
Les 24, 25 et 26 novembre, la Belgique a connu trois jours de mobilisation consécutifs contre le projet de budget du gouvernement dirigé par le nationaliste flamand Bart De Werver. D’abord, grève dans les transports, le lendemain, grève dans le secteur public et enfin une journée de grève générale interprofessionnelle. Une mobilisation d’ampleur : des piquets de grève ont été tenus devant de nombreuses entreprises, les avions sont restés cloués au sol dans les aéroports et à Bruxelles, l’université a été bloquée pendant trois jours.
La coalition Arizona au pouvoir en Belgique, regroupe deux partis de droite, la Nouvelle Alliance flamande (NVA) et le Mouvement réformateur (MR, droite francophone), la Démocratie chrétienne côté flamand et côté francophone et le Vooruit (ancien Parti socialiste flamand). Cette coalition hétéroclite, au pouvoir depuis fin janvier 2025, s’entend pour tenter d’imposer à la population belge une série d’attaques sous couvert d’économies budgétaires : fin de l’indexation des salaires sur l’inflation, attaques contre les chômeurs, les travailleurs en maladie longue durée et réforme des retraites, visant à repousser l’âge de départ de 65 à 67 ans. Comme en France, ce sont toujours aux mêmes qu’on fait les poches, alors que les grandes entreprises encaissent chaque année 25 milliards d’euros de subventions diverses et que la fiscalité sur les plus grandes fortunes est très favorable en Belgique. Et alors que, là aussi, les budgets militaires sont en hausse.
Cette déclaration de guerre à l’ensemble du monde du travail a, dès la naissance de ce gouvernement, entraîné une mobilisation qui a été crescendo jusqu’en novembre dernier : 100 000 manifestants à Bruxelles en février 2025, une grève interprofessionnelle en mars, puis 140 000 manifestants à Bruxelles le 14 octobre. Dans un pays où le taux de syndicalisation est très élevé (près de 50 % des salariés sont syndiqués), l’intersyndicale, qui se partage entre syndicats de tradition socialiste, démocrate-chrétienne et libérale, encadre très fortement le mouvement. Les syndicats versent une indemnité de 40 euros par jour à leurs syndiqués se déclarant en grève.
Face à la colère qui s’exprime depuis dix mois, le gouvernement joue la montre, refusant de recevoir les syndicats et persistant à imposer son budget d’austérité. Tant par l’ampleur des manifestations pour dénoncer le génocide en Palestine que par les luttes sociales actuelles, la population belge montre un niveau de combativité qui pourrait bien inspirer les travailleurs ici. Mais pour faire reculer le gouvernement, il faudra sans doute que la colère déborde le carcan du cadre syndical.
Lydie Grimal