Après notre campagne des Européennes qui avait mobilisé durant plusieurs mois l’ensemble de l’organisation au niveau national et permis de rendre visibles 81 candidates et candidats, des travailleurs, des travailleuses et des jeunes militants de notre organisation, ainsi qu’un collectif de porte-paroles, il a fallu répondre à l’urgence imposée par la dissolution de l’Assemblée nationale. Malgré les délais express imposés par Macron et l’obstacle financier (se présenter avec le matériel électoral de base dans une circonscription coûte environ 4000 euros), il était impossible de passer complètement notre tour. Nous avons voulu, qu’au nom des intérêts généraux des travailleurs, contre le danger de l’extrême droite, contre la porte que lui ouvrait grand Macron, mais aussi contre les illusions semées à nouveau par une gauche institutionnelle qui a toujours gouverné contre les travailleurs, des voix expriment une politique indépendante de classe dans cette campagne des législatives.
Nous avons fait campagne dans vingt-neuf circonscriptions par des candidatures du NPA-Révolutionnaires, sur les axes résumés sur nos banderoles : « Contre l’extrême droite, par nos luttes et par nos grèves, en finir avec 40 ans de politiques anti-sociales et racistes, de droite comme de gauche ». Partout ailleurs, y compris dans les quelques dizaines de circonscriptions où nos candidats n’ont pas pu faire imprimer et parvenir de matériel électoral, nous avons appelé à voter pour Lutte ouvrière. Notre clip de campagne a relayé ce choix.
Nous avions renouvelé notre proposition faite au moment des Européennes à Lutte ouvrière de nous présenter en commun, cette fois, au vu des délais contraints, sous la forme d’un partage des circonscriptions. LO a encore une fois refusé, nous le regrettons, mais nous avons contribué à l’existence, de fait, d’un pôle révolutionnaire opposé aux trois principaux « blocs » bourgeois : d’extrême droite, macroniste et de gauche. Nous avons participé nombreux et nombreuses au meeting parisien de campagne de LO, un groupe de camarades de LO, dont Jean-Pierre Mercier, a participé au nôtre et dans plusieurs circonscriptions des coups de main réciproques se sont donnés sur les collages des affiches électorales.
Dans les 29 circonscriptions où notre matériel électoral était présent et où nous fait réellement campagne, nous avons obtenu un total de 5965 voix (pour rappel, nous avions obtenu 37 434 voix aux élections européennes). D’une manière générale, les scores de l’extrême gauche sont petits mais essentiels : 365 051 suffrages, soit 1,15 % des suffrages exprimés (contre 266 412 voix et 1,17 % aux législatives de 2022 et 175 214 voix et 0,77 % aux législatives de 2017). Pour beaucoup, ces suffrages sont à attribuer aux efforts de Lutte ouvrière : 352 746 voix pour leurs candidats dans 550 circonscriptions (5 212 pour ceux du Parti des travailleurs dans 16 circonscriptions et 1 128 pour Révolution permanente dans une circonscription).
Bien sûr, en termes de campagne sur le terrain, impossible de rééditer en quelques jours ce que nous avions fait en plusieurs mois de campagne des Européennes. Mais là où nous avions des candidats, nous avons pu organiser des réunions publiques, couvrir les panneaux officiels avec nos affiches, aller à la rencontre de la population sur les marchés, les lieux de travail et proposer à celles et ceux, notamment beaucoup de jeunes, qui se sont rapprochés de notre organisation depuis plusieurs mois, de mener campagne à nos côtés, dans une ambiance tendue par la montée de l’extrême droite mais aussi propice aux discussions politiques. Nous avons bénéficié d’une couverture médiatique intéressante à notre échelle dans la presse régionale dans beaucoup de circonscriptions, parfois même plus qu’au moment des Européennes. Et nous présenter ne nous a absolument pas empêché de participer, sur nos propres bases politiques, à toutes les mobilisations de rue contre l’extrême droite ni de maintenir notre apparition en solidarité avec le peuple palestinien partout où celle-ci a continué à s’exprimer.
Marie Darouen et Michelle Verdier