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La gauche et la loi immigration : bien peu d’enthousiasme à mobiliser !

Contre la loi immigration adoptée le 19 décembre 2023, une bonne partie de la gauche n’a pour le moment appelé à aucune mobilisation avant le 21 janvier, malgré les appels de plus de 450 organisations, collectifs et associations derrière la Marche des solidarités – notamment à la mobilisation le 14 janvier. Manière de se placer au plus près de l’examen de la loi par le Conseil constitutionnel pour « faire pression » et de garder ainsi la main sur la mobilisation. Et aussi de ne pas mettre en avant la régularisation de tous les sans-papiers dont ne veut pas l’intersyndicale et que les 450 collectifs et associations ont bien raison de revendiquer.

Le confusionnisme suspect de la gauche dite « politique »

Il faut pourtant bien donner une réponse immédiate à la question : faut-il accueillir ou non les migrants ? La nôtre est : liberté de circulation et d’installation. Mélenchon, lui, déclarait le 30 janvier 2022 dans « C dans l’air » : « Les frontières craquent de partout […]. Je fais la proposition d’organiser une conférence des frontières en Europe, pour discuter avant que les crises ne se déclenchent. » Comme une concession à l’idée qu’une partie des migrants ferait partie du problème et pas de la solution.

Quant au porte-parole du PCF, Fabien Roussel, il n’a pas hésité à affirmer le 5 décembre à la radio : « Ce que nous voulons, nous, c’est […] améliorer [le texte du gouvernement]. »

La gauche, « unie » pour l’occasion, a finalement voté une motion de rejet le 11 décembre, adoptée… grâce au soutien, pour des raisons inverses, du Rassemblement national (RN) et d’une partie des députés Républicains. Il suffit au gouvernement de faire, sous la dictée de ces derniers, une nouvelle mouture pour qu’elle soit adoptée le 19 décembre… avec les voix de LR et du RN.

Dans le strict respect de la Constitution… contre la mobilisation !

Le soir même du vote, le député PS Philippe Brun se défendait sur LCP : « Évidemment qu’il faut une loi sur l’immigration en France […], il y a beaucoup trop de titres de séjour aujourd’hui […]. Le gouvernement est en place depuis sept ans, il a été incapable d’exécuter les obligations de quitter le territoire français. » Comme quoi, cette « gauche »-là constitue un rempart contre pas grand-chose !

Et si le Conseil constitutionnel valide l’essentiel de la loi Darmanin, que faudra-t-il faire ? Heureusement que ceux qui ont manifesté le 14, qui le referont sans doute le 21, qui se sont mis en grève sur les chantiers des JO, se sont mobilisés sur leurs lycées, universités, ou ont combattu cette loi sur leur lieu de travail n’ont pas attendu la gauche institutionnelle pour se battre afin que soit retirée cette loi d’extrême droite.

Léo Baserli, 15 janvier 2024

(Article paru dans Révolutionnaires, numéro 9, janvier 2024)