Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, se gargarise que le pic de l’inflation serait derrière nous, qu’il y aurait reflux, alors que l’Insee indique une inflation sur un an de 4,3 % en juillet mais de 4,8 % en août. Devant l’évidence que les prix flambent, et la colère avec, Bruno Le Maire a dégainé le 31 août deux mesures. L’une est l’annonce avec fracas du blocage des prix de 5000 produits. En réalité, juste l’extension des « paniers anti-inflation » mis en place au printemps, ces sélections de produits à bas prix sur lesquels les distributeurs ne réalisent que peu, voire pas de bénéfices. Bref, la « promo » qui ne coûte pas cher ! L’autre consiste à engager la grande distribution à répercuter les baisses de prix de ses fournisseurs : façon d’avouer qu’elle empochait la différence jusque-là. Comble du culot du ministre : il fait les gros yeux à ses amis producteurs pour leurs pratiques dites de « Shrinkflation » (de l’anglais to shrink, rétrécir), opération frauduleuse qui consiste à en mettre moins dans l’emballage (dix ou cent grammes de moins, c’est selon) tout en augmentant le prix. Moins pour plus cher !
L’an dernier, quand le cours des matières premières a flambé, les industriels ont vendu plus cher aux distributeurs, qui ont bien sûr répercuté sur les clients. Mais quand les mêmes cours du blé, du tournesol, du pétrole ou encore du fret maritime ont chuté cette année, tirant à la baisse les coûts des producteurs et boostant leurs marges, pas question pour les distributeurs de ne pas rafler une part du gâteau. D’où ces âpres négociations commerciales, entre industriels et distributeurs, pour se partager le butin. Avec Le Maire en arbitre favorable aux deux camps ! Réjouissances de la concurrence capitaliste qui ne fera pas baisser les prix !
C’est ainsi que les queues s’allongent aux Restos du Cœur, au point de faire sauter la banque. Dur de se rappeler la Chanson des Restos de 1986 : « Aujourd’hui, on n’a plus le droit/Ni d’avoir faim, ni d’avoir froid… » Mais elle donne envie de lutter, contre tous ces enfoirés !
Bastien Thomas
(Article paru dans Révolutionnaires numéro 5, septembre 2023)