La nuit suivant la manifestation du samedi 8 mars, dans le centre-ville de Rennes se tenait une free party, une « fête libre », à proximité de la boîte de nuit 1988 Live Club, cogérée par Yovan Delourme, un influenceur d’extrême droite connu sous le nom « Le Jarl ». Sur les réseaux sociaux, des centaines de milliers d’abonnés suivent celui qui avait été candidat suppléant du parti de Zemmour. Le personnel de sécurité de cette boîte était déjà bien connu pour ses violences racistes et misogynes, affichées fièrement sur les réseaux sociaux.
Samedi 8 mars, cette petite équipe aux idées nauséabondes a entrepris « de pallier les manques de l’État et de la police » face à la tenue de la fête, comme l’a déclaré Delourme sur Touche pas à mon poste, en vaporisant des gaz lacrymogènes dans les conduits d’aération du cinéma désaffecté où les jeunes tenaient leur soirée, en toute complicité avec la police qui se chargeait de bloquer la seule sortie du lieu.
Les flics à la rescousse face aux fachos ?
Certaines organisations étudiantes de gauche interpellent les forces de police : « Où étiez-vous quand les fachos nous ont attaqués ? » La préfecture de Rennes ne s’est pas exprimée sur l’affaire et s’est contentée de passer le dossier au Conseil national des activités privées de sécurité, une instance sous la tutelle du ministère de l’Intérieur.
La maire socialiste de Rennes, Nathalie Appéré, a déploré de son côté des « comportements inacceptables » et que « le maintien de l’ordre, dans notre État de droit, relève des forces de sécurité intérieure ». Un angle d’attaque audacieux, quand on sait que la police était bien présente lors des faits pour surveiller l’occupation, et qu’elle était bien contente de laisser au « Jarl » et à son équipe le loisir réprimer la fête à sa place.
Si des groupes de nazillons veulent se poser en milice paramilitaire pour « pallier les manques de l’État », nous ne pouvons pas compter sur l’aide de l’État ou de la mairie – qui est la première pour mener une politique anti-migrants dans la ville ou à s’en prendre aux cortèges étudiants – pour assurer notre sécurité. Ce coup d’éclat des fachos rennais illustre une ambiance qui fait pousser des ailes à leurs idées, et donc à leurs méthodes violentes.
De l’aveu même du ministère de l’Intérieur – qui s’y connaît sur le sujet –, les crimes et délits racistes ont augmenté de 44 % en deux ans. Heureusement que le temps d’antenne des médias Bolloré n’est pas comptabilisé ! Les principales victimes de ce climat raciste : « Les hommes, les personnes âgées de 25 à 54 ans et les ressortissants d’un pays d’Afrique », dont une majorité ne va sûrement pas se plaindre à une police qui les harcèle déjà dans la rue.
Astrid Delvay et Abel Toshed