Nos vies valent plus que leurs profits

Gilets jaunes : la haine de classe en direct sur vos écrans

On chercherait en vain dans la grande presse les raisons des grèves des cheminots, des aiguilleurs du ciel, ou de n’importe quels travailleurs, toujours présentés comme des privilégiés prenant les autres en otage… Quand la jeunesse ouvrière s’enflamme dans les cités, pour la grande presse, elle n’a de but dans la vie que de brûler des voitures et de caillasser celles de la police. Les raisons de la révolte ne seront étudiées que plus tard, dans l’ambiance feutrée de colloques universitaires. Mais, sur le moment, la presse s’en donne à cœur joie contre les « sauvageons ».

Lors du mouvement des Gilets jaunes de 2018-2019, si la presse, notamment régionale, a commencé par être relativement bienveillante, elle est devenue nettement plus hostile dès lors que le caractère profondément populaire et ouvrier du mouvement est apparu au grand jour. Bruno Jeudy, sur BFMTV, affirmait que les Gilets jaunes « se battent sans réfléchir, se battent sans penser », tandis que Vincent Trémolet de Villers écrivait dans Le Figaro que « les bas instincts s’imposent au mépris de la civilité la plus élémentaire ». Un éditorial du Monde qualifiait le 1er décembre 2018 de « déferlement de rage et de haine ». Les journalistes désignaient les Gilets jaunes comme responsables des violences et non la police !

L’éditorialiste Stéphane Albouy, dans Le Parisien du 4 décembre 2018, en a appelé à Macron pour « trouver les mots et les réponses concrètes de nature à apaiser le pays [pour] que des réformes aussi nécessaires que celles de l’assurance chômage ou des retraites puissent être un jour engagées par ce gouvernement »1.

Bien entendu, sur la plupart des plateaux télé, la parole des Gilets jaunes, leurs revendications et les causes du mouvement ont été ignorées. Les ronds-points qu’ils tenaient, majoritairement situés dans les villes petites et moyennes, ont été ignorés tandis que les caméras étaient pointées vers les manifestations dans les grandes villes où la répression policière permettait des images chocs « d’émeutes » qui ont fait le tour du monde.

M. E.

1 https://www.acrimed.org/Panique-mediatique-face-aux-gilets-jaunes

 

 


 

 

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