Nos vies valent plus que leurs profits
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Assez d’être une variable d’ajustement quand nous sommes la moitié de l’humanité !

Le énième projet de casse des retraites, cette fois-ci orchestré par la Première ministre Élisabeth Borne, constitue un sacré retour dans le passé. Associé à l’augmentation galopante du coût de la vie et aux conditions de travail dégradées, il complète une attaque globale visant à donner des signes de bonne conduite au CAC40 et à tous les grands groupes capitalistes de la planète : oui le gouvernement piétine pour eux les droits des travailleurs au profit du capital. Et les travailleuses sont les premières impactées ! Dans le cadre de notre dossier sur la préparation du 8 mars, nous reproduisons les grandes lignes de l’intervention d’Armelle Pertus, institutrice, au meeting du NPA le 8 février à la Bellevilloise à Paris.

 

 

La nécessité de la réforme, c’est bidon

Balayons déjà d’un revers de main l’argument pécuniaire invoqué par le gouvernement pour justifier la réforme : l’argent viendrait à manquer. Mensonge éhonté auquel personne ne croit plus. Lorsqu’en 1979, chaque actif et active produisait en moyenne 25 000 euros de richesses, en 2022, il ou elle en produit 80 000. C’est dire si l’on bosse de plus en plus comme des forçats.

Le but est avant tout de mettre à sec les retraités. Que les plus aisés mettent dans des fonds de pension et que les autres mettent un pied dans la tombe avant l’heure. Du point de vue des capitalistes, il s’agit de pas moins de 300 milliards d’euros qui pourraient passer dans leurs poches.

Pendant que le taux de pauvreté est en hausse pour la première fois depuis 2015, 413 milliards d’euros ont été budgétés pour les armées. Ils veulent nous faire travailler deux ans de plus alors que déjà aujourd’hui, seul un tiers des salariés occupent un emploi entre 60 et 62 ans et que la nouvelle grille d’indemnisation du chômage qui passe de 36 à 27 mois rendra absolument impossible l’accès à une pension qui permette simplement de manger et se loger.

Cette réforme des retraites, nous pouvons la qualifier comme le fit la CGT en 1910 de « retraites pour les morts » ! Il s’agissait à l’époque d’un projet de caisses de retraite financées par les cotisations des travailleurs, avec un départ à 65 ans alors que seuls 12,6 % de la population dépassait alors les 60 ans et 8,4 % les 65 ans. Cela ne concernait qu’une infime minorité d’ouvriers ! Aujourd’hui, l’espérance de vie en bonne santé est de 64 ans en moyenne et l’espérance de vie tout court pour un ouvrier est de 6 à 7 années inférieure à celle d’une cadre. Oui, on y revient à cette « retraite pour les morts » !

Et les femmes dans tout ça ?

Les femmes et les retraites : toute une histoire et toute une galère

Opprimées parmi les exploitées, elles partent en retraite plus tard que les hommes, vers l’âge de 65 ans et au-delà (19 % de la génération de 1950 contre 10 % des hommes) pour ne pas subir de plein fouet la décote.

Alors que dire du débat grippé à l’Assemblée nationale autour du « minimum contributif » ! Est-ce que, oui ou non, c’était bien dans le projet de loi ? Qui serait concerné ? Le gouvernement avait-il menti sur sa portée ? Cette mesure existe bien : 1200 euros de retraite après une carrière complète – 43 ans – au Smic ! Qui est concerné ? Pas grand monde ! Mais, nous dit le gouvernement, cela va augmenter certaines pensions de… 30 à 100 euros ! Indécent quand on sait que 37 % des femmes retraitées touchent une pension inférieure à 909 euros. Principalement à cause des carrières hachées qui rendent impossible de ne pas subir la proratisation et la décote. Et même le gros mensonge du gouvernement sur les 1200 euros ne fait pas rêver. Comment vit-on avec 1200 euros ? Dénoncer ce mensonge éhonté de Macron, Dussopt et Borne, très bien. Mais comment ne pas s’insurger sur l’indécence de tel montant quand l’ancien Premier ministre Jean Castex lui-même déclarait qu’en dessous de 2000 euros, il fallait se voir distribuer une aide à l’essence, admettant ainsi qu’en dessous de 2000 euros par mois, on ne voyait pas le jour !

Bernard Arnault file avec sa fortune de 180 milliards et c’est à nous que l’on fait les poches déjà vides ! Non et encore non ! En digne porte-parole du patronat, ce gouvernement continue de donner un rôle particulier aux femmes dans un monde où, à la logique du profit s’adjoint la place que le patriarcat a assignée aux femmes.

Dans le monde, 60 % des enfants non scolarisés sont des filles. En France, 85 % des temps partiels sont occupés par des femmes. En 2019, en moyenne et en estimation minimale, 213 000 femmes ont été victimes de violences physiques ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint. En 2020, 122 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire. En moyenne, et en estimation minimale toujours, en 2019, 94 000 femmes ont été victimes de viols ou de tentatives de viol.

Et pour se convaincre encore que les réacs restent en embuscade, il y a environ un mois, le Sénat votait l’inscription dans la Constitution de la liberté pour la femme de recourir à l’IVG… L’exploit est de n’avoir réuni qu’une très faible majorité, ric-rac 50 ans après la légalisation !

Salaires d’appoint permanents, poussées hors du foyer sur des postes de travail salariés ou bien reléguées à la maison par des politiques familiales, les femmes effectuent gratuitement le travail ménager. Une double journée ! 73 % d’entre elles déclarent plus de sept heures de travail ménager par semaine contre seulement 31 % des hommes (Insee).

Alors oui, il est plus que temps d’en finir avec ce système qui nous exploite et nous opprime.
Pour toutes les femmes dans nos vies, nos collègues, nos sœurs, nos tantes, nos nièces, nos mères et nos filles, nos amies, dont pas une, à des degrés divers, n’échappe aux violences du capital, il y a bien « Urgence révolution » !

Femmes de chambre de l’Ibis Batignolles à Paris, salariées de Monoprix, étudiantes syndicalistes de la fac de Nanterre, militantes de Meetoo, éducatrices de jeunes enfants en grève… toutes participent de la lutte pour l’égalité et la justice.

Au lendemain de la journée de grève du 7 mars contre la réforme des retraites, la journée de grève féministe du 8 mars sera l’occasion de porter haut les droits bafoués des femmes mais aussi les luttes pour leur émancipation et leur caractère massif. Plus encore, ancré dans une mobilisation globale pour notre droit à la retraite, cette journée en sera une nouvelle étape et une occasion inouïe que l’ensemble du monde du travail se sente responsable de combattre toutes les oppressions qui jalonnent son existence et que toutes et tous luttent main dans la main pour les reléguer aux poubelles de l’histoire.

Il n’y aura pas d’émancipation des femmes sans révolution, et pas de révolution sans émancipation des femmes !

 
 

 


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