
Vendredi 2 mai, après avoir tenu un rassemblement de quatre heures contre le racisme à l’Agora, les MNA sont allés planter leurs tentes devant la préfecture de Seine-Maritime, pour faire valoir leurs revendications, d’une simplicité à toute épreuve : des papiers, un toit, une école !
Un combat de longue haleine
Voilà déjà plusieurs mois que les jeunes mineurs isolés se sont regroupés en collectif à Rouen pour faire entendre leur voix. Après avoir traversé la moitié du continent africain et la Méditerranée, et parfois une bonne partie de l’Europe, ils doivent affronter leur ennemi le plus retors : l’État (toujours colonial) français… En effet, celui-ci, raciste et au service de sa bourgeoisie, a refusé leurs droits élémentaires aux jeunes migrants, prétextant de papiers mal remplis, de « fausse minorité », voulant jusqu’à imposer des tests osseux ; les mineurs sont privés de papiers, de toit et de scolarité. Ils se battent ainsi depuis des mois au côté des associations et organisations qui les soutiennent pour obtenir gain de cause, mais aussi plus basiquement pour manger au jour le jour, pour ne pas dormir sous des ponts ou pour ne pas se faire attaquer par les flics ou les fachos.
40 ans de politiques anti-sociales, c’est 40 mineurs qui dorment dans la rue à Rouen et des milliers partout dans le pays. Si on est dans cette situation, c’est parce que les gouvernements de droite comme de gauche se sont succédé pour casser toujours plus les droits des migrants : toujours plus de visas rejetés, toujours plus d’OQTF, toujours plus de constructions de centres de rétention administrative (CRA), toujours plus de contrôles aux frontières…
En réalité ces politiques servent toujours la bourgeoisie. Si les migrants, mineurs comme majeurs, sont privés de papiers, c’est pour diviser l’ensemble de la classe ouvrière, pour séparer ceux qui ont les bons papiers de ceux qui ne les ont pas. Ceux qui n’ont pas de papiers sont contraints de travailler pour une misère, sans contrat, sans protection, pour espérer se payer tout juste de quoi survivre. Ceux qui ont les bons papiers doivent alors s’estimer chanceux de gagner un Smic en voyant la misère à laquelle sont réduits leurs collègues migrants. Pendant ce temps-là, ceux qui se frottent les mains ce sont toujours les actionnaires et les patrons. Et pour boucler la boucle, ce sont ces mêmes bourgeois qui organisent la guerre et la misère partout dans le monde qui obligent les migrants à fuir leur pays et créer une main-d’œuvre corvéable à merci.
Il faut abattre toutes les frontières, il faut des papiers sans conditions pour tous et toutes, le droit à la scolarisation et au logement ! En vérité, pour gagner ce combat, il n’y a pas de raccourci : il n’y a rien à attendre des institutions qui sont et seront toujours au service de la bourgeoisie, il faut compter sur la force du nombre, sur celle des travailleurs et des jeunes, migrants ou non, qui sont prêts à en découdre avec ce vieux monde raciste. Obtenir une victoire ici serait un défi à la face de toutes les politiques racistes qui pleuvent en ce moment et un exemple pour les milliers de migrants privés de papiers.
C’est pour ça qu’on est là, aux côtés des jeunes mineurs isolés de Rouen qui luttent pour leur avenir et en réalité pour l’avenir de tous les exploités et de tous les opprimés, et on n’est pas près de bouger !
Andréa Clau
