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Grenoble : le siège de la métropole occupé, les familles de la Villeneuve exigent la fin des expulsions et des relogements

Depuis mercredi 19 novembre, le siège de la métropole de Grenoble est occupé par des familles sans-logis et leurs soutiens, dont le Droit au logement 38, qui se battent depuis des années contre les expulsions et pour les droits des mal logés. Au cœur de cette mobilisation, une urgence : mettre un coup d’arrêt aux expulsions sans solution de relogement qui se succèdent à la Villeneuve. Ces familles se mobilisent pour obtenir des logements dignes pour tous et toutes.

La plupart des occupants sont des travailleurs parmi les plus précaires : livreurs à vélo surexploités par les plateformes, salariés aux horaires coupés, mères isolées… Beaucoup vivent dans la peur permanente de se retrouver dehors du jour au lendemain. Pour de plus en plus de familles populaires, l’accès à un logement est un parcours du combattant. Les habitants du quartier de la Villeneuve en subissent de plein fouet les conséquences. Actis, principal bailleur du secteur et acteur majeur du logement public sur Grenoble, multiplie les expulsions tout en laissant de nombreux appartements vacants. Ces logements sont parfois vidés en prévision de restructurations urbaines qui entraînent une hausse des loyers et un déplacement des populations les plus précaires.

Des marchands de sommeil profitent de cette situation : ils récupèrent certains logements vacants et les sous-louent à prix fort à des familles en détresse. Entre la menace des expulsions et celle des marchands de sommeil, la situation est devenue intenable.

Grâce à l’occupation du hall de la métropole pendant plusieurs heures, une délégation a été reçue par le président d’Actis et par un représentant du président de la métropole, Christophe Ferrari. Ils ont reconnu des manquements, mais aucune garantie sérieuse n’a été donnée pour mettre fin aux expulsions, et surtout, à ce jour, aucune solution de relogement digne n’a été proposée. C’est ce refus d’agir qui a conduit les familles et leurs soutiens à occuper le siège de la métropole pour la nuit, et jusqu’à ce que des solutions satisfaisantes soient trouvées.

Pourtant, des solutions existent : il y a des milliers de logements vides, publics comme privés, dans l’agglomération, que la mairie pourrait réquisitionner. La métropole possède également des bâtiments et pourrait trouver des logements. Mais pour imposer ces mesures, pour empiéter sur le droit des propriétaires à spéculer sur le logement, nous ne pourrons compter que sur des mobilisations comme celle menée actuellement. Leur victoire nous concerne tous, aidons-les à gagner !

Baptiste Anglade et Noémi Mondon