La sortie du livre La Meute, de Charlotte Belaïch, journaliste à Libération, et Olivier Pérou, journaliste au Monde, a eu droit à un accueil qui va bien au-delà des mérites de ce brûlot anti-LFI. Les auteurs sont passés sur toutes les antennes, tandis qu’Alain Jakubowicz, président « d’honneur » de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), n’a pas hésité, à propos du livre, à comparer Jean-Luc Mélenchon à Goebbels, l’un des principaux dirigeants du régime nazi… sans que cela ne soulève la moindre remarque d’Apolline de Malherbe, la présentatrice de l’émission, qui a attendu le lendemain pour condamner le propos.
Mélenchon est décrit dans le livre comme un politicien ambitieux, avec un ego démesuré. Comme si les Macron, ses prédécesseurs et tant d’autres « chefs » n’étouffaient pas eux-mêmes sous un ego surdimensionné ! On nous explique que Mélenchon est enclin à écarter brutalement ceux qui osent douter de la ligne du chef. Certes, un chat mouillé n’en sèche pas un autre, mais en quoi est-ce une particularité de Mélenchon qui justifierait qu’on le cloue au pilori plus que d’autres ? Macron, ou Hollande, ne sont pas comme ça ? Et quid de la célèbre vindicte d’un Mitterrand, ou celle d’un Chirac, avec son homme à tout faire Pasqua, contre tous ceux qui, dans leur camp, les contestaient ? Jakubowicz les a connus : a-t-il expliqué sur toutes les ondes que Chirac lui faisait peur ? A-t-il comparé Pasqua à Goebbels ?
Le livre fourmille d’histoires, certainement vraies, que les amateurs trouveront croustillantes. Il brosse un portrait peu flatteur, et sans doute réaliste, des cadres de LFI dans ce qui n’est au fond qu’une description d’un banal esprit de cour.
La Meute… Au-delà des « cadres », il s’agit de dizaines de milliers de militants syndicalistes, de bénévoles associatifs. Des militants avec lesquels nous sommes en désaccord politique, mais que nous côtoyons dans des activités quotidiennes où leur but est d’aider et de rendre service aux autres. Ce sont aussi eux qu’un tel titre traite de chiens aboyant en meute.
Ce livre tombe à pic dans une campagne orchestrée contre LFI non seulement par les macronistes et la droite, qui trouvent ainsi à condamner ce qu’ils présentent comme un « pendant de gauche » au Rassemblement national, mais aussi par les apparatchiks PS version Hollande, soucieux de rétablir l’hégémonie du PS « quoi qu’il en coûte ». Quitte à calomnier, en particulier en montant en épingle les propos ambigus, ou carrément stupides, de telle ou telle « figure » de LFI, à commencer par Mélenchon. Mais là où l’escroquerie se révèle, c’est de faire peser sur l’ensemble des militants de LFI l’accusation d’antisémitisme. Antisémites parce qu’ils osent dénoncer l’assassin et ses sbires qui dirigent l’État d’Israël et le sionisme qui a créé de telles situations ? C’est oublier la longue tradition du mouvement ouvrier juif qui dénonçait le sionisme, y compris après la Seconde Guerre mondiale ! C’est oublier tous les juifs qui, par le monde, dénoncent le sort réservé aux Palestiniens depuis 77 ans et, aujourd’hui, les massacres à Gaza.
Jean-Jacques Franquier