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À la recherche du NFP perdu ?

Le 28 octobre, Olivier Besancenot se retrouvait aux côtés de François Ruffin et Lucie Castets dans un débat organisé par le média « Au poste ». L’intitulé promettait une « gauche explosive »… mais on a plutôt eu droit à un pétard mouillé.

Les trois invités sont réunis par une même croisade : réunifier à tout prix la gauche… quand bien même elle s’entre-déchire. Pour Lucie Castets et François Ruffin, aspirants-généraux sans troupes qui ne jurent que par les urnes, cet appel à l’unité est certes vital pour pouvoir exister électoralement.

Que diable allait-il faire dans cette galère ?

Reste Olivier Besancenot à qui on ne prêtera pas de telles aspirations à gouverner. Mais ne voilà-t-il pas qu’il exhorte lui aussi la gauche de revenir à la raison en retrouvant l’unité du NFP de 2024, de François Hollande à Philippe Poutou. L’urgence serait telle, notamment pour faire face à l’extrême droite, que cette unité électorale serait une condition nécessaire à toute riposte.

Mais comment combattre cette extrême-droite en se liant politiquement avec des partis dont la politique de gestion des affaires de la bourgeoisie, une fois au pouvoir, a contribué à sa montée ? Sans compter celles et ceux qui, à gauche, multiplient les sorties nationalistes. Et comment répondre à l’urgence sociale et écologique en faisant programme commun avec des organisations qui ne cherchent aucunement à proposer une politique dans les luttes pour s’en prendre réellement au pouvoir des patrons ? Pas un mot d’Olivier Besancenot sur la séquence des 10 et 18 septembre pendant laquelle les représentants de cette gauche « syndicale et politique », à commencer par les directions syndicales, ont œuvré pour canaliser la colère des travailleurs sur un terrain institutionnel. Car s’il y a une unité à rechercher, c’est pour aider les luttes à se développer, certainement pas pour les freiner et les canaliser dans les urnes !

Quel est le bilan du NFP ?

Olivier Besancenot s’appuie sur l’exemple du NFP de 2024. C’est vite oublier la tiédeur de son programme, et l’absence de tout plan de lutte pour imposer au patronat la moindre revendication. Et c’est bien ce NFP qui a remis les députés du Parti socialiste en selle pour qu’une fois élus ils servent allégrement la soupe à Macron. Quelle surprise !

La lutte contre l’extrême-droite ? Mais le RN bâtit précisément son succès sur le rejet de tous ceux qui ont gouverné, le ralliement au second tour du NFP au « front républicain » n’a pu qu’accélérer cette dynamique. Tragi-comédie de faire réélire un Gérald Darmanin pour barrer la route au RN !

Rester sur un terrain institutionnel ou remettre la lutte des classes au centre du jeu : il faut choisir

Pour « en finir avec Macron et la Vème République », Olivier Besancenot se fait le promoteur de la convocation d’une Assemblée Constituante reprenant une revendication de la France insoumise. Dans le contexte actuel, cela revient à ignorer toute perspective de classe en restant sur le terrain de la démocratie bourgeoise sans remise en cause du pouvoir des patrons. C’est pour cibler ouvertement ces derniers, et non pas simplement les politiciens à leur service, et pour œuvrer à ce que la classe ouvrière en lutte se dote de ses propres structures de pouvoir que les militants révolutionnaires s’avèrent indispensables ! Ils ne sont pas assez nombreux pour que certains d’entre eux perdent leur temps à jouer la mouche du coche de la gauche institutionnelle en la suppliant pathétiquement de bien vouloir s’unir.

Boris Leto