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Argentine : « Nous avons besoin de consolider une alternative politique et syndicale »

Assemblée générale à l’hôpital italien le 21 février

Entretien avec Cesar Latorre, délégué général de l’hôpital italien1 de Buenos Aires, également dirigeant et militant du MST et de la LIS2.

Nous avons rencontré Cesar Latorre à l’hôpital italien de Buenos Aires, où il travaille et dirige la principale section syndicale. Nous nous sommes entretenus juste après une assemblée générale comptant plus de 300 participants, au cours de laquelle a été organisée la grève prévue le lendemain, jeudi 22 février, dans l’ensemble du secteur de la santé.

Quelle est la situation de l’hôpital en Argentine ?

L’hôpital reflète bien les contradictions politiques du moment. Nous avons même eu une discussion avec des secteurs de la base qui ne voulaient pas faire la grève du 24 janvier3 parce qu’ils s’opposent la bureaucratie syndicale, issue du péronisme4, et que ce sont ces secteurs qui sont responsables de la situation actuelle déplorable. Cela nous a permis de commencer à approfondir le débat, notamment avec les camarades lors des tournées syndicales, en expliquant précisément que notre position est différente. Il n’y a pas d’antinomie entre se mobiliser et s’opposer à ces secteurs du péronisme. Il existe une résistance importante, une position qui n’implique pas d’être kirchnériste5, puisque nous avons toujours été contre le gouvernement du PJ6, que les syndicats n’ont pas fait grève pendant toute la durée du gouvernement précédent. Nous pensions qu’ils étaient responsables de la détérioration des salaires et des conditions de travail au cours de la dernière période et qu’il existe une autre issue. Cette issue, c’est un autre projet pour le pays, et nous avons réussi à en discuter dans nos propres secteurs de travail. Ces discussions nous ont permis d’obtenir un certain soutien dans les actions que nous menions ; nous avons exprimé la polarisation d’un secteur qui est très conscient et qui veut sortir et lutter rapidement contre tout cela. Un secteur qui était en quelque sorte en pleine contradiction parce qu’il avait soutenu le gouvernement de Milei pour se débarrasser de la caste7, et que cela contredisait aussi ses propres intérêts. Il fallait un autre programme pour le pays. Dans ce débat, le secteur qui, du moins du point de vue du débat public, soutenait Milei, est devenu un peu plus silencieux, inversement le secteur qui essaie de se battre a gagné du poids. Et dans le contexte actuel où nous avons un appel à la grève pour les salaires dans la santé, nous avons eu aujourd’hui une assemblée générale où il y a eu une forte participation. Même parfois de ceux qui ont voté pour Milei, mais qui, compte tenu de la situation économique concrète, ont décidé de participer à l’assemblée que nous avons tenue en vue de soutenir la grève pour les salaires dans le secteur.

Comment s’est préparée la grève du 24 janvier, que ce soit au sein du MST ou à l’hôpital italien ?

La grève a marqué un tournant important dans la lutte de classe en Argentine. Nous lui avons donné beaucoup d’importance au sein du MST. Nous y avons participé dès le début. En fait, nous avons discuté de l’élaboration d’un discours commun, qui avait été rédigé pour la marche du 20 décembre, seulement dix jours après l’entrée en fonction de Milei, et qui, au départ, comptait sur la contestation du protocole8. Lorsque nous nous sommes réunis pour en discuter, il y a eu des discussions avec les autres partis d’extrême gauche. Nous avons soulevé la question de la grève générale comme une grande nécessité, d’autres secteurs étaient plus réticents à la mettre en avant avec des arguments avançant que le gouvernement n’était pas encore si affaibli, que beaucoup de gens avaient voté pour lui… Reflétant de fait ce qui s’était passé sur les lieux de travail, mais qui était erroné dans la dynamique. On a également gagné la bataille pour faire figurer dans le communiqué commun qu’une grève générale active était nécessaire, mais pas en lui donnant l’importance que nous, au sein du MST, pensions qu’elle devait avoir. Ensuite, la revendication de la grève a commencé à être confrontée à la réalité elle-même. Avec le cacerolazo9 de la nuit du 20, il y avait des affiches disant « grève générale », ou des chants appelant à la grève générale. À partir de ce moment-là, notre politique a été d’essayer d’exiger en permanence de la bureaucratie qu’elle appelle à la grève générale, tout en essayant de mettre en avant cette nécessité dans tous les espaces d’intervention dont nous disposions.

Lorsque l’appel du 27 décembre a été lancé par la bureaucratie syndicale, qui présentait une grève contre le DNU10 dans le chapitre sur la réforme du travail, il y a également eu des discussions au sein de l’extrême gauche sur ce qu’il fallait faire : se rendre ou non à la manifestation de la CGT11, de la même manière, dans un cortège séparé ou non. La chose la plus importante était d’apparaître indépendamment à l’événement de la CGT, avec la revendication centrale à laquelle nous pensions : une grève nationale active et un plan de lutte pour pouvoir battre l’ensemble du plan d’austérité. Nous avons fini par nous mettre un peu d’accord sur ces slogans, à partir des collectifs multisectoriels et de la coordination qui se sont organisés. Nous avons participé avec un cortège indépendant qui a eu un poids important. Le MST en particulier a fait une très grande banderole appelant à la grève que nous avons réussi à placer devant l’acte de la bureaucratie. Bien sûr, ce slogan a été de plus en plus repris et il y a eu un certain débordement de la bureaucratie syndicale avec des gens qui scandaient comme nous la nécessité d’une grève.

Déambulation dans l’hôpital pour finir l’AG dans le hall

Le même jour, dans l’après-midi, une conférence de la CGT a appelé à une grève générale et, à partir de là, de nombreuses discussions se sont ouvertes dans le camp de l’extrême gauche sur la manière d’y participer. Il y a eu une très forte discussion sur la façon d’y participer également sur les lieux de travail, où la CGT a appelé. Notre position était de renforcer l’apparition d’un cortège indépendant, même dans des endroits comme celui-ci. Nous avons participé avec l’hôpital italien dans ce cortège indépendant, pas dans celui de la CGT ni du syndicat de la santé qui y avait également appelé. Le travail syndical dont nous avons discuté consistait à essayer de renforcer la perspective d’un cortège indépendant de la dichotomie entre Milei et la bureaucratie syndicale : il devait y avoir une expression politique claire indiquant qu’il existe une autre option concrète. Et au sein des syndicats eux-mêmes, sous l’argument de l’accompagnement de l’expérience des travailleurs, se cache en réalité le fait de ne pas développer une politique cohérente de visualisation générale. C’était la politique du MST, que nous croyons correcte et qui a eu une certaine visibilité. Nous nous sommes rendus dans de nombreux secteurs pour discuter de la grève. Dans certains secteurs, nous avons eu des groupes entiers de travailleurs qui ont voté pour Milei et qui ont dit que nous faisions le jeu de la CGT, qu’ils enterraient nos salaires et que nous appelions également à la grève alors qu’ils étaient responsables, et qu’en réalité, ils défendaient leurs propres intérêts. Dans cette discussion, nous avons soulevé la question du cortège indépendant. Les camarades qui ont défendu le fait de ne pas y aller ont dit qu’il n’y aurait pas de cortège indépendant : la vérité est qu’il était si visible que même la bureaucratie a dû mentionner l’extrême gauche dans son discours. Nous pensons donc que c’était très important. Ici, le débat était très important, parce qu’ils déduisaient une grande partie de nos salaires et que nous n’allions pas travailler, nous ajustions le changement des tours de travail pour être en mesure d’y aller. Nous avons réussi à mobiliser un noyau important de camarades les plus conscients. C’était une base importante pour continuer à discuter ici, de la situation de la grève générale et de la dynamique de la situation. Comme je le disais au début, cela nous a permis de réduire le secteur qui soutenait politiquement le gouvernement, qui voit les contradictions. Mais également de renforcer les tendances positives de ceux qui veulent agir tout en discutant d’une issue, d’un renversement des processus précédents qui ont déjà échoué.

Vois-tu une différence entre les comisiones paritarias12 de cette année et celles de l’année dernière ?

Oui. Cela devient un problème parce que la politique de la bourgeoisie en Argentine a été de réduire les salaires, d’essayer de les liquider, d’abaisser le coût du travail par le biais de l’inflation. En fait, au cours des cinq dernières années, presque tous les secteurs ont perdu 25 % de leur pouvoir d’achat, même avant Milei (en partant des salaires les plus bas, soit ceux du secteur privé dans son ensemble). Il s’agit donc d’une politique délibérée, même le salaire minimum est passé de 300 à 100 dollars, ce qui revient au niveau de la moyenne d’Amérique latine. Il est clair qu’il s’agissait d’un plan visant à liquider progressivement les salaires. Il était donc très important que la bureaucratie s’efforce de contenir les négociations salariales en les maintenant toujours un peu plus bas dans le temps et quelques points en-dessous de l’inflation, afin de contenir et d’empêcher les grèves ou toute action forte contre les gouvernements qui de fait appartenaient au même groupe politique : le PJ. En fait, il n’y a pas eu de grève, même au sein du secteur de la santé. Bien que chez nous nous ayons eu deux grèves, comme les compagnies de santé étaient subventionnées à cause de la pandémie, elles ont laissé la grève se prolonger un peu pour que les subventions reçues par les compagnies puissent augmenter. Cette année, cela n’a pas été le cas.

Aujourd’hui, la dynamique consiste à essayer de tout sabrer, ce qui accentue les tensions. Il y a un réajustement brutal et une très grande perte de pouvoir d’achat, ce qui génère des pressions sur chacun des secteurs de travail. La bureaucratie est à la croisée des chemins, entre la perte de prestige générée par une telle liquidation des salaires et la tentative de contrôler la mobilisation indépendante. Mais celle-ci se retourne très vite contre elle en raison du ras-le-bol de la bureaucratie syndicale dans tous les secteurs de la classe ouvrière. Elle joue sur ces deux pressions constantes, avec le risque de sombrer politiquement, les travailleurs qui détestent de plus en plus la bureaucratie essaient de s’en débarrasser. Nous avons eu une assemblée ici où la bureaucratie n’a pas participé et la discussion a fait ressortir qu’il était nécessaire d’avoir une autre direction. Ça d’un côté, de l’autre son attitude consiste à appeler à des actions avec le risque que cela génère un débordement de la bureaucratie, ce qu’elle craint le plus.

En ce sens, ce que nous avons, c’est un dévoilement plus fort des contradictions capitalistes et de l’intention de la bourgeoisie d’attaquer les travailleurs. Les dirigeants actuels ne sont pas en mesure de faire face à cette situation, ce qui ouvre un espace pour les tendances révolutionnaires les plus importantes dans la période à venir. C’est le pari que nous faisons et qui selon nous, peut mobiliser davantage de forces. En ce sens, nous devons nous investir dans toutes les luttes des travailleurs.

Et comment est-ce que cela se pose du point de vue des travailleurs ?

Le niveau de réaction est plus fort. L’année dernière, la situation était limitée, nous avons même atteint 74 % de salaires en dessous de la progression de l’inflation de 2023, et pourtant il n’y a pas eu de débordement. Nous avons appelé à des actions indépendantes sans que la bureaucratie n’intervienne, qui n’ont pas eu beaucoup de poids, et maintenant, dans cette situation, le débordement est plus important. Cela nous permet de développer une politique indépendante en dehors de la bureaucratie grâce à la lutte des travailleurs eux-mêmes.

Le 17 février, l’Université catholique d’Argentine a publié une étude révélant un taux de pauvreté atteignant les 57,4 %13. Comment cela se manifeste-t-il et plus particulièrement à l’hôpital ? Que ce soit parmi les salariés ou parmi les patients ?

Il y a une dégradation du pouvoir d’achat, c’est la base objective du fait que davantage de personnes à la base réagissent sur les salaires et se motivent pour se mobiliser. Le niveau de vie de tout le monde diminue. Ici, grâce aux luttes, nous avons un salaire légèrement meilleur, qui est plus élevé que la moyenne dans le secteur de la santé. Nous avons 40 % de salaire en plus pour les primes et les différentes choses que nous avons obtenues au fil des années. Les gens qui venaient au travail en voiture calculent le prix de l’essence, en moto aussi, idem pour le bus14, ceux qui sont plus proches en vélo. Il y a une dégradation notable au milieu de tout cela. Et bien sûr, cela se voit sur la consommation en particulier. Il doit y avoir des gens qui dilapident leurs économies mois après mois pour pouvoir plus ou moins maintenir leur niveau de vie. Ici, s’il n’y avait que le salaire de base, nous serions en dessous du seuil de pauvreté, mais grâce aux revenus additionnels, nous sommes au-dessus. Mais nous nous rapprochons de plus en plus du seuil de pauvreté en tant que travailleurs. C’est la contradiction que connaît l’Argentine et qui ne s’est jamais produite auparavant, à savoir que les travailleurs formels, en blanc, jouissant de tous les droits, sont désormais pauvres. Ils sont de plus en plus nombreux. Et nous nous rapprochons de plus en plus de cette situation.

Pour ce qui est des patients. Ici, le système de santé est tripartite : les hôpitaux privés font partie des soins payants les plus importants, puis nous avons le système public et le système de sécurité sociale qui fournit des avantages aux travailleurs dans leurs propres syndicats. Il s’agit d’un système tripartite, avec l’hôpital public pour les secteurs les plus pauvres, la sécurité sociale pour le secteur qui travaille et le secteur qui possède un peu plus, qui a un meilleur emploi, bref, plus d’argent pour pouvoir se payer une meilleure santé, se retrouve dans l’orbite de la médecine privée. Il y a un glissement du privé vers le public, ou des gens qui sont dans un système privé et qui reviennent vers la sécurité sociale parce qu’ils n’ont plus les moyens de s’offrir le système privé.

Comment expliquer la politique de la bureaucratie syndicale ? Pourquoi est-elle de plus en plus isolée ? Comment rebondir à partir de ce constat ?

La bureaucratie subit un affaiblissement de son emprise très important. Et il y a des contradictions en son sein, même dans les secteurs qui lui sont propres, avec ses délégués de base, au sein de sa structure. Il y a des gens qui pensent différemment des consignes, toute la question du modèle centralisé où seuls les dirigeants prennent des décisions est très fortement remise en question, très fortement. Et c’est l’un des points fondamentaux de remise en question qui existe. Dans le cadre de notre politique, la priorité est de lutter pour les besoins concrets des travailleurs, en particulier en montrant qu’il existe une solution de fond à chaque problème, en essayant d’établir un lien avec la nécessité d’une nouvelle direction syndicale. Et dans le cadre de la nouvelle direction syndicale, il doit s’agir d’une direction démocratique qui défend réellement les droits des travailleurs et non ses propres intérêts, ce qui est le principal problème que les gens voient dans la bureaucratie syndicale qui défend davantage ses privilèges que ceux de ses adhérents et des travailleurs en général. Notre objectif est d’être cohérent dans la lutte, de faire preuve d’une politique plus approfondie pour chacun des problèmes essentiels qui existent, comme en ce moment la question des salaires. Nous revendiquons qu’ils soient égaux aux dépenses du panier d’un ménage, et qu’ils comportent une clause d’ajustement mensuelle automatique15. C’est une revendication transitoire, qui s’accompagne de la répartition et de la réduction du temps de travail avec les mêmes conditions de travail. C’est une des composantes de ce que nous mettons en place actuellement pour les nécessités de base. Le problème est qu’il faut un autre modèle syndical, démocratique, qui consulte réellement les travailleurs sur ce qu’ils veulent faire afin de garantir la défense de leurs propres intérêts. Voilà les éléments concrets que nous devons prendre en compte aujourd’hui.

Qu’attendez-vous de la grève et de ses résultats ?

Nous attendons beaucoup de la grève et de ce qu’elle peut produire. Pour qu’il y ait un saut qualitatif dans la situation politique en Argentine, il est nécessaire que la classe ouvrière entre en jeu, avec ses méthodes et ses formes d’organisation indépendantes ; les grèves contribuent à renforcer cela. D’une manière plus générale, nous pensons dans un long terme stratégique ce que ces événements peuvent générer. Que l’on puisse faire l’expérience de la bureaucratie jusqu’au bout, et en même temps que l’on commence à s’organiser. Demain en particulier, nous pensons qu’il pourrait y avoir un débordement des plans de la bureaucratie qui visent à contrôler la grève. D’ailleurs, il se peut que certaines personnes veuillent aller au-delà de la grève elle-même, en sortant dans la rue par exemple, en s’exprimant davantage publiquement. C’est l’orientation que l’on prend au sein du MST mais aussi depuis l’hôpital italien, qui est dirigé par l’extrême-gauche. Ce que nous essayons de faire, c’est montrer au reste du secteur de la santé qu’une autre voie est possible : que les choses peuvent être discutées démocratiquement, qu’il est possible de se lever et de se battre, et que cela permettra d’avoir une réelle perspective. Concrètement, nous sommes aujourd’hui à l’Italien le seul endroit du syndicat, au niveau national, à avoir convoqué une assemblée pour discuter de comment mener la grève demain et de comment l’organiser. La participation a été importante, même un secteur de la base de la bureaucratie a dû venir. C’est ce qui a permis l’émergence d’une polarisation dans les médias publics entre ce que dit le personnel de l’italien et le celui de santé en général. Cela permet de développer un processus de rupture avec tout un secteur de la bureaucratie. Dans ce contexte, la grève, je le crois, sera suivie. Elle aura un effet, c’est évident. Ici, les patrons ont déjà publiquement deux politiques différentes : il y a un secteur qui ne veut pas dialoguer, et l’autre qui le veut parce qu’il souhaite éviter la grève. Ce dernier est plus conscient et craint à juste titre que le conflit ne continue de s’aggraver. Dans cette situation, nous pensons que la grève pourrait aider à nous faire avancer, qu’il pourrait y avoir une augmentation, même si celle-ci sera insuffisante par rapport à l’inflation et qui rendra une fois de plus la bureaucratie complice d’une réduction à long terme des salaires.

Comment poursuivre ?

Demain, nous verrons si une assignation obligatoire16 est émise ou non. Et dans le cas où il y aurait une assignation, ce que nous allons essayer de faire, c’est de continuer à nous mobiliser avec les outils qui peuvent exister dans le cadre de cette assignation. Cela signifie se mobiliser en dehors du lieu de travail, autrement s’il n’est pas possible de faire grève. En cela, nous nous différencierons certainement de la liste Celeste y Blanca, qui est la direction bureaucratique de ce syndicat. S’il n’y a pas d’accord, nous allons demander une grève échelonnée sur une plus longue période. Il s’agira d’une grève de 24 heures, et la semaine prochaine, je pense qu’il pourrait s’agir d’une grève de 48 heures s’il n’y a pas d’accord. Et nous essayons de travailler beaucoup plus avec la base, de discuter davantage, dans cette perspective.

 

 

La grève a effectivement été suivie, et dans certains hôpitaux seuls les services d’urgence étaient actifs comme annoncé. Dans d’autres, la grève a eu moins d’impact que prévu comme c’est le cas dans les hôpitaux italien, allemand, et britannique17, puisque des accords avec la direction ont été obtenus quelques heures avant la grève. Mais ces accords sont loin d’être suffisants, ils acceptent 31 % d’augmentation pour les salaires du mois de décembre, ce qui équivaut à rattraper l’inflation de l’année 2023. Mais depuis, l’inflation a continué de grimper, et surtout ces accords ne sont que locaux !

C’est néanmoins une première victoire pour les salariés de ces trois hôpitaux ! La bataille se poursuit donc le mois suivant pour lutter pour des augmentations de salaire suivant l’inflation des mois de janvier et février. Une occasion supplémentaire de se confronter à la bureaucratie syndicale, d’essayer de la dépasser, et d’obtenir des augmentations de salaire dignes pour tous les salariés des hôpitaux, et de tous les autres secteurs !

Cesar Latorre, Ainhoa Bosc et Robert Daman

 

 


 

 

1 Hôpital privé

2 Mouvement socialiste des travailleurs, parti trotskiste argentin militant au sein de la Ligue internationale socialiste.

3  Sur la grève du 24 janvier : https://npa-revolutionnaires.org/argentine-la-mobilisation-de-la-rue-remporte-le-premier-round-face-a-milei/

4  Tradition politique de ceux qui revendiquent l’héritage de Juan Domingo Péron, militaire et président argentin (1946-1955/1973-1974) étant longtemps resté dans les sphères du pouvoir.

5  Ceux qui s’associent aux présidents Nestór Kirchner (2003-2007), Cristina Fernández de Kirchner (2007-2015) et Alberto Fernández (2019-2023 – présidence dont Cristina Kirchner était la vice-présidente), du Parti justicialiste d’héritage péroniste.

6  Parti justicialiste, fondé par Péron en 1946.

7  Expression visant le PJ et la bureaucratie syndicale

8  Protocole répressif de la ministre de l’Intérieur Patricia Bullrich, portant notamment atteinte au droit de manifester.

9  Littéralement casserolade. Mode de manifestation popularisé depuis les mouvements populaires de 2001, consistant à descendre dans la rue et faire du bruit avec des ustensiles de cuisine.

10  Décret de nécessité d’urgence : réforme du Code du travail proposée par Milei, actuellement suspendue.

11  Confédération générale du travail. Principal syndicat argentin.

12  Sortes de NAO. Négociations salariales.

13  https://wadmin.uca.edu.ar/public/ckeditor/Observatorio%20Deuda%20Social/Presentaciones/2024/Observatorio-Pobreza-Informe-serie-historica-2004-2023.pdf

14  Le prix du ticket a triplé au début du mois de février.

15  Une échelle mobile des salaires calculée sur les variations des dépenses alimentaires d’un foyer donc.

16  Demandée par les directeurs d’hôpitaux, l’État peut décider de l’accorder ou non et ainsi empêcher les salariés de faire grève en les contraignant au travail.

17  Ces trois hôpitaux font partie d’un regroupement d’hôpitaux de communauté.