Nos vies valent plus que leurs profits

Journée de grève nationale dans le jeu vidéo

Le 13 février, le secteur du jeu vidéo a connu en France son premier mouvement national. À l’appel du Syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo (STJV), plus de 1000 salariés se sont mobilisés dans neuf villes en France. Une grève qui a su mêler les colères des travailleurs de différentes entreprises, grandes et petites, exprimant le ras-le-bol général de toute l’industrie. Des travailleurs d’Ubisoft à Barcelone ont même saisi l’occasion pour se mettre en grève eux aussi.

Sous les claviers, une même colère

Refusant de subir les conséquences des choix patronaux, les grévistes exigent la fin des licenciements, des caprices des chefs, de l’arbitraire des augmentations individuelles. Loin de faire confiance aux dirigeants des entreprises et à leurs récits larmoyants sur la période difficile que traverse le secteur, les travailleurs mobilisés rappellent que ce sont eux les mieux placés pour décider pour leur boîte, qu’ils devraient avoir leur mot à dire sur les décisions artistiques et mettre leur nez dans les comptes des entreprises. Parmi les conditions de travail délétères pointées, des plannings de production irréalisables, un temps de travail à rallonge, de nombreux cas de harcèlement…

Ce n’est pas à nous de payer leur crise !

Après les années confinement où les gros du secteur se sont remplis les poches par milliards, l’industrie du jeu vidéo fait face à un ralentissement de ses ventes. C’est aux travailleurs que les patrons ont choisi de le faire payer, avec au moins 8 500 licenciements en 2022, 10 500 en 2023 et 14 600 en 2024. Des géants comme Ubisoft, Electronic Arts ou Blizzard enchaînent les plans de licenciements, avec parfois des fermetures de sites, comme Ubisoft à Leamington, en Angleterre. Et quand les suppressions de postes ne passent pas, les boîtes prennent des chemins détournés, par exemple en imposant un retour en présentiel, sachant par avance que les travailleurs, embauchés sur la promesse du télétravail, ne pourront pas se déplacer. Beaucoup de studios plus petits se font racheter par des géants, occasionnant des suppressions de postes et une dégradation des conditions de travail sous prétexte de « réorganisation ».

Un pas vers le tous ensemble

Créé en 2017, le STJV a vu ses rangs grossir de 50 adhérents en 2018 à plus de 1000 aujourd’hui. La grève du 13 février montre que dans de nombreuses entreprises du jeu vidéo, même de taille moyenne, des équipes militantes se développent et que des travailleurs prennent conscience des intérêts qu’ils partagent au-delà des différences de métiers et d’entreprises.
Les problèmes dénoncés ne sont pas propres au petit monde du jeu vidéo, loin de là. Après des journées de grève séparées, comme aux studios Don’t Nod ou Ubisoft, cette première grève de tout le secteur est un point d’appui pour les mobilisations à venir.

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