurgence et réorganisation d’un mouvement ouvrier révolutionnaire, international aussi.
10 septembre 2024, Michelle Verdier