L’assemblée générale (AG) féministe de Gironde a pris forme à partir de 2020 avec l’objectif de coordonner les luttes féministes locales et d’offrir un cadre large à toutes celles qui souhaitent s’engager dans le féminisme. Construite à l’origine par des militantes associatives et syndicales, la structure s’est élargie et est aujourd’hui majoritairement composée de femmes qui n’ont pas d’autre appartenance militante.
Les positionnements « idéologiques » de l’AG se sont construits dans les luttes : soutien aux familles menacées d’expulsion dans les squats, réactions aux féminicides, organisation de la grève du 8 mars, de la journée du 25 novembre. L’AG a également dû mobiliser pour la défense militante d’une camarade arrêtée et menacée de détention provisoire et s’est positionnée en soutien aux émeutes, contre la police et la répression d’État après la mort de Nahel.
Pendant la lutte contre la réforme des retraites, à Bordeaux, le cortège de l’AG a gonflé de manif en manif et a fait partie des plus dynamiques et remarqués. Les slogans de plus en plus clairement anticapitalistes et révolutionnaires ont été repris largement : « on va dégager Macron, et les patrons, on va prendre l’Assemblée, et décider. »
Toutes les semaines, l’AG se réunissait pour organiser les manifs, s’inscrire dans les initiatives proposées par les collectifs de lutte. L’AG a été à l’initiative d’événements pour relier les différents secteurs en lutte : femmes dans l’agriculture, dans la grande distribution, dans la santé, dans l’éducation, etc.
Progressivement, elle s’est dotée de son propre service d’ordre (SO), très visible. Des camarades ont été formées puis en ont formées d’autres. Aujourd’hui, les mandats du SO sont discutés collectivement et débriefés en réunion.
Après trois ans d’existence, l’AG est devenue un espace d’auto-organisation féministe, démocratique et radical, qui débat, échange et s’engage dans toutes les luttes. C’est un espace en construction mais qui affiche un objectif anticapitaliste et révolutionnaire. Des femmes qui n’avaient jamais milité ont découvert le rôle et l’importance de la grève, ce que représentent l’État, la police, les syndicats et les partis institutionnels.
Nous participons à ce cadre en tant que militantes du NPA : nos exigences démocratiques, et les débats que nous y portons ont convaincu de l’importance de la lutte en général, d’expérimenter l’auto-organisation et de s’autoriser à penser collectivement le monde que l’on veut pour demain et les moyens pour y parvenir.
Chloé Dorbot
(Article paru dans Révolutionnaires numéro 4, septembre 2023..)