Les mauvaises récoltes, les maladies dans les élevages et la baisse de collecte annoncée par Lactalis fin septembre avivent la crise agricole et risquent d’enflammer de nouveau les campagnes, au point que les syndicats majoritaires, FNSEA et Jeunes agriculteurs (JA), appellent à la mobilisation à partir de mi-novembre.
« Ne nous flattons pas trop de nos victoires sur la nature, elle se venge de chacune d’elle » (F. Engels)
Les agriculteurs subissent de plein fouet les dérèglements écologiques. Les phénomènes climatiques exceptionnels, les fortes pluies du printemps comme la sécheresse dans le sud du pays ont amené les rendements céréaliers et viticoles à des niveaux catastrophiquement bas. Les sols anéantis par l’agriculture intensive ne peuvent plus capter et retenir l’eau, et les très fortes pluies accélèrent leur érosion.
Depuis 2015, le réchauffement climatique favorise également la prolifération de petits moucherons responsables de maladies qui déciment les troupeaux.
La crise des revenus agricoles n’est pas terminée
Les agriculteurs sont pris en tenaille entre leurs fournisseurs, l’agro-alimentaire, la grande distribution, les coopératives et les banques. Tout au moins les petits agriculteurs, pas les plus grandes entreprises du secteur agricole, ceux qui font d’ailleurs la loi à la FNSEA.
Pour faire face, le gouvernement promet de nouvelles aides publiques, vaccins gratuits pour les bêtes, primes à l’arrachage des vignes ou encore exonérations de cotisations sociales MSA. Mais les aides publiques, à commencer par les versements de la PAC, donnent tout juste aux agriculteurs la possibilité de surnager… pour pouvoir continuer à alimenter les profits des grands groupes. Les agriculteurs doivent pouvoir vivre de leur travail ! Mais cette société qui place la terre et ceux qui la cultivent sous le joug capitaliste est incapable de le permettre.
28 octobre 2024, Bastien Thomas
La ferme des animaux
Pour la FNSEA et les JA, la conclusion prochaine du traité de libre-échange entre Union européenne et Mercosur est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, d’où l’appel à mobilisation mi-novembre. On ne les avait pas entendus hurler si fort quand Lactalis annonçait le « licenciement » de plusieurs centaines de producteurs laitiers : du côté des syndicats majoritaires, on préfère cibler la concurrence étrangère que les exploiteurs bleu-blanc-rouge…
C’est que la concurrence entre organisations agricoles se fait à droite. Sur ce terrain, la FNSEA est menacée par la Coordination rurale (CR). Celle-ci multiplie les coups de com’ en les teintant à l’occasion de violence politique contre la gauche. En 2004 déjà, elle soutenait un agriculteur qui avait assassiné deux inspecteurs du travail. L’hiver dernier, un responsable de la CR Lot-et-Garonne avait menacé Marine Tondelier de la « plumer ». Et, il y a quelques semaines, une manifestation de la CR Haute-Vienne a déversé du lisier devant les permanences de députés LFI. Ces petits fachos des champs n’ont rien à envier à leurs cousins des villes. Et eux bénéficient par avance de la mansuétude de Retailleau qui a donné aux flics des consignes de « bienveillance » envers eux !