Le gouvernement cherche toujours à tourner la page de la contre-réforme des retraites… Il peut même remercier les directions syndicales, qui ont accepté de rencontrer Macron le 17 mai, et qui ont fixé la prochaine journée de grève nationale le 6 juin seulement, malgré l’immense succès des manifestations du 1er mai. Mais la colère et la contestation sont loin d’être éteintes !
Les coups ne nous arrêtent pas !
Mis à part pour aller assister au couronnement d’un autre inutile, le nouveau roi d’Angleterre, Macron ne peut même plus annoncer ses déplacements à l’avance, de peur que ses visites se fassent dans le noir et au son des casseroles ! Au point que lorsqu’il s’est rendu le 4 mai à Saintes (Charente-Maritime) pour annoncer ses nouvelles attaques contre l’enseignement professionnel, ses équipes sont venues avec leur propre groupe électrogène. Tandis que les manifestants et manifestantes, y compris les agents du lycée qu’il visitait, ont été tenus à distance ! C’est le lot de l’ensemble de ses ministres et députés partout sur le territoire. Et les « casserolades » ne signifient pas la fin des grèves et des manifestations. La lutte continue sous différentes formes, des assemblées générales interprofessionnelles continuent de reconduire la grève, et de manifester, comme jeudi 11 mai, à l’appel des organisations de jeunesse.
Face à une contestation qui ne s’arrête pas, le pouvoir intensifie la répression : 540 personnes ont été arrêtées dans toute la France le 1er mai. Avec violence. La défenseure des droits, Claire Hédon, pourtant nommée par Macron, a elle-même dénoncé les « images absolument choquantes » des violences policières. La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, a dénoncé dans un rapport des « arrestations préventives » qui visent uniquement à intimider et à empêcher de manifester. Et comme ça ne suffit pas, Darmanin annonce sa volonté d’élargir encore l’arsenal répressif, avec une énième loi « anti-casseurs ». Des drones, des fichages, des arrestations préventives, des marqueurs ADN, cela ressemble à une mauvaise série du net.
Or la vraie violence, ce n’est pas celle qui peut s’exprimer parfois dans les manifestations : c’est celle de l’exploitation au travail, de la pauvreté, des salaires de misère, de la précarité, des suicides, des accidents du travail. C’est surtout celle de l’État qui défend vaille que vaille les richesses d’une minorité d’exploiteurs, en écrasant ceux et celles qui osent dire non.
Darmanin sur les terres de l’extrême droite
Plus isolés que jamais, Macron et sa clique essaient de regrouper autour d’eux les forces les plus réactionnaires. Darmanin, qui avait déjà qualifié Marine Le Pen de « molle », déclare maintenant que la dirigeante néofasciste italienne Giorgia Meloni est « incapable de régler les problèmes migratoires » ! Lui qui a lancé une véritable chasse aux immigrés à Mayotte, planche toujours sur son projet de nouvelle loi immigration, afin de mieux exploiter les travailleurs et travailleuses immigrés, en faisant dépendre leur droit au séjour du bon vouloir des patrons. Faire diversion et diviser pour régner, en désignant certains comme responsables des difficultés des autres, renforcer la précarité et l’exploitation, maintenir un système de domination coloniale sur les pays les moins développés… Darmanin fait d’une pierre de nombreux sales coups.
Nos luttes n’ont ni patrie, ni frontières !
Mais la haine de l’équipe de Macron ne remplit pas les frigos. Alors ne nous trompons pas : leur programme c’est la guerre entre pauvres. Ne tombons pas dans son piège mortel : un travailleur qui peine à joindre les deux bouts n’a aucun intérêt commun avec un milliardaire, sous prétexte qu’ils seraient tous les deux français. Deux travailleuses subissent l’exploitation par leur patron de la même manière, même si elles n’ont pas la même nationalité ou origine.
Ce qui définit nos intérêts, ce ne sont ni nos origines, ni notre situation sur le territoire, mais notre place dans la société. Cette répression accrue, cette haine déversée cachent mal leur peur, car ils ont vu que nous pouvions être des millions à lutter. Nous aussi nous avons beaucoup appris : ensemble nous sommes une force, loin du Parlement et des salons de négociation confortables, dans la rue.
Éditorial du NPA du 8 mai 2023