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Bombardements américains à l’odeur de pétrole contre le Nigeria

Le jour de Noël, dans son style fleuri habituel, Trump a annoncé des frappes massives contre le Nigeria, un des pays africains les plus peuplés. « Ce soir, sous mon commandement, les États-Unis ont lancé une frappe puissante et meurtrière contre ces ordures de terroristes de l’État islamique dans le nord-ouest du Nigeria. » Il a justifié ses frappes au nom de la lutte contre « le massacre des chrétiens ». Une affirmation qui contredit totalement les faits, puisque, dans ce pays peuplé à 56 % de musulmans, les principales victimes de la branche locale de l’État islamique, Boko Haram, sont des musulmans. Et les enquêtes montrent que les milices chrétiennes se livrent également à de nombreux massacres… Boko Haram est d’ailleurs assez peu implanté dans l’État du Sokoto, cette région bombardée située au nord-ouest du pays.

Ni le Nigeria, qui a autorisé Trump à frapper son territoire, ni l’administration Trump n’ont précisé le nombre de frappes, ni le nombre de victimes. Toutefois, les premières images de la région touchée par les bombardements montraient des immeubles d’habitation éventrés.

Car, loin de la prétendue protection des chrétiens nigérians, il s’agit pour Trump de faire une nouvelle démonstration de la puissance des États-Unis, capables de frapper soudainement un des plus grands pays d’Afrique de l’Ouest… et surtout le principal producteur de pétrole d’Afrique, et le 11e de la planète. Le Nigeria a d’ailleurs annoncé en septembre dernier renforcer ses exportations de pétrole à destination de l’Inde, alors que la Russie se trouve en difficulté pour livrer son pétrole du fait des attaques contre sa « flotte fantôme ».

Si l’État du Sokoto n’est pas spécialement sous la coupe de Boko Haram, en revanche, il est situé sur le tracé du futur gazoduc trans-Nigeria, dont l’entreprise pétrolière nigériane nationale a annoncé la relance le 29 décembre… quatre jours après les frappes américaines.

En Afrique, comme en Amérique latine, en Asie, et au Moyen-Orient, plus que jamais : troupes américaines, rentrez chez vous !

Aurélien Pérenna