Nos vies valent plus que leurs profits

Associations : état des lieux

En France, les associations sont des structures à but non lucratif encadrées principalement par la loi de 1901. Elles doivent avoir des statuts et être déclarées en préfecture et ne doivent pas générer de profits. Il en existait 1 300 000 en 2023, représentant différents secteurs d’activité. La plupart ont un budget inférieur à 200 000 euros et emploient de zéro à dix salariés. La majorité de ces travailleurs et travailleuses se situent dans les secteurs de l’insertion et de l’action sociale.

Dans cette société capitaliste où tout ce qui ne génère pas de profits est considéré comme inutile par la bourgeoisie, les associations sont frappées de plein fouet par les coupes budgétaires, notamment celles des conseils départementaux. Les conséquences sont des fermetures de services et des licenciements. C’est ce qui est arrivé par exemple à plusieurs associations de prévention spécialisée (« éducs de rue ») en 2024 et 2025 sur l’ensemble du territoire. Pour celles qui tentent de se maintenir à flots, c’est la loi de la concurrence qui règne, avec des appels à projets vantant la rénovation de l’action sociale et médico-sociale et dans lesquels s’engouffrent les associations afin de pallier le manque de subventions publiques. Pour trouver des financements, les associations participent à la course à l’accompagnement le moins cher financé par des investisseurs sans scrupules. Et comme si cela ne suffisait pas, ce processus se fait avec la bénédiction de l’État, qui s’empresse d’offrir de l’argent public avec les déductions d’impôts pour les fondations qui bénéficieraient de dons, ou encore des retours sur investissements à des taux élevés dans le cadre des « contrats à impacts sociaux » (CIS).

Un cap a été franchi avec l’arrivée en France de ces contrats, introduits à bas bruit par la loi sur l’Économie sociale et solidaire. Il s’agit carrément d’avoir un retour sur investissement en fonction des résultats sociaux décidés par le département, l’association et le financeur et de la réussite ou non du contrat. L’objectif ne devient plus social mais de faire du profit. C’est sans doute ce qui a attiré la BNP et la Caisse des dépôts, qui se sont proposées pour financer le premier CIS, avec l’association la Sauvegarde du Nord.

Budget 2026 : l’alerte des associations

Le budget 2026 fait beaucoup parler pour son niveau record de casse sociale. Pour les associations, déjà bien amputées de leurs subventions et souffrant comme partout de l’inflation qui n’a jamais été compensée, c’est un milliard d’euros en moins prévu en 2026 : 220 millions de suppressions pour les crédits concernant la jeunesse, 40 millions sur le sport, 96 millions sur la culture, 33 millions pour la « cohésion des territoires », ainsi qu’une baisse des budgets pour les structures embauchant des personnes éloignées de l’emploi, comme Emmaüs. 50 000 suppressions d’emplois sont prévues.

Cette orientation budgétaire s’inscrit dans la droite ligne des coupes appliquées à la santé et à l’éducation. Il s’agit de faire payer à la population l’exacerbation de la concurrence entre les capitalistes, la courses aux profits ou encore l’augmentation des budgets militaires.

Quand les patrimoines des plus riches ont été multipliés par neuf ces dix dernières années, le gouvernement choisit de couper les budgets des associations d’aide aux principales victimes du système capitaliste, les plus précaires, les plus pauvres. La solidarité n’est pas son problème.

Dans le secteur associatif comme ailleurs, seules nos luttes collectives permettront d’inverser la vapeur.

Alice Wood

 

 

Budget 2026, austérité, capitalisme : quelle place pour la solidarité dans le secteur associatif ? — Sommaire du dossier paru dans Révolutionnaires no46