Nos vies valent plus que leurs profits

La gauche et la reconnaissance de la Palestine

La reconnaissance de l’État palestinien par Macron a satisfait l’ensemble de la gauche du PS à LFI…

Le PS sans honte

Le PS pourrait faire profil bas, lui qui lors de ses nombreux passages au pouvoir n’a jamais reconnu la Palestine, a soutenu sans réserve la politique de Netanyahou et de ses prédécesseurs et a plus d’une fois réprimé le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien, en interdisant par exemple les manifestations à l’été 2014, en pleine offensive israélienne contre Gaza.

Cela n’empêche pas aujourd’hui le parti de Hollande de célébrer « un jour historique » et d’ajouter, sans honte : « Cette revendication que nous portons de longue date s’accomplit aujourd’hui. »
Olivier Faure se trouvait à Saint-Denis le 22 septembre, aux côtés du maire PS Mathieu Hanotin, pour une levée express du drapeau palestinien, celui-ci étant retiré dès le lendemain. À Paris, c’est des deux drapeaux, israélien et palestinien, qu’Anne Hidalgo a fait éclairer la tour Eiffel, imitant son collègue Nicolas Mayer-Rossignol qui les fait également flotter devant la mairie de Rouen depuis 2023… Renvoyant dos-à-dos colonisateurs et colonisés.

Le PCF toujours bercé d’illusions

De nombreuses mairies PCF, comme Gennevilliers ou Malakoff (Hauts-de-Seine), Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), La Courneuve et Stains (Seine-Saint-Denis), Corbeil-Essonnes (Essonne) ou encore Tarnos (Landes), ont été condamnées par la justice ces derniers mois ou ces derniers jours, pour avoir pavoisé aux couleurs de la Palestine. Nous ne pouvons qu’exprimer notre solidarité face à cette répression administrative.

Le PCF menait une campagne active depuis des années pour la reconnaissance de l’État palestinien par la France… Il avait même relancé une énième pétition en ce sens en mai 2024, montrant d’ailleurs sur une carte à quoi ressemble dans les faits la « solution à deux États » : deux petits territoires, la minuscule bande de Gaza et une à peine plus grande Cisjordanie, séparés de part et d’autre de l’État israélien.

L’affiche du PCF permet de se rendre compte de la réalité territoriale de « l’État palestinien »… sans aucunement en souligner l’injustice et la non-viabilité !

En tout état de cause, Fabien Roussel n’a pu que se réjouir d’une « victoire, tardive, mais une victoire quand même », appelant « la France » à « poursuivre le combat pour une solution à deux États ».

LFI : des solutions 100 % institutionnelles

LFI se montre plus critique et consciente des limites de cette reconnaissance. Si Mélenchon s’est félicité d’une « victoire morale » et « irréversible », les députés insoumis écrivent dans un communiqué qu’elle n’est pas « une fin en elle-même » et que « la lutte et la résistance contre cette guerre coloniale d’Israël ne sont pas terminées »… Tout en s’en remettant toujours, sans surprise, aux institutions internationales (l’ONU, la Cour internationale de justice, la Cour pénale internationale), comme si elles n’avaient pas prouvé leur inutilité, voire leur complicité avec les gouvernements impérialistes, depuis leur création, et à la « diplomatie française », qui « doit renouer avec la défense intransigeante du droit international et du droit humanitaire »… Comme si la France n’avait pas une longue tradition d’oppression et d’écrasement des peuples de la planète !

Et LFI pas plus que le PCF ne dit ce que serait la réalité de cet État palestinien. Un ghetto sans ressources ? Une enclave territoriale aussi exiguë que celle qu’avaient reconnue comme territoire palestinien les accords d’Oslo, et dont le PCF montre la carte ? Carte complètement grignotée depuis par des années de colonisation israélienne. Et quid des plus de quatre millions de Palestiniens des camps de réfugiés de Jordanie, de Syrie, du Liban ? Les gouvernements des pays arabes voisins, roi de Jordanie et gouvernement égyptien, qui ont applaudi au discours de Macron, ont tenu à préciser qu’il s’agissait pour eux d’un « impératif de sécurité » : leur préoccupation, c’est la stabilité de leur régime, la protection de leurs frontières contre tout nouvel exode de réfugiés, non la liberté et des moyens de vivre pour les Palestiniens. Et il faudrait s’appuyer sur une « cohérence avec les décisions de l’ONU » pour aller plus loin, comme le laisse entendre le communiqué de LFI ?

Pour les partis institutionnels, la politique ne se joue fondamentalement que dans les institutions, par en haut, tant il est impensable que les opprimés et les exploités prennent directement leurs affaires en main et renversent les institutions de leur bourgeoisie. Une telle politique montre pourtant bien une nouvelle fois à quel point elle est une impasse pour qui veut en finir avec la barbarie du monde capitaliste.

Jean-Baptiste Pelé

 

 


 

 

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