Les chiffres du ministère sont tombés cette semaine : le chômage a augmenté de 4 % au quatrième trimestre 2024. 8,5 % chez les moins de 25 ans. Au total, on atteint près de 6 millions de travailleurs privés d’emploi ou en activité réduite subie. C’est-à-dire près d’un cinquième de la population active. C’est la plus forte remontée du chômage en France en une décennie, hors période Covid. Rien d’étonnant vu la liste de plans de licenciements qui s’allonge tous les jours, vu les suppressions d’emplois induites dans l’intérim et chez les sous-traitants, vu les départs forcés, etc.
L’État et ses lois aident à licencier
Voilà le bilan de Macron qui promettait pourtant le plein emploi. Car la responsabilité n’en incombe pas au seul patronat. Les gouvernements successifs ont bel et bien permis qu’il soit possible de licencier ainsi en masse. En dix ans, le législateur a consciencieusement levé tous les verrous (appréciation du motif économique au niveau du groupe international, obligation de reclassement, indemnités de licenciement, contrôle par le juge…), y compris en faisant de l’administration et des syndicats les cautions de ces plans de licenciements. Résultat : un droit à licencier sur mesure pour le patronat.
L’État et ses réformes rognent les indemnités de chômage
Au moment même où le chômage augmente, on saccage les droits au chômage ! Alors que les dernières réformes ont été passées avec l’argumentaire fallacieux de la « contracyclicité » (la protection chômage devrait être moins forte quand la situation économique est florissante, plus forte quand c’est la crise), c’est l’inverse que fait le législateur : la vague de licenciements actuelle est concomitante à des attaques drastiques sur les droits des travailleurs privés d’emploi. Alors que le nombre de chômeurs explose, la part des chômeurs indemnisés est en chute libre depuis les années 2000 (hors période Covid). Et le niveau d’indemnisation ne fait que baisser, au rythme des réformes successives de l’assurance.
Tous les chômeurs, au régime des 15 heures obligatoires du RSA !
Cerise sur le gâteau, le gouvernement vient de prendre les décrets qui organisent l’inscription automatique de tous les bénéficiaires du RSA auprès de France Travail (de même que les jeunes suivis par les missions locales), et mettent en application la règle prévue par la « loi pour le plein emploi » de 2023 qui impose à tous les inscrits auprès de France Travail un « contrat d’engagement », par lequel la plupart devront donner au moins « 15 heures d’activité hebdomadaires » – sous peine de ne plus recevoir leur allocation ! Ces heures risquent fort de prendre la forme de travail gratuit et forcé – c’est déjà le cas dans les territoires où la réforme a été expérimentée. Une main-d’œuvre corvéable à merci, y compris pour continuer à casser les services publics par l’embauche d’encore moins de personnel (accueil dans les Ehpad, jardinage, travail communal…). Tandis que la presse a largement relayé que le RSA sera donc désormais conditionné à ces heures obligatoires, il n’est jamais signalé que ce sera le cas pour tous les chômeurs ! Une attaque à une échelle de masse donc, qui vise à disposer d’une main-d’œuvre gratuite parmi les chômeurs, et à faire pression sur l’ensemble des travailleurs.
2 février 2025, Joan Arnaud