Pendant que l’automobile menace de dizaines de milliers de licenciements, l’industrie chimique est de celles qui payent le plus lourd tribut aux 80 000 suppressions d’emplois que la CGT a recensées. L’hécatombe a commencé avec l’annonce de la fermeture de la partie pétrochimie d’Exxon Mobil à Gravenchon (Seine-Maritime). Outre les 677 emplois qui vont disparaître, c’est la mort programmée de toute une région : 5 000 emplois sont concernés. En même temps, Sanofi annonçait la fermeture de son site d’Ivry-sur-Seine : 330 emplois en moins. LyondellBasell a annoncé avoir lancé une « réflexion stratégique » sur l’avenir de ses actifs pétrochimiques européens, dont l’usine de Berre-l’Étang (Bouches-du-Rhône). Les salariés de Total sont également très inquiets de l’avenir du raffinage en France. Du côté du caoutchouc, les sites Michelin de Vannes (Morbihan) et Cholet (Maine-et-Loire) sont menacés, même si aucune annonce officielle n’a encore été faite. La coordination CGT Michelin se prépare déjà à « mettre le feu aux palettes ».
Le manque d’investissement industriel ces dernières années, en particulier sur la sécurité, avec un nombre d’accidents qui augmente, la pollution des sites de plus en plus dénoncée par les riverains, l’ouverture de plateformes ultra modernes à Singapour pour ExxonMobil, en Afrique pour Total, et la possibilité de disposer d’une main-d’œuvre à moindre coût : voilà autant de facteurs qui expliquent ce tournant.
Dernière illustration, l’usine Vencorex de la plateforme chimique de Pont-de-Claix (Isère) est déclarée en cessation de paiement. Ce sont 450 emplois directs qui sont menacés, mais en réalité plus de 3000 dans la région, comprenant le couloir de la chimie lyonnaise : Arkéma, Air Liquide, Kem One, Suez, Solvay… L’avenir de tous ces sites est incertain, tant leurs activités sont liées. Ceux de Vencorex sont entrés en contact avec les syndicats des plateformes chimiques de Pont-de-Claix et de Jarrie (Isère). Le 20 septembre, près de 200 salariés se sont réunis en assemblée générale en vue du 1er octobre. Cette journée d’action prend une tonalité particulière : l’AG a convié l’ensemble des salariés du secteur à converger à Pont-de-Claix pour revendiquer le maintien de tous les emplois. Ceux de Vencorex ont bien compris qu’il s’agit de mener cette lutte tous ensemble, pas en restant isolés.
24 septembre 2024, correspondante