Lundi 9 octobre au soir, la tour Eiffel était illuminée en bleu et blanc, couleurs du drapeau d’Israël. Une manifestation de notables du monde politique défilait dans le 16 e arrondissement en soutien à la politique d’Israël, alors qu’à Lyon et Marseille les rassemblements de solidarité aux Palestiniens, enfermés et bombardés depuis des années dans le ghetto de Gaza, et aujourd’hui pire que jamais, étaient interdites.
L’État français et presque toute sa classe politique ont choisi le soutien à Israël et à la politique de Netanyahou : politique de vengeance sur toute la population de Gaza (et demain peut-être de Cisjordanie) pour l’attaque menée le week-end dernier par le Hamas. Tout comme ont apporté leur soutien à Israël les Olaf Scholz, chef du gouvernement allemand, Rishi Sunak, Premier ministre britannique et Giorgia Meloni, la cheffe d’extrême droite du gouvernement italien, à la suite de Joe Biden qui s’est empressé de garantir Israël d’un appui sans réserve, de s’engager à lui fournir « des ressources supplémentaires si nécessaires ». Le plus puissant porte-avions américain est déjà au large des côtes du Moyen-Orient pour apporter un soutien logistique et surveiller les opérations de guerre dans toute la région. Les dirigeants du monde riche persistent et signent dans leur soutien à Israël, alors que les bombardements sont de plus en plus massifs sur Gaza, dont la population civile est affamée par un blocus total, invitée cyniquement à fuir vers l’Égypte, alors que l’aviation israélienne bombarde le poste frontière entre les deux pays. Israël a d’ailleurs commencé ses tirs de missiles sur le sud-Liban et la Syrie.
Certains bien-pensants d’Europe invoquent la Shoah pour justifier cette guerre sans merci de vengeance et de poursuite d’expansion qu’Israël entame, en mobilisant ses 300 000 réservistes, contre Gaza et probablement demain contre la Cisjordanie voire des pays voisins. Hypocrisie et mémoire courte : la création d’Israël au lendemain de la Seconde Guerre mondiale s’est faite par la politique sioniste qui a consisté à chasser les Palestiniens de leurs terres, à y mettre ces nouveaux migrants dont beaucoup avaient certes connu le racisme, les pogromes ou les camps d’extermination en Europe, mais qu’on transformait ainsi en conquérants et oppresseurs d’un peuple au Proche-Orient. Les grandes puissances y ont aussi trouvé leur compte puisque Israël leur sert depuis des décennies de gendarme dans la région.
L’histoire d’Israël depuis sa création il y a 75 ans a été faite de cette politique de guerres expansionnistes pour son propre compte sur le dos des Palestiniens et des peuples voisins, et de supplétif des grandes puissances pour le maintien de l’ordre dans la région : guerre de 1948 qui lui a permis de s’étendre bien au-delà du territoire qui lui avait été primitivement accordé, envoyant encore des centaines de milliers de Palestinien en exil ; intervention de Suez en 1956 pour épauler la France et l’Angleterre qui voulaient reconquérir le canal nationalisé par l’Égypte de Nasser ; guerre de 1967 où Israël a annexé le Golan syrien, en même temps qu’il occupait la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est ; guerre du Kippour de 1973 ; guerre du Liban de 1978 à 1982, non seulement contre les camps de Palestiniens réfugiés dans ce pays, mais à la rescousse de l’extrême droite chrétienne libanaise pour l’aider à en finir avec la révolte des quartiers pauvres et ouvriers de Beyrouth. Sans compter les multiples interventions militaires sanglantes contre les Palestiniens des territoires occupés de Gaza et Cisjordanie qui n’ont jamais cessé jusqu’à aujourd’hui.
La politique d’extrême droite menée par Netanyahou ces dernières années vise l’annexion définitive de toute la région un peu fertile de la Cisjordanie, pourtant concédée dans les accords d’Oslo de 1993 comme « territoire palestinien », mais sans cesse dévorée par les colonies israéliennes ; avec la volonté de faire de Jérusalem, ville officiellement partagée, la capitale exclusive d’Israël. Deux ambitions applaudies par Donald Trump, alors président des USA et soutenue ensuite par Biden.
Jusqu’où ira la guerre qu’entame Netanyahou suite à l’attaque du Hamas ? Les premières victimes sont, une fois de plus le peuple palestinien. À lui va toute notre solidarité.
Olivier Belin
(Article paru dans Révolutionnaires numéro 6, octobre 2023)