Nos vies valent plus que leurs profits

Écoute, jolie Márcia, bande dessinée de Marcello Quintanilha

Éd. Ça et Là, 2021, 128 p., 24 €

Márcia a du courage à revendre. Son salaire d’infirmière ne suffit pas à joindre les deux bouts, alors elle fait des extras pour s’occuper d’une retraitée atteinte de la maladie d’Alzheimer dans un quartier résidentiel. Son quartier à elle, c’est la favela. Elle a beau y être connue et respectée, elle n’est pas à l’abri des agressions, surtout lorsque des voyous qui tournent autour de sa fille Jaqueline se mêlent de leur orageuse relation filiale.

Jaqueline entre en scène dès la première page, arrogance et mauvaise foi à toute épreuve en guise d’étendard. Elle se prostitue, mais c’est pour une affaire de recel qu’elle tombe. Lorsque sa mère se précipite pour la libérer du commissariat où elle est détenue, d’autres l’ont déjà faite sortir, moyennant une forte caution. Aluisio, le compagnon de Márcia, s’inquiète : si ses « employeurs » ont fait sortir Jaqueline, c’est pour éviter qu’elle les balance. Ils pourraient bien la « licencier » sans autre préavis qu’une balle de 9 mm.

Marcello Quintanilha s’est fait connaître en France avec Tungstène, un polar en BD au rythme trépident dont le récit s’étale sur quelques heures à peine et centré sur un flic violent, héros certes ambivalent, mais héros quand même. Ici, l’auteur prend le parti inverse. Ce sont les femmes qui portent l’histoire, louvoyant entre les violences symétriques et bien masculines des gangs et de la police. Soumises chacune à sa manière à de rudes épreuves, elles trouvent la force de se tenir debout et d’aller de l’avant. De quoi faire oublier que l’édition en français est sortie il y a un an et demi, car le propos de Marcello Quintanilha reste d’une totale actualité, en particulier en cette veille de célébration de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

M. P.


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