De Retailleau-Le Pen…
Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur et ancien directeur de campagne de François Fillon – un gage d’honnêteté ! – s’est posé en ardent défenseur de la « volonté du peuple », comprenez en concurrent du RN sur son terrain raciste, à coups de mensonges déversés d’en haut sur le « grand remplacement ».
Le catholique intégriste Retailleau a en cela été béni par une autre Le Pen, Marion Maréchal, qui attend « des actes ». Lesquels ne sauraient tarder : Retailleau a adressé deux circulaires aux préfets le 8 octobre, dans lesquelles il leur demande d’utiliser les dispositions introduites par la loi Darmanin de janvier 2024, votée avec le RN. Il compte présenter une nouvelle loi, la 50e du genre depuis les années 1980, pour durcir encore les conditions de régularisation et allonger la durée de rétention dans les Centres de rétention administrative. Retailleau invoque « la sécurité des Français », comme si c’était l’immigration, et pas la misère, qui formait le terreau de la délinquance. Les patrons profitent, eux, de l’insécurité sociale bien réelle de la main-d’œuvre sans-papiers.
Bardella n’a pas manqué de souligner que Retailleau lui devait tout : « Rien ne peut se faire sans nous. » Sous-entendu, le RN pourrait voter le budget anti-pauvres de Barnier à condition d’obtenir une nouvelle loi anti-immigrés. Manœuvre politicienne sur le dos des travailleurs étrangers pour imposer l’austérité à toutes les classes populaires.
… à Retailleau-Meloni
Retailleau a également dévoilé aux préfets les inspirations « post-fascistes » de sa muse Meloni. De l’autre côté des Alpes, le gouvernement d’extrême droite sous-traite la rétention des demandeurs d’asile à la Tunisie du dictateur raciste Kaïs Saïed.
Cette politique criminelle n’est pas l’apanage des gouvernements d’extrême droite : l’Union européenne dans son ensemble la finance, avec le soutien des « centristes » de type macronistes et de la gauche institutionnelle. D’après l’ONG Human Rights Watch, citée par Le Monde du 11 octobre : « Les dirigeants européens sont pleinement conscients de ce qui se passe, ils ne veulent juste pas se salir les mains. Les États membres sous-traitent les violations des droits humains à des États tiers. »
La Turquie a ainsi reçu plus d’un milliard d’euros en dix ans pour des centres de rétention qui sont de véritables prisons, des usines à multiplier les expulsions illégales vers des pays comme l’Afghanistan ou la Syrie.
Une politique criminelle
Pendant ce temps, les drames produits par cette politique se multiplient en mer. À la frontière franco-britannique, au moins 51 migrants ont perdu la vie en traversant la Manche pour rejoindre l’Angleterre en 2024. L’État français continue de rejeter la faute sur les passeurs, dont l’activité est pourtant entretenue par sa propre politique crapuleuse. Il est plus que jamais nécessaire de lutter pour l’ouverture des frontières, la liberté de circulation et l’accueil de tous les migrants.
Martin Eraud