
Ci dessous un article du site ActuToulouse
Par Guillaume Laurens. Publié le 11 déc. 2025 à 11h11
Ça se bouscule à l’extrême gauche pour les Municipales à Toulouse… Le NPA-Révolutionnaires a choisi un salarié d’Airbus en tête de liste avec un « message aux capitalistes du coin ».
« Toulouse ouvrière et révolutionnaire », c’est le nom d’une nouvelle liste d’extrême gauche (la troisième officiellement annoncée, après celles de Révolution permanente et de Lutte ouvrière) dans la bataille des Municipales 2026 dans la Ville rose. Elle représentera le NPA Révolutionnaires, un nouveau parti né en 2022 de la scission avec la frange anticapitaliste du NPA (qui s’est, de son côté, alliée à l’insoumis François Piquemal).
Incarner « ceux qui font tourner la société »
Assumant ses velléités révolutionnaires, cette liste veut faire entendre, par les voix de Guillaume Scali, ouvrier dans l’aéronautique, et de Nathanaëlle Loubet, enseignante, la voix de « celles et ceux qui font tourner la société au quotidien ». Au programme ? Prendre les commandes de cette société un peu trop laissée à leurs yeux, dans la Ville rose, aux mains des géants de l’aérospatiale.
Âgé de 37 ans, Guillaume Scali est ajusteur-monteur sur la chaîne d’assemblage de l’A350 à Toulouse. Chez Airbus, il est aussi représentant syndical à la CGT. « C’est dans les bagarres que l’on mène que je tente de faire de la politique du quotidien », témoigne-t-il.
Sa n°2 est, elle, enseignante dans un lycée : « À un moment où le gouvernement veut que le budget militaire passe devant celui de l’Éducation », souligne le chef de file, « c’est un signal ».

Des « messages aux capitalistes du coin »
À l’occasion de cette campagne, ils entendent porter « plusieurs messages aux capitalistes du coin ». Car contrairement à d’autres listes de gauche, le NPA Révolutionnaires ne réclame « pas de partage de richesses », mais estime que « ceux qui travaillent doivent tout décider ».
Dans leur viseur ? « Les patrons de ces immenses multinationales de l’armement que sont Airbus, Thales et Safran », qui « se sont tous exprimés pour exiger toujours plus d’aide de la part des États », et qui voudraient « remettre en question le modèle social en France ».
Dans la capitale de l’aéronautique, « les géants du secteur ont des carnets de commandes bien remplis pour de nombreuses années à venir », appuie Guillaume Scali. « Mais Toulouse va aussi devenir la capitale de la militarisation du spatial. Alors que la planète brûle et que la propagande militariste bat son plein, les profits ruissellent dans les poches des actionnaires… »
Les travailleurs du secteur, eux, ouvriers comme ingénieurs, voient leurs conditions de travail se dégrader toujours plus entre les réorganisations et les suppressions de postes. Et, malgré les profits records, les salaires n’ont pas suivi l’inflation. (Guillaume Scali)
« Toutes les décisions que prennent ces patrons nous impactent, ne serait-ce que dans notre salaire ». Il estime que leurs sorties — comme celle de Guillaume Faury, PDG d’Airbus sur France Inter mercredi matin — pour « réclamer des allègements de cotisations patronales » sont « des attaques directes contre nos conditions de vie ».
« Autre chose que le tout-venant sécuritaire »
Ces candidats veulent « défendre autre chose dans ces Municipales que le tout-venant sécuritaire », et entendent donc miser davantage sur le « rapport de force national » que local.
On n’est pas là pour dire qu’un bon budget municipal changerait les choses, mais pour se mobiliser afin de prendre le contrôle sur nos vies. (Guillaume Scali)
Au programme de sa liste ? Des enjeux nationaux avant tout. Proposant notamment « la réquisition de tous les logements vacants », il veut « interdire tous les licenciements », réclame « une augmentation générale des salaires d’au moins 400 euros par mois », ainsi que « la régularisation de tous les sans-papiers » et « le droit de vote des étrangers », sans oublier « des moyens suffisants pour les hôpitaux, les écoles, les transports et pour tous les services publics ».
Piquemal ? « Très proches, mais… »
Alors que le NPA Anticapitalistes — l’autre frange de l’ancien NPA qui a volé en éclats — s’est allié à la France insoumise dans cette campagne, le partie Révolutionnaire entend « continuer le combat dans l’indépendance de classe et des institutions bourgeoises qui était celle du NPA et de la LCR ».
Pourquoi ne pas rejoindre François Piquemal, eux aussi ? « Nous sommes très proches de militants de la France insoumise », avance Guillaume Scali, « mais nous considérons que ce ne sont pas des retouches de la démocratie telle qu’elle existe qui suffiront et que ce n’est pas la 6ᵉ République qui changera les choses. Cela ne nous intéresse pas de remettre une pièce dans la machine », raille-t-il, fustigeant le Nouveau Front Populaire et « l’union de la gauche qui a fini par remettre en selle le Macronisme ».
Et si trois listes d’extrême gauche sont dans les starting-blocks pour la course au Capitole, « il y a des nuances entre ces candidatures, mais on regrette cette séparation, notamment avec Lutte ouvrière », dit enfin Guillaume Scali, dont la liste est « en cours de constitution ».